Discours du Trône de 1996

1er octobre 2008 - 13h57 - 1996 - Ecrit par : L.A

"Louange à Dieu,

Que la prière et la bénédiction soient sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.

Cher peuple,

Le Tout Puissant a voulu nous combler, toi et Moi, en ce jour de chaque année, de Ses bienfaits et de Sa bénédiction en nous faisant profiter, à la faveur de cette célébration annuelle de la fête du Trône, des réjouissances de la rencontre et en réaffermissant les liens de fidélité et d’affection qui nous unissent. Nous rendons grâces à Dieu que cette rencontre annuelle se renouvelle depuis plusieurs années et que notre rendez-vous d’aujourd’hui en commémore le 35ème anniversaire : une période au cours de laquelle nous avions, ensemble, la main dans la main, entrepris une œuvre d’édification que nous avons menée sans relâche, nos efforts s’y sont conjugués sans essoufflement aucun et nos cœurs battaient toujours à l’unisson.

Tout au long de cette période, tu étais l’exemple même du peuple fidèle et dévoué à un Roi qui t’a toujours loyalement servi, qui t’entoure de Sa sollicitude, se soucie de ton bien-être et œuvre constamment pour enrichir le registre de tes gloires et de tes grandioses réalisations. Dieu qui a voulu perpétuer ses multiples bienfaits sur nous en nous épargnant la sécheresse et en répandant Sa Miséricorde, a ainsi ressuscité, par Ses pluies bienfaitrices, la terre après sa mort, a empli de Sa quiétude les cœurs des hommes et m’a comblé d’un bienfait pour lequel Je rends grâces à Dieu, L’omnipotent, celui de la guérison totale de ce qui m’a affecté et pour lequel le traitement approprié a été prescrit. N’est-il pas dit que le croyant est exposé à l’infortune et à l’adversité.

Des nouvelles faisant état de tes préoccupations sur mon état de santé, me parvenaient ainsi que l’écho de tes ferventes prières au Tout Puissant L’implorant de m’accorder un prompt rétablissement. J’en étais profondément touché et J’en ai pleinement saisi les nobles significations. Et me voici aujourd’hui m’adressant à toi, Dieu ayant exaucé tes prières. Tout généreux, Il a satisfait tes vœux. Qu’Il soit loué et remercié pour tout ce qu’Il accorde.

Les trente-cinq années qui se sont écoulées depuis Notre accession au Trône de Nos glorieux ancêtres, étaient jalonnées, comme Je l’ai dit, d’œuvres réussies que J’ai entreprises avec toi, cher peuple, et à travers la réalisation desquelles nous avons enregistré bien des succès. Si des difficultés, du reste inévitables dans toute action humaine, ont parfois surgi sur notre chemin, Dieu nous a toujours accordé Son aide pour les surmonter. L’importance de toute œuvre se mesure, en fait, par le résultat obtenu.

Aujourd’hui, alors que nous commémorons ce nouvel anniversaire, Nous sommes, comme par le passé, résolument déterminés à entreprendre d’autres marches qui, avec l’aide de Dieu, ne seront guère de moindre importance que les précédentes, ni moins prestigieuses que celles déjà entreprises, le tout s’inscrivant dans une dynamique qui a pour objectif de développer davantage le Maroc, de parfaire son édification, d’asseoir ses fondements sur des bases solides, de consolider ses structures, un Maroc où Nous voulons voir prévaloir le bonheur, la quiétude et la prospérité à l’instar de son passé qui prônait le sceau de la gloire et de la grandeur.

Conscient que le pari de construire le présent sur des bases saines est le pont qui mène vers un avenir radieux, Nous avons, depuis que Dieu Nous a confié les destinées de ce pays, fixé dans Notre stratégie globale, les buts et objectifs, sérié les priorités et entrepris la réalisation des œuvres retenues avec une volonté et une détermination qui n’ont jamais connu, grâce à Dieu, le moindre relâchement.

C’est ainsi que dans le cadre de la Constitution, Nous avons mis en place un Etat moderne que Nous avons édifié sur la base d’institutions démocratiques, faisant un remarquable saut qualitatif dans l’organisation du pouvoir et une révolution sur le plan légal. La Constitution, adoptée par référendum populaire libre, est venue ainsi transférer certaines prérogatives de la Royauté aux institutions représentatives de la nation qui exercent, tel que prévu dans le préambule de la Constitution, la souveraineté par le biais du référendum et des institutions constitutionnelles. Elle est venue également renforcer le rôle historique de la Royauté et confier au Roi des responsabilités et des devoirs faisant de Lui l’arbitre en cas de crise et le promoteur actif des institutions, rattachant ainsi le présent au passé.

