Intégrisme criminel : c’est déjà arrivé chez nous

6 août 2002 - 14h51 - Maroc - Ecrit par :

Un garçon sans histoire au centre ville de Casablanca, un couple ordinaire d’un quartier périphérique de la capitale économique et un modeste citoyen à Nador.

Trois histoires, quatre victimes, parmi d’autres, d’une seule et ignoble action criminelle.
On est au tout début, d’une macabre et effrayante histoire qui, selon les informations recueillies pour le moment, risque d’être encore plus sanglante, celle de l’itinéraire de la haine maladive d’un groupe intégriste, qui revient sur les lieux de son crime et les sépultures secrètes de ses victimes.

L’affaire a débuté pendant la dernière semaine du mois de juillet. L’un des divers individus arrêtés parmi les membres de la nébuleuse intégriste est présenté à la Brigade nationale de la police judiciaire qui ouvre son enquête. Le dénommé Youssef Fikri entamera avec le début de son interrogatoire, la chronique de sa sanglante carrière de criminel et de prétendu émir d’une des sectes intégristes qui s’intitule « émigration et excommunication ». Tout un programme fait de rackets, d’enlèvement, de pseudo-procès clandestins et puis d’exécution sommaire.

Ce personnage qui sévissait entre Casablanca et Tanger, avait aussi un point de chute à Nador. Dans cette dernière ville, il assassinera un malheureux co-locataire qui n’a pas voulu partager son entreprise de crime. C’est la pitoyable histoire du cadavre de l’homme découvert, il y a quelques mois à Nador, atrocement égorgé et que les enquêteurs n’ont pas pu s’expliquer au début.

D’ailleurs, les victimes de ce criminel intégriste sont soit des gens qui ont disparu sans laisser de trace, ou des morts dont on ne s’est jamais expliqué les affaires qui ont été classées sous la rubrique « affaires non résolues ».

Les révélations du criminel se poursuivront par l’affaire du jeune Abdelaziz Assadi. Ce jeune notaire a disparu en plein boulevard Mohammed V dans la soirée du 10 au 11 septembre 2001. Pour étayer leurs aveux, Fikri et quelques-uns de ses complices indiqueront que le corps de Assadi a été jeté dans un puits se trouvant dans la commune d’Ahl Lghlam, après avoir égorgé leur victime.

Sur les lieux, les enquêteurs découvriront les restes du corps qui seront identifiés comme appartenant à feu A. Assadi.

Sur les conditions de son enlèvement, on apprend que Abdelaziz était sorti dans la soirée du 10 au 11 septembre 2001 d’un restaurant au centre ville, après minuit. Il sera aussitôt entouré par trois individus portant la barbe qui l’obligeront à monter dans sa voiture. Arrivé sur les lieux où il sera exécuté, les criminels commenceront par un simulacre de procès en excommunication d’Abdelaziz, avant que le dénommé Youssef Fikri ne prononce sa sentence qui sera exécutée aussitôt.

Autre victime, un policier qui a disparu lui aussi, pendant des mois, sans que, ni ses collègues, ni sa famille puissent s’expliquer cette disparition. Il sera lui aussi retrouvé dans un puits, mais cette fois-ci à Bouskoura à des kilomètres de Sidi Bernoussi-Zenata où a disparu Abdelaziz. La voiture de ce policier complètement brûlée a, elle aussi, été identifiée grâce à ses plaques minéralogiques.

Deux personnes seront par la suite arrêtées à Tanger dans le cadre de l’enquête sur ce second crime.

Selon des sources citées par Al Ahdath Al Maghribia, qui évoque elle aussi l’histoire, ce sont ces deux personnes qui auraient donné les noms des autres membres du gang intégriste. Lequel groupe serait, selon la même source, responsable de dizaine de crimes. Une centaine de crimes auraient été commis par plusieurs groupes intégristes dirigés par ce même Youssef Fikri.

Ce dernier, natif de Safi, aurait mis en place plusieurs bandes armées qui l’aident à entreprendre ses descentes, le soir de préférence. Ils enlevaient des personnes au hasard, puisque pour eux la société marocaine n’est formée que d’impies, au gré de leurs pérégrinations au Maroc et jugeaient puis exécutaient leurs victimes.

Fikri aurait commencé par se faire la main sur son propre oncle avant de se lancer sur le chemin du « Jihad » aux dépens de paisibles citoyens.

Certaines de leurs victimes en échappaient au prix d’une soumission au chantage qu’exerçaient les ignobles individus pour se « convertir » à l’idéologie haineuse de ces sombres individus.

Mais cela n’empêche pas les barbus de délester les victimes de tout ce qu’elles possèdent sur place, comme d’un butin de razzia.C’est avec cette manière que ces assassins intégristes auraient tué le couple du bidonville de Casablanca, le policier de Bouskoura et d’autres personnes.

D’autres groupes ont été formés, sous la conduite d’un autre gourou, faux herboriste à Casablanca et ancien d’Al Adl wa al ihssane.

Parfois ces criminels se transforment en s’habillant normalement, en se rasant, et en fréquentant les lieux publics : cafés et boîtes pour repérer leurs victimes.
Les groupes de Sidi Moumen appelés « le droit chemin » et la milice d’Abou Hafs et son lieutenant Abou Ayman, qui viennent d’être condamnés à des peines de prison allant de quatre à six mois de prison, font partie de tout ce réseau. Nombre de ses membres sont encore en fuite.

Source : libération

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