Il s’avère donc que c’est un réseau et pas des moindres qui s’était investi dans ce que quelques lugubres protagonistes avaient bien voulu baptiser « le projet jihadiste » visant le Maroc.
Un réseau où se mêlent « le Mouvement des moujahidines du Maroc » et « Le groupe marocain combattant » entre autres ramifications et entités terroristes, le tout en étroite liaison avec « Al Qaïda » et son sinistre projet pour « le Maghreb islamique », version obscurantiste, bien évidemment.
Il est question de tout un arsenal, en effet. De toute évidence, le projet de déstabiliser au plus haut le pays devait être entouré de toutes les conditions de succès. Et pour faire le plus de mal et le plus grand nombre de victimes, il faut beaucoup d’armes.
Ledit Belliraj, électricien de son état, installé depuis des lustres en Belgique, au point d’en avoir obtenu allègrement la nationalité, n’était apparemment pas le genre de type à s’occuper de ses fusibles et autres fils électriques. Mais il avait un tout autre hobby bien plus passionnant (plus lucratif ?) et qui consistait à entremêler d’autres fils et à tisser une gigantesque trame de relations en parcourant et l’Europe, Belgique, Pays-Bas, Allemagne notamment, et le Moyen-Orient et en particulier la Syrie, le Liban et l’Irak, en passant par la Turquie, l’Afghanistan ou l’Arabie Saoudite, avec comme plaque tournante, surtout pour ce qui est du trafic d’armes, l’Algérie.
Les enquêteurs sont aujourd’hui en mesure d’avancer grâce aux aveux de quelques-uns parmi la quarantaine de prévenus et à leur tête Belliraj, lui-même, que c’est du côté de Casablanca que se trouve le plus grand nombre de caches d’armes, de même que du côté d’Oujda ou de Nador, comme l’avait déjà prouvé la découverte de celles enfouies dans un puits près de Nador.
Belliraj affirme donc avoir été mis au parfum, et dans le coup, par un compatriote résidant comme lui à Bruxelles, connu surtout pour s’appliquer, alors, à collecter des fonds au profit des salafistes d’ici. Les destinataires, cette fois, étaient tout aussi salafistes, mais d’un look assez particulier. Ni la traditionnelle barbe assez fournie, ni la gandoura afghane courte et austère. La fameuse « taquiya », donc : Une sorte d’esquive, ou de feinte très prisée, dans le cas en espèce, la fin justifiant les moyens.
Quelques noms revenaient assez souvent dans les révélations de Belliraj et surtout celui d’Abdelaziz Nouamani, et de Mohamed Guerbouzi, et leurs rencontres qui se faisaient assez fréquentes avec pour objectif déclaré, le renversement du régime au Maroc en passant par des actions terroristesde grande ampleur, selon les dires même du principal accusé dans cette affaire.
L’enquête judiciaire a désormais établi que le réseau Belliraj était en rapport avec « Al-Qaïda », « Le groupe islamique marocain », « Le groupe salafiste de la prédication et du combat » et « Hizbollah » avec à la clé, toute une stratégie pour perpétrer les forfaits prémédités et pour atteindre les buts visés. Ladite stratégie se basant sur l’action « militaire » à la charge d’un groupe devant faire usage des armes à sa disposition pour mettre le pays à feu et à sang, mais aussi sur une participation trompeuses à la vie politique et associative du pays. Et c’est à ce niveau qu’interviendrait l’implication des « politiques » mêlés à une affaire qui devrait réserver d’autres surprises.
Le parti « Al Badil Al Hadari » désormais dissout, et celui d’« Al Oumma » (ou mouvement pour la Nation) qui s’est vu définitivement refusé l’aval de l’Etat pour être reconnu en tant que tel, seraient-ils, à la lurette de toutes ces révélations plus que jamais sur la sellette ? L’enquête semble bien aller dans ce sens, même si beaucoup se refusent à le croire.
La trêve judiciaire ne sera sûrement pas de tout repos pour tout le monde. Il va falloir attendre l’après-Ramadan, le mois d’octobre donc, pour en savoir plus avec l’ouverture du procès d’une affaire qui n’a pas fini de surprendre.
Source : Libération - Mohamed Benarbia