Adil Laraki, danseur marocain en Allemagne

11 août 2002 - 20h50 - Culture - Ecrit par :

D’une simplicité qui force le respect, très sociable, et communicateur volubile, artiste dès les premières heures, Adil Laraki est un ressortissant marocain en Allemagne, terre d’exil volontaire où, depuis plus de deux décennies, il y réussit les plus belles prouesses d’un talent artistique dont les limites restent inconnues. Un personnage haut en couleurs qui reste très apprécié par les experts et critiques d’art européens.

Natif de Settat, il s’installe en famille à Rabat dès l’âge de 2 ans à proximité du théâtre national Mohammed V. Un hasard qui allait transformer définitivement son profil de carrière : "Oui, la proximité du Théâtre m’a beaucoup inspiré pour ma carrière d’artiste", réagit-il spontanément.
A l’âge de 14 ans, il intègre la troupe de danse FRAT (foyer de recherche artistique théâtral) dirigé par Hamid Kirane, danseur et chorégraphe célèbre à l’époque. Un an après, il entre au conservatoire national et, talent oblige, il réussit magistralement le concours de 5è année après 2 années de danse seulement. Une figure de proue de la capitale, Madame feu Baldoui, russe de nationalité, l’a encouragé et stimulé pour partir à la conquête de l’art chorégraphique européen pour lequel Adil était déjà surdoué. "Tu dois absolument partir en Europe pour faire carrière dans la danse classique et contemporaine", lui répétait-elle sans relâche.
A l’âge de 16 ans, il partit à Lausanne où il poursuivit ses études à l’école de suisse de danse avant d’aller s’établir en Allemagne. Il se perfectionna, pendant 3 ans, à l’école supérieure de musique et de théâtre à Hanovre à l’issue desquels il se vit offrir un contrat d’engagement professionnel au Ballet de la ville d’Essen. Il y joua d’abord en qualité de danseur en groupe avant de s’envoler en soliste, peu de temps après. Son idylle avec la culture allemande a duré 10 années dans cette ville qui l’a adopté et porté aux cieux de l’art chorégraphique. Il excella dans son art grâce à ses rencontres avec de grands maîtres chorégraphes, à l’instar de Hans Van Mannen, Krenko, Béjart et autres figures illustres qui fréquentaient assidûment le théâtre de la ville.
Plus tard, il s’engagea dans l’administration au créneau marketing tout en continuant à jouer dans des spectacles, entre 10 et 20 représentations par an. Pour ses qualités de probité morale et de d’abnégation professionnelle, Notre artiste a été élu responsable du syndicat des artistes du théâtre et membre du conseil d’administration de l’entreprise. dans cette dernière instance, il a été reconduit pour son troisième mandat successif, depuis plus de 8 années. Il compte, après avoir quitté la scène professionnelle, la quarantaine oblige, parmi les dirigeants du grand théâtre d’Essen

La culture au Maroc est "occasionnelle"

Il compte, après avoir quitté la scène artistique professionnelle, la quarantaine oblige, parmi les dirigeants les plus actifs du grand théâtre d’Essen qui ne donne pas moins de 800 spectacles. Cette imposante institution, qui emploie 650 permanents et 300 temporaires, fournit, chaque année, des spectacles de choix dans quatre sections de production : opéra, ballet, théâtre et concert. Elle dispose de 7 scènes de spectacles et a construit un théâtre supplémentaire d’une capacité de 2000 places exclusivement réservé aux concerts. "L’entreprise reçoit de la commune d’Essen une subvention annuelle de 35 millions d’euros pour un budget global de 42 millions d’euros", n précise Laraki. Mais, loin d’être un don à fonds perdus, cette subvention municipale est plus exactement un investissement assez rentable puisqu’il rapporte pour un euro offert, entre 1,6 et 1,8 euros, selon les certitudes publiées par une étude approfondie de l’IFO Institut de Munich, très célèbre. "C’est beaucoup plus une multinationale, ajoute Adil, puisque pas moins de 34 nationalités de tous les continents sont embauchées dans ce théâtre.
Et au Maroc, où en sommes-nous ? Par modestie diplomatique, Adil s’empêcha d’enfoncer le clou en se faisant adepte de l’optimisme qu’évoque "le verre à moitié plein". Beaucoup reste à faire car la culture, dans le royaume, se manifeste seulement par occasions à travers les festivals saisonniers et les activités ponctuelles. "L’art et la culture doivent être une pratique de tous les jours, explique-t-il. Et il rue carrément dans les brancards quand il s’entent répliquer le défaut de moyens et la pauvreté sociale. "Il ne faut jamais dire qu’on n’a ni argent ni ressources pour la culture parce que des gens souffrent encore du dénuement et de la misère. Au contraire, investir dans la culture est un acte très rentable pour la société qui en améliore la qualité de travail et de vie".
Il se refuse au défaitisme du sous-développement culturel au Maroc. Il se déclare prêt à aider au développement de l’art chorégraphique et théâtral dès que les conditions propices se présenteraient. "Les perspectives sont nombreuses au Maroc. J’attends la mise sur pied de l’école de danse contemporaine à Rabat dans laquelle je suis disposé à m’impliquer si la demande m’est suggérée", répond celui qui porte le Maroc au fond de son cœur citoyen et qu’il voudrait aider à prendre son véritable essor culturel. Mais, au préalable, l’homme doit se montrer tolérant, ouvert et communicant. Le zéro mépris est de rigueur. "La culture est la voie royale vers la tolérance", conclut-il avec conviction.

M.B

Source : lobservateur.ma

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