Des arrestations à Safi, Fès et des saisies de documents et de cassettes

16 juin 2003 - 09h12 - Maroc - Ecrit par :

Pendant la comparution des suspects devant le juge d’instruction près la cour d’appel de Casablanca, l’enquête policière se poursuit tous azimuts, avec dans certains cas, des enquêtes judiciaires ouvertes dans d’autres villes.

C’est le cas de la cour d’appel de Safi, où a été présenté hier un certain Mounir Qabal originaire de Chemaia. Cet individu a été arrêté suite à une série de perquisitions effectuée dans les milieux intégristes de la région.

Les enquêteurs ont découvert, chez le dénommé Qabal, de nombreux ouvrages intégristes et une véritable vidéothèque qui comprenait toute la panoplie des guerres d’Afghanistan, de Techétchénie et autres prêches faisant l’apologie de la violence.

Mais plus que les lectures et les cassettes vidéo, le suspect a, en particulier, été arrêté parce que faisant partie d’un groupe de la Salafiya, conduit par l’un des prêcheurs de cette nébuleuse le dénommé El Maghraoui. Un groupe aurait accueilli dans la région de Chemaia et pendant de longs mois, un mystérieux intégriste d’origine libyenne déjà évoqué dans le cadre de l’enquête sur les attentats terroristes du 16 mai dernier à Casablanca.

Ce suspect étranger aurait résidé pendant trois mois dans la région, notamment chez le dénommé Mounir Qabal, selon nos sources.

Les arrestations se poursuivent aussi, dans la région de Fès où ont été arrêtés 3 suspects. Plusieurs locaux de la secte "Addaoua Wa Tabligh", 12 mosquées clandestines qui servaient de lien de ralliement aux groupes intégristes ont été fermés, de même qu’une prétendue "Dar Al Corane" à Zouagha, dans la préfecture de Zouagha-Moulay Yacoub.

Dans la région de naissance du dénommé Fizazi, à savoir Mernissa, une arrestation a eu lieu dans la caidat de Timdite. Les enquêteurs ont saisi sur ce suspect dont le nom n’a pas été précisé, 4 cartes d’identité nationale falsifiées.

Les terroristes visaient entre autres Fès, Agadir, Essaouira et Marrakech. Dans la ville ocre, comme d’ailleurs dans le reste du territoire national, l’enquête et les opérations d’identification dans les milieux intégristes ont lieu en permanence.

Ainsi les douars qui entourent en particulier la préfecture de Sidi Youssef Ben Ali, se situant hors du périmètre urbain, ont été plusieurs fois perquisitionnés ces dernières semaines.

Cette campagne se justifie particulièrement par le fait que les intégristes ont, pendant ces dernières années, fait de l’entrisme et furent même parfois à l’origine de la création de ces douars, tels que celui de Lahdam ou "Adalam" à Sidi Youssef Ben Ali.

Dans d’autres bourgades, ils sont venus s’installer en nombre mais les flux des intégristes se renouvelaient périodiquement. C’est le cas d’un douar se trouvant hors du périmètre urbainde Marrakech du côté de la route de Casablanca.

Douar Chaaouf aurait fait l’objet d’une longue perquisition samedi dernier de la part de la police, selon nos sources sur place. Un intégriste a été arrêté et interrogé pendant près de trois jours avant d’être remis en liberté.

Outre les perquisitions, les autorités ont entamé depuis des semaines une campagne d’assainissement de grande envergure. Elle concerne les constructions anarchiques de mosquées et de locaux que les intégristes utilisent pour leurs réunions. Nombreux d’entre eux ont acquis des lots de terrain dans cette seule perspective. Dans une ville qui compte 477 mosquées, cette pratique n’avait pas vraiment pour objet la prière. C’est le cas du quartier d’Assif (ville nouvelle), où les intégristes ont construit avec des matériaux de fortune une prétendue mosquée pas loin de 200 mètres d’une mosquée officielle d’une grande étendue.

Libération

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