Coupe du monde 2010 : les Marocains entre amertume et fatalisme

CASABLANCA (AP) - C’est entre amertume et fatalisme que les habitants de Casablanca, la capitale économique du Maroc, ont accueilli samedi l’élimination de la candidature marocaine pour l’organisation de la Coupe du monde de football 2010 au profit de l’Afrique du Sud.

Dans un silence de mort, la cinquantaine de clients du café "Minzah", dans l’ancienne Médina de Casablanca, ont repoussé leurs chaises et réglé leurs consommations après avoir vu à la télévision le président de la FIFA, Sepp Blatter, révéler ce qu’ils ne voulaient pas entendre.

Jusqu’à la dernière minute en effet, les Marocains, fanatiques du ballon rond et candidats pour la quatrième fois, ont cru en leurs chances d’être le premier pays africain à accueillir la Coupe du monde de football.

"C’est une belle occasion manquée de voir l’Occident tendre la main au Maroc, aux musulmans et aux Africains. C’est aussi le rêve brisé d’une génération de jeunes Marocains", a déploré Saïd Bernoussi, un informaticien de 34 ans. "Ce n’est pas logique, ce n’est pas logique", a martelé Mohammed Keddaj, 39 ans, imprimeur. "Notre dossier était le meilleur et nous avions tant besoin de cette coupe pour réussir le pari du développement".

"On n’a pas donné cette coupe à l’Afrique, mais à l’Angleterre qui a manipulé ce vote. De toutes façons, c’est les Etats-Unis et l’Angleterre qui dirigent le monde aujourd’hui. C’est la preuve qu’ils sont contre les Arabes", a analysé Abderrahmane, le serveur du café.

"L’Afrique du Sud, elle a déjà tout : de l’or, des diamants, le tourisme. C’est toujours comme ça, le pauvre reste pauvre. Ce n’est pas nouveau et ce n’est pas la fin du monde", a philosophé Abdelwaheb, 52 ans, doyen de la tablée.

Moins d’une heure après l’annonce du vote de la FIFA, les rues de Casablanca avaient repris une activité normale en cette veille du premier anniversaire des attentats islamistes du 16 mai 2003 (45 morts, dont 12 kamikazes) qui avaient brutalement aspiré le royaume dans la spirale du terrorisme international. AP