Des migrants marocains venus d’Irak rapatriés par l’OIM

Les 38 travailleurs migrants marocains, qui ont fui la guerre en Irak pour s’installer dans le camp Rouiched, à la frontière jordano-irakienne, seront rapatriés jeudi prochain vers le Maroc par un avion affrété par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a annoncé lundi à la MAP un porte-parole de cette organisation intergouvernementale.

Ces migrants ont tout abandonné en Irak : commerces, métiers, biens en tous genres, propriétés foncières pour certains, pour se retrouver aujourd’hui avec une famille à leur charge et sans ressources.

Dans un entretien au Bureau de la MAP à Genève, le porte-parole de l’OIM, M. Jean-Philippe Chauzy a précisé que les 38 Marocains, des travailleurs migrants et des membres de leurs familles, doivent être rapatriés vers le Maroc jeudi prochain, par un vol affrété par l’OIM à destination de Casablanca.

Le porte-parole rappelle que ces 38 personnes viendront s’ajouter aux 32 autres Marocains travaillant en Irak et évacués via la Syrie vers le Maroc il y a quelques jours.

Rouiched est le principal point de passage et d’arrivée des travailleurs migrants fuyant la guerre en Irak. L’OIM a évacué à ce jour 512 ressortissants de pays tiers, tandis que 244 autres sont toujours dans le camp. Bon nombre de ces migrants, qui ont abandonné tous leurs biens en Irak, préfèrent rester un certain temps encore dans le camp de Rouiched, dans l’espoir d’un dénouement rapide du conflit en cours et d’un possible retour vers leurs domiciles et leurs biens, selon M. Chauzy.

Le porte-parole de l’OIM souligne le drame de ces travailleurs migrants, dont la plupart travaillent en Irak depuis plusieurs années déjà, qui ont investi dans ce pays, et y bénéficient d’un statut de travailleur migrant.

Actifs dans les domaines aussi bien du commerce, des services, que de l’artisanat, ces travailleurs ont scolarisé leurs enfants depuis longtemps dans ce pays et "y ont construit leur vie". C’est le cas de plusieurs de ces Marocains ayant rejoint le camp de Rouiched.

Selon M. Chauzy, qui s’est entretenu lundi matin avec l’équipe de l’OIM à Rouiched, les 5 familles constituant les 38 personnes devant arriver jeudi prochain à Casablanca, sont originaires de Fès, Rabat et Casablanca.

Ils ont tous quitté le Maroc entre 1986 et 1990 pour aller travailler en Irak. Ces migrants marocains ont tout abandonné dans leur fuite de la guerre qui ravage ce pays : biens fonciers pour certains, voitures,meubles, etc.

Le porte-parole a indiqué qu’"il est possible d’envisager une indemnisation" par l’OIM de ces travailleurs marocains, "à condition que les autorités marocaines en fassent la demande".

"Si le gouvernement marocain en fait la requête, on examinera les possibilités d’indemnisation de ces migrants marocains ayant fui l’Irak", a-t-il déclaré. Et de rappeler dans ce contexte que "l’OIM bénéficie depuis deux ans d’une intéressante expérience en matière d’indemnisation et de compensation".

Forte de cette expérience, et s’appuyant sur les dispositions de son mandat, assure M. Chauzy, l’OIM peut envisager aussi bien une indemnisation des travailleurs migrants marocains ayant quitté l’Irak, qu’une assistance et un appui à ceux qui souhaitent y retourner, avec une aide à la réintégration à la clé.

Propos recueillis par Mostafa Benhamza pour Libération (Casablanca)