Nous avons voulu que cet Etat moderne soit un Etat de droit où la loi est au-dessus de tous et inspire confiance à tous, un Etat qui garantit les libertés et se démarque de toutes pratiques ou législations contraires aux Droits de l’Homme. Nous avons réalisé dans ce domaine une refonte radicale d’une extrême importance en modifiant, sur proposition du Conseil Consultatif des Droits de l’Homme, certains textes qui ne sont pas conformes aux dispositions régissant les Droits de l’Homme tels que garantis dans les chartes internationales. Depuis la promulgation de la Constitution de 1962, Nous en avons suivi de près l’évolution de l’application des dispositions par l’ensemble des institutions et avons œuvré pour en améliorer les mécanismes et en assurer l’efficacité. C’est ainsi qu’en l’espace de trente années seulement, Nous avons amendé, à quatre reprises, certaines dispositions de la Constitution pour renforcer les attributions de ses institutions et assurer une meilleure collaboration entre elles pour la réalisation des objectifs escomptés.

Nous entreprendrons, grâce à Dieu, ce que Nous avons promis et pour la réalisation duquel Nous nous sommes engagés. Nous présenterons en effet au cours de cette année, au terme de la seconde session de la Chambre des Représentants, un nouveau projet d’amendement visant la création d’un parlement bicaméral, convaincu que Nous sommes du bien-fondé de ce système et de son efficacité. Cet amendement s’explique également par Notre souci d’assurer à Notre peuple une plus large participation en ce sens que le bicaméralisme permet aux différentes parties concernées, régions, collectivités locales, Chambres professionnelles et organisations syndicales, la participation à une assemblée dotée du pouvoir de délibération. Un tel système est aussi de nature à créer une émulation entre les deux Chambres pour améliorer leur rendement, enrichir par les expériences ainsi réunies et la sagesse escomptée, leurs délibérations lors de l’examen par les deux Chambres des textes législatifs qui leur seront soumis. Nous œuvrerons également pour doter la région du cadre légal qui lui convient en vue de parachever la réforme constitutionnelle de 1992 qui a érigé la région en collectivité gérant ses affaires de manière démocratique et qui fait d’elle l’outil essentiel de développement économique et social.

Nous aurons ainsi couronné Notre œuvre de la consolidation et du renforcement de la décentralisation par laquelle Nous avons voulu, dès le départ, confier à Nos sujets la gestion de leurs affaires locales, provinciales et régionales, sachant bien entendu que le fait de permettre aux régions de mettre en valeur leurs spécificités ne peut et ne doit en aucun cas porter atteinte à l’unité du pays et à l’entité de la Nation sur laquelle Nous veillons en permanence, comme la Constitution Nous en fait obligation, pour en assurer l’union, la cohésion et la communion. La réforme à laquelle Nous avons appelée et que Nous avons promise à Notre peuple, ne se limitera pas cependant à la révision de certaines dispositions de la Constitution. Il s’agit plutôt d’une réforme globale qui requiert l’examen de chaque domaine nécessitant une révision et un redressement, particulièrement les secteurs de l’administration, de l’économie et de l’enseignement . Il s’agit en fait de revoir la situation du foyer marocain. Nous voulons que ses fondations soient en béton, son toit en acier et ses fenêtres en verre trempé, un foyer équilibré où il n’y a nulle place à la déviation, où prévalent le sérieux, la détermination et la vertu, un foyer qui ne verse pas dans l’immoralité, qui vit dans la pureté et le respect des valeurs morales, qui agit dans une totale transparence et qui refuse que les contrebandiers s’y agitent ou que les pervers et autres destructeurs en paralysent l’économie.

Dans notre société, Dieu soit loué, ces derniers ne constituent qu’une infime minorité, une monnaie sans aucune valeur qui ne saurait être considérée comme critère de jugement. Le raisonnement logique s’oppose à ce que le Maroc soit apprécié sur la base de ce paramètre totalement erroné. Quelle société, du reste, est exempte d’égarés qui vont à la dérive et versent dans la déviation. Nous sommes résolument déterminés à généraliser le processus des réformes et du redressement pour que la vertu, valeur traditionnelle du Maroc, triomphe à tous les niveaux des rouages de l’Etat et que les adversaires du Maroc et ceux qui le jalousent ne trouvent nulle matière pour assouvir leur haine et nourrir leur hostilité à l’endroit de Notre pays.

