Abdelkader Bouker, 46 ans, devait rejoindre son épouse dans un restaurant, le 7 juillet 2016. Ce rendez-vous n’aura pas eu lieu. Elle conclut à un enlèvement cinq jours plus tard et fait un signalement à la police à qui elle fournit des renseignements très incomplets. La famille négociait déjà avec les ravisseurs qui lui réclament 10 millions d’euros comme rançon. Un certain Mo, bras droit de Bouker, propose 1,6 million. Rançon payée à un homme surnommé Général aux Pays-Bas. La famille ne reverra pas Bouker.
Sa femme ne mettra pas les enquêteurs au courant de la rançon, encore moins les personnes impliquées. Elle se montre peu coopérative avec eux. L’aboutissement de l’enquête semble ne plus la préoccuper. Ce n’est pas la première fois que Bouker avait été enlevé. Cela était déjà arrivé dans les années 1990 au Maroc pour une histoire de cocaïne, fait savoir La Dernière Heure. Torturé puis relâché, il n’avait pas porté plainte devant une juridiction. À l’époque, son bras droit, Mo, résidait à Dubaï.
Six mois après Bouker, un nouvel enlèvement. Celui de Younes El B., 25 ans, alias El Magico. Il avait été kidnappé à Anvers, à la sortie d’un Basic-Fit. Les ravisseurs envoyèrent des photos à son frère, Othman El B., vivant à Dubaï. Ils exigent 5 millions ou l’équivalent en nature, soit 400 kg de cocaïne. El Magico réapparaît cinq jours plus tard. Il se rend dans un commissariat à Nanterre où il raconte comment il a pu s’échapper en nouant des draps de lit.
Il communique le nom d’un de ses ravisseurs : Adil Bamboul. Les enquêteurs trouvent chez lui deux Rolex et deux montres encore plus coûteuses, des Audemars Piguet, ainsi qu’un faux passeport roumain au nom d’un certain Houssein Ait Soussan, criminel le plus recherché aux Pays-Bas. Les enquêteurs belges désignent Redouan Taghi, le chef de la mafia marocaine à Amsterdam récémment extradé de Dubaï, comme le commanditaire de ces kidnappings.