Sorti vainqueur de sa passe d’arme avec Theuri et le Kenyan Cherup, l’ex-Marocain de la Légion a logiquement remporté son premier titre national
Il a la classe le 1ère classe Meftah ! Incorporé à l’équipe de la Légion étrangère il y a deux ans et demi, le jeune athlète d’origine marocaine (26 ans) a coupé hier matin la ligne d’un championnat de France en vainqueur pour la 4e fois en moins de dix-huit mois après avoir enlevé ceux de 10.000 m sur piste par deux fois et ceux de cross l’hiver dernier. Mais la Marseillaise a été jouée en son honneur pour la première fois à Lyon où la masse des 6000 participants (un record !) a su également faire l’événement.
Faute de posséder un passeport français jusqu’à la publication de sa naturalisation au Journal officiel en juillet, les précédents succès de Meftah n’avaient en effet pu être accompagnés du gain des titres. « Je suis très content d’être champion de France pour la première fois », a-t-il commenté de sa voix de petit garçon aux manières policées, sans s’appesantir sur cette victoire qui lui était promise : « Ça va me donner du courage avant de me tourner vers mon grand objectif, les Mondiaux de cross (à Amman le 28 mars) où je viserai le podium. »
Le nouvel ogre du fond français n’a pourtant pas donné le récital attendu. Après vingt jours de ramadan, il accuse un déficit d’entraînement et d’énergie dont les effets étaient hier amplifiés par l’heure matinale. Si jamais il n’a paru desserrer son étreinte, bien épaulé par ses partenaires de la Légion, c’est au terme d’une course « tactique » qu’il l’a emporté en 1h02’33’’.
Le record de France de Larbi Zeroual (1h00’58’’) tient toujours (pour combien de temps ?) mais pouvait-il en être autrement sans lièvre dans le contexte d’un championnat ? Dès le passage en 29’38’’ aux dix bornes, cette affaire de chrono record, qui tient tant à l’organisateur Michel Pakloglou, était entendue. Restait à départager Meftah de James Theuri et du Kenyan Alfred Cherup. Le jeune légionnaire profitait du passage du côté d’Interpol au retour vers le Parc de la Tête d’Or pour prendre les devants. Pour le plus grand plaisir du caporal chef Theuri du 7e BCA de Bourg-Saint-Maurice : « Cherup ne nous relayait pas, dit l’ex-légionnaire. Seule la victoire l’intéressait. Mais elle ne pouvait pas nous échapper. C’était important pour Abdellatif comme pour moi qu’un militaire l’emporte. Personnellement, dès lors que j’étais déjà qualifié pour les Mondiaux de semi-marathon de Rio (12 octobre), je venais avant tout tester ma forme. »
Privé administrativement de JO de Pékin alors qu’il avait réalisé les minima aux « France » de 10.000 m (27’34’’81), Meftah pourrait quant à lui porter le maillot bleu pour la première fois au Brésil et s’inscrire ainsi dans la lignée des Maazouzi ou El Hilmer. Il attend ses grands débuts internationaux depuis qu’il a végété « cinq ans » à la marge de l’équipe nationale marocaine. Cette attente l’avait dirigé droit vers la Légion, « la meilleure équipe d’Europe », estime-t-il. Il ne regrette pas son choix : « Chacun doit considérer ses intérêts pour évoluer le mieux possible dans la vie. »
Sa sélection pour les prochains Mondiaux de semi reste toutefois soumise à l’accord de la fédération internationale (IAAF) et/ou de la fédération marocaine. La fédé française se donne une semaine pour éclaircir sa situation qui décidera de l’inscription soit d’une équipe de France au complet soit du seul Theuri. Par ricochet, le Stéphanois Thibaud Nael (Fac Andrezieux), qui a fini hier 4e Français pour ses vrais débuts sur la distance, pourrait connaître le grand bonheur d’une première sélection en senior.
Source : Le Progrès - Benjamin Steen
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