Le système électoral national garantit, conformément aux dispositions de la Constitution, aux membres de la communauté marocaine résidant à l’étranger, le droit de s’inscrire sur les listes électorales générales et de participer au vote et aux candidatures lors de toutes les échéances électorales organisées sur le territoire national, à l’instar des citoyennes et citoyens résidant au Maroc, a assuré le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, qui répondait à une question écrite du conseiller parlementaire Khalid Setti, de l’Union nationale du travail au Maroc (UNMT) sur la participation des membres de la communauté marocaine résidant à l’étranger au processus politique. Ceux-ci représentent environ 10 % de la population marocaine.
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« Afin de leur permettre d’acquérir la qualité d’électeurs au sein du royaume, le législateur a veillé à prendre en compte leur situation particulière, en élargissant les possibilités de leur inscription sur les listes électorales générales. Pour ce qui est du vote, il leur a été accordé le droit de voter directement dans les bureaux de vote au Maroc ou par procuration depuis leur pays de résidence. Il leur a également été reconnu le droit de se présenter aux élections locales et législatives dans le cadre des circonscriptions électorales établies sur le territoire national », a fait savoir Abdelouafi Laftit.
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Il a rappelé qu’il « a été exigé, à l’occasion des élections de 2021, que chaque parti politique présente une candidate résidant à l’étranger en tête d’au moins une liste régionale, sous peine de ne pas bénéficier du financement public. » Une mesure qui vise à faciliter l’accès des Marocaines résidant à l’étranger à la Chambre des représentants. Cette mesure incitative devra être reconduite en 2026. Le ministre a encore rappelé que des incitations financières conséquentes ont été mises en place pour encourager l’intégration de candidats MRE. Pour finir, il a appelé les partis à « jouer leur rôle central » en positionnant ces profils en tête de liste pour garantir leur élection.
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Mais, sur le terrain, l’impact réel de ces mesures reste sujet à débat en raison des limites du dispositif, fait observer Jeune Afrique. « Tant qu’il n’y a pas de sanction légale stricte, cette obligation restera symbolique », a déclaré Sabri Lhou, avocat au barreau de Meknès et spécialiste du droit de la migration, cité par le magazine. Aux yeux de l’homme de droit, l’initiative est comme une forme de discrimination positive, mais elle reste en deçà des ambitions royales de 2006, qui prévoyaient la création de véritables circonscriptions pour la diaspora. Seule une représentation institutionnelle forte à l’étranger permettrait une inclusion politique réelle des MRE, bien au-delà de leur seul rôle économique via les transferts de fonds, a-t-il estimé, martelant que les « MRE ne sont pas des chiffres, ce sont des citoyens ».
Le juriste doute de la sincérité des partis. « Beaucoup appliquent ces mesures pour toucher des subventions, sans réelle volonté d’accorder une place politique aux MRE », a-t-il fait remarquer. Selon lui, le passage des actes aux paroles devrait marquer un vrai tournant. « Si l’on veut une démocratie inclusive, il faut passer de la simple opportunité au droit effectif », a-t-il poursuivi.