C’était une conférence a priori ordinaire. Mais pour ce journaliste espagnol, cette rencontre avec le Roi Hassan II restera à jamais un souvenir inoubliable.
Durant la conférence de presse, le monarque revient sur les dessous de la crise hispano-marocaine relative à Ceuta et Melilla. Tout tournait autour de la situation au Sahara, et des deux villes autonomes que l’Espagne avait cédées trois ans plus tôt au moment de la mort de Franco et pour lesquelles le roi s’est lancé dans cette impressionnante marche verte. Hassan II n’a rien dit d’autre que son désir permanent d’obtenir la souveraineté sur le Sahara, rapporte Libertad digital.
Une demi-heure après la conférence de presse, alors que le journaliste se tenait dans un coin de la salle, il est surpris de voir le souverain à ses côtés. Il faisait partie des quatre personnes autorisées à poser des questions durant la conférence de presse. Le monarque échange un bref sourire avec lui avant d’entamer une discussion courte mais qu’il n’oubliera pas. « Dans un espagnol parfait, il m’a dit ce qu’il n’avait peut-être pas voulu déclarer quelques minutes plus tôt, à voix haute, pour les autres collègues. Laissez-moi vous dire qu’un jour je marcherai sur la Gran Via à Madrid lorsque le Maroc aura récupéré les places de Ceuta et Melilla ».
Avant que le journaliste n’ait le temps de comprendre la profondeur du message, le roi Hassan II ajoute : « Ce sera quand vous, les Espagnols, vous aurez rendu Gibraltar ». Après ces propos, le souverain lui tendit la main et les deux hommes échangèrent un sourire cordial.
De retour à Madrid, le journaliste consigna tous ses écrits sans faire mention de sa discussion privée avec le monarque marocain. « Pour des raisons que je ne pense pas qu’il soit approprié d’expliquer maintenant, je l’ai gardé pour moi et ne l’ai pas publié ou utilisé ». Mais cette rencontre restera inoubliable puisque 40 ans après, le journaliste reste perplexe. « Les rois de tous les pays ne divulguent généralement pas de renseignements à un journaliste si ceux-ci sont de nature politique. Et encore moins d’un monarque marocain, qui dans son pays est traité comme un dieu ou quelque chose de similaire. Maintenant, Mohammed VI, son fils, continue avec l’obsession que l’Espagne abandonne Ceuta et Melilla, nos villes espagnoles, au Maroc », ajoute-t-il.