La démondialisation à la française pourrait toucher le Maroc

18 juin 2012 - 14h51 - France - Ecrit par : J.L

La France veut rapatrier ses centres d’appel implantés à l’étranger et notamment au Maroc, pour faire face au chômage dans l’Hexagone. Cette idée, exprimée récemment par le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg aux opérateurs télécoms français, n’en est qu’au stade de réflexion.

Mais cette alternative s’avère difficile, car l’équilibre financier de ces entreprises est justement basé sur les bénéfices réalisés à l’étranger. Pour Youssef Chraïbi, président du groupe Outsourcia et de l’Association Marocaine de la Relation Client (AMRC) "Il s’agit d’un faux combat mené contre un faux adversaire". Interview.

Comment se porte le secteur des centres d’appel aujourd’hui au Maroc ? Est ce qu’il est arrivé à maturation ?

Youssef Chraïbi : Le secteur des centres d’appels a encore enregistré une croissance exceptionnelle cette année de l’ordre de 20%, et créé 6000 emplois nets en 2011. A ce jour, le secteur des centres d’appel emploie 42.000 personnes et génère plus de 5 milliards de dirhams de revenus à l’export, en faisant le segment le plus fort et le plus mature des métiers de l’offshoring (52.000 emplois au total).

Nous restons confiant au niveau de l’AMRC sur les perspectives de croissance de notre activité, dans la mesure où l’externalisation des métiers de service est une tendance lourde amenée à s’intensifier dans les années à venir, le Maroc bénéficiant d’atouts structurels indéniables pour profiter de cette manne.

Arnaud Montebourg, ministre français du redressement productif, souhaite rapatrier des activités, qui sont notamment au Maroc, vers la France. Quel est votre point de vue la dessus ?

Youssef Chraïbi : Je pense qu’il est légitime qu’un pays en crise veuille préserver ses emplois. Mais je pense aussi qu’il s’agit d’un faux combat mené contre un faux adversaire. En effet le secteur des centres d’appels est encore créateur net d’emplois en France, alors que d’autres industries détruisent des emplois de façon massive.

Un faux adversaire compte tenu des relations amicales qui règnent entre les deux pays, depuis de nombreuses années et compte tenu de l’équilibre harmonieux que nous avons réussi à mettre en place avec nos partenaires français dans ce secteur, où nous avons pu donner un sens concret à la notion de co-développement et de croissance partagée.

Est ce qu’il y a une différence de coûts réelle entre un centre d’appel en France où au Maroc ?

Youssef Chraïbi : Il y a en effet une différence très nette de l’ordre du simple au double, et celle-ci a encore plus d’impact en période de crise où ce différentiel de coûts peut être salutaire.

Vous avez, chez Outsourcia, déjà ouvert des succursales à l’étranger et notamment en France. Quel est l’avantage pour une entreprise telle que la vôtre, de s’intéresser au marché européen, sachant que celui-ci est réputé être très cher ?

Youssef Chraïbi : Je préfère ne pas répondre à cette question parce que j’interviens là en tant que représentant du secteur de la relation client et non de ma société. Il est néanmoins intéressant de rappeler que des acteurs marocains, dont on fait partie, ont en effet fait le choix de s’implanter sur le marché français et donc paradoxalement de développer ce secteur en France.

Créé en 2003, Outsourcia emploie 700 personnes à Casablanca et en France, où le groupe possède trois sites de production. Aujourd’hui, l’entreprise est au top 30 des outsourceurs français.

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Sujets associés : France - Délocalisation - Centres d’appel - Offshoring - Chômage

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