Le Maroc a développé son premier cœur artificiel

18 novembre 2004 - 09h28 - Economie - Ecrit par :

Après quelque six années de recherches et de travaux, le Maroc est parvenu à mettre au point son premier cœur artificiel. L’exploit a été réalisé, il y a un mois, par le Professeur Wajih Mâazouzi et son équipe de chercheurs, soutenus par l’association Recherche et Développement. La pompe d’assistance ventriculaire devrait permettre aux malades d’être transplantés ou de tenir en attendant une greffe.

Il y a près de neuf ans, le Professeur Wajih Mâazouzi réalisait une première au Maroc en transplantant un cœur humain. Il y a un mois, avec son équipe de chercheurs, il est à nouveau entré dans l’histoire de son pays en mettant au point un cœur artificiel. Les tests in vitro viennent de se terminer et les résultats semblent pleinement satisfaisants. Une fois le cahier des charges internationales respecté, la centaine de Marocains qui ont besoin d’un nouveau cœur pourront être transplantées ou patienter en attendant une greffe cardiaque.

C’est Wajih Mâazouzi, cardiologue de renom au Maroc, qui a eu l’idée d’un cœur artificiel. Fort de sa transplantation réussie en 1995, il a proposé son plan à la fondation Recherche & Développement (R&D, faisant partie de l’Office chérifien des phosphates, OCP), qui lui a apporté son expertise et un total soutien financier et logistique. Pendant près de six ans, le Professeur et 14 chercheurs (dont trois femmes), principalement disséminés à Rabat (où est situé le centre hospitalier universitaire où travaille Wajih Mâazouzi), à Casablanca, Meknès et Tanger, ont cherché comment créer une pompe malgré la distance qui les séparait. « Nous avons inventé un concept de laboratoire intégré et virtuel. Les chercheurs prenaient une partie de leur temps, le dimanche par exemple, pour se consacrer ensemble au projet. Chacun travaillait de là où il était en se servant des machines qu’il avait à sa disposition. Du coup, le matériel qui servait aux malades servait aussi pour la recherche. Cela nous a permis de réduire les coûts », explique le Pr Wajih Mâazouzi.

Plusieurs tests avant la transplantation sur l’homme

Le résultat de cette aventure, dont le coût des dépenses externes s’élèverait à environ 1,5 million de dirhams (environ 135 000 euros), semble prometteur. Mais l’OCPAV, ou pompe d’assistance ventriculaire, doit encore passer un certain nombre de tests avant de pouvoir sauver ou aider des malades. « Nous venons de terminer les tests in vitro, qui ont prouvé que le prototype remplit bien les conditions de fonctionnement. Nous effectuons actuellement des tests in vivo. Une fois que le cahier des charges international, qui demande notamment un débit et une durée d’autonomie précis, nous pourrons penser à la transplantation pour remplacer définitivement un cœur fatigué ou palier l’attente d’une greffe », commente le Pr Wajih Mâazouzi.

Le Professeur ne se place absolument pas dans une optique commerciale. Une optique qui semble de toute façon peut réalisable pour le moment. « Nous ne pouvons pas mettre notre prototype sur le marché parce que cela suppose d’avoir une entreprise qui veuille le fabriquer, le commercialiser et assurer le service après vente. Peut-être que cela sera possible plus tard, par le biais de partenariats par exemple », prévoit Mohamed Smani, directeur de R&D.

Cette réalisation représente en tout cas une victoire médicale de taille pour le Maroc, qui, avec peu de moyens, a pu créer une pompe cardiaque qui, selon certains, n’a pas à rougir devant ses homologues des pays développés. « C’est un rêve qui est devenu réalité. Nous avons fait un véritable effort pour nous hisser vers le haut. Cela fait plaisir de voir qu’un pays émergent comme le nôtre ait pu mettre au point une telle avancée technologique », conclut le Pr Wajih Mâazouzi.

Habibou Bangré - Afrik.com

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Santé - Recherche

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : la prolifération des malades mentaux inquiète

Bon nombre de malades mentaux errent dans les rues marocaines suscitant inquiétudes et craintes. Préoccupée, la députée Hayat Laaraich, du parti de l’Union Socialiste des Forces Populaires, adresse une question écrite au ministère de la Solidarité et...

Phosphate et cadmium : le Maroc répond aux accusations de M6

Les accusations selon lesquelles les engrais phosphatés marocains sont « naturellement très chargés en cadmium » s’avèrent fausses.

Pénurie de médecins au Maroc : Le système de santé à bout de souffle

La pénurie de médecins persiste au Maroc. Par ailleurs, la réduction de la durée de formation en médecine suscite actuellement une vive protestation de la part des étudiants.

Une Marocaine meurt après avoir pris des pilules achetées sur Instagram

Une Marocaine de 28 ans est décédée après avoir pris des pilules amincissantes achetées auprès d’une inconnue qui faisait la promotion de ces produits sur Instagram.

Maroc : bientôt une taxe de 50 dirhams sur les cigarettes jetables

Mauvaise nouvelle pour les vapoteurs marocains ! Alors que le prix du tabac restera stable en 2025, le gouvernement prévoit de s’attaquer au porte-monnaie des adeptes de la cigarette électronique.

Étonnante découverte de fossiles de dinosaures au Maroc

Des fossiles d’abelisauridae, des dinosaures parents éloignés des tyrannosaures, ont été découverts au Maroc, ce qui relance le débat, ouvert depuis plus de 200 ans, sur l’extinction des dinosaures de la surface de la terre.

Trop gros, Yahia Attia Allah doit faire un régime

Yahya Attiat-allah, nouvelle recrue d’Al-Ahly au poste d’arrière gauche, se retrouve sous le feu des projecteurs, mais pas pour les meilleures raisons. Une prise de poids significative menace sa participation aux prochains matchs du club égyptien.

L’anarchie des salons de beauté au Maroc dénoncée

La docteure Hanan Atrakin, spécialiste en chirurgie esthétique et députée du Parti Authenticité et Modernité (PAM), a exprimé ses inquiétudes face à la prolifération au Maroc des salons de beauté offrant des services esthétiques médicaux, évoquant une...

Tatouage au henné : attention danger

La fin du Ramadan et la période de l’Aïd, pour les jeunes filles, une période propice pour mettre du henné sur les mains. Si certaines mères acceptent que leurs filles appliquent le henné, d’autres préfèrent se passer de cette pratique pour préserver...

Les dattes algériennes au Maroc sous surveillance

Les dattes algériennes commercialisées au Maroc sont saines et ne constituent pas une menace pour la santé des consommateurs, ont assuré des professionnels marocains du secteur, émettant toutefois des doutes quant à la qualité de ce produit importé du...