Cher peuple,

Tu n’ignores guère, compte-tenu de la position géographique de ton pays, de son rôle historique, de son identité et de sa civilisation, les obligations régionales et internationales que dictent à la Nation ses engagements pour la défense des valeurs et des vertus de la cohabitation et de la coopération entre les nations. Si le monde a connu des transformations et de profondes mutations, le Maroc a suivi ces nouveaux développements et les a assimilés, comme il a fixé le style à adopter vis-à-vis de l’ensemble de ces événements sans se départir des principes de base de sa politique, une politique qui vise à favoriser la paix et la coexistence dans le monde et une coopération internationale ouverte dans le cadre du respect mutuel. Nul étonnement donc que notre politique étrangère s’exerce en permanence au service de la paix partout dans le monde et apporte encouragement à toutes les initiatives qui vont dans ce sens, en commençant par la question de notre intégrité territoriale dont Nous avons accepté pour sa solution un référendum confirmatif sous le contrôle de l’Organisations des Nations-Unies.

Nous avons d’ailleurs mis à profit Notre participation à la célébration du cinquantième anniversaire de cette Organisation pour multiplier Nos contacts en particulier avec les souverains et les chefs d’Etat des pays frères et amis et réaffirmer Notre attachement aux résolutions de l’ONU, Notre souci de respecter la volonté internationale et Notre rejet de toute tergiversation ou marchandage sur le plan de paix qui porte le sceau de la légalité internationale et qui ne peut être dénaturé sans porter atteinte à la crédibilité de l’Organisation des Nations-Unies.

Comme Nous l’avons réaffirmé, cher peuple, dans le discours que Nous t’avons adressé, à l’occasion du vingtième anniversaire de la Marche Verte, Notre position ainsi exprimée ne changera pas d’un iota. Nous avons une totale confiance dans le sérieux et la fermeté du Conseil de Sécurité et sa détermination à demeurer fidèle à ses propres résolutions. Nous constatons cependant et cela est regrettable que ce problème qui a été créé de toutes pièces par les ennemis de notre intégrité territoriale n’aurait pas dû se perpétuer si la volonté d’édifier le Maghreb Arabe étant vivace dans l’esprit de tous. La position adoptée en fin d’autonome dernier par certaines parties, a incité le Maroc à proposer un engagement au sein de l’Union du Maghreb Arabe pour une pause limitée au cours de laquelle les pays membres réexamineront leur position et procéderont à une évaluation objective de la situation des obstacles et écueils qui s’y dressent étant entendu que l’action commune au sein de l’Union requiert la clarté dans les positions, la coopération dans un climat de transparence et de responsabilité et la négation de toute contradiction au niveau de la conduite et du comportement, d’autant plus qu’il s’agit, dans le cas d’espèce, du respect des dispositions explicites de la charte adoptée à l’unanimité par les cinq pays membres de l’Union.

Cher peuple,

Les obstacles qui se dressent sur la voie du Maghreb Arabe n’ont pas occulté pour autant nos préoccupations à propos des questions intéressant la Oumma islamique après que Nous ayons accédé à la présidence de l’Organisation de la Conférence Islamique à la fin de l’année 1994. Nous avons centré Notre intérêt, d’une part, sur l’évaluation objective des activités de l’Organisation en vue d’en rationaliser les programmes, améliorer les conditions de travail et développer la rentabilité et, d’autre part, sur une action planifiée visant à redresser l’image de l’Islam aux yeux du monde extérieur et à démystifier les affabulations dont il est l’objet. C’est dans ce sens - et comme nous l’avons proposé au cours du 7ème Sommet de l’Organisation de la Conférence Islamique - que Nous avons créé, auprès de Nous et sous Notre haut patronage, une institution à caractère consultatif que Nous avons baptisée : "Instance supérieure de référence sur les études islamiques". Elle regroupe des intellectuels de la pensée islamique appartenant aux communautés islamiques, arabes, africaines et asiatiques, et qui étudieront les thèmes que nous leur soumettrons, particulièrement les grandes questions qui préoccupent l’opinion publique islamique dont la promotion d’une meilleure connaissance de l’Islam loin de tout amalgame, confusion ou interprétation douteuse, une action en faveur de l’élargissement du dialogue et du rapprochement entre les religions et la mise en place des ponts pour une coopération entre les personnalités, les institutions et les organisations nationales et internationales, gouvernementales et non-gouvernementales partageant les mêmes objectifs.

En ce qui concerne Notre soutien à la lutte héroïque du peuple de Bosnie-Herzégovine, Nous n’avons ménagé aucun effort pour défendre son droit légitime à asseoir son indépendance. Nous saisissons cette occasion pour louer la solidarité islamique profonde qui a eu des effets bénéfiques sur la relance du processus d’entente. Le Maroc a tenu, dans le cadre de ses responsabilités à la tête du groupe de contact islamique, à renforcer le soutien et la participation à toutes les mesures qui ont été prises et qui ont conduit à l’accord de paix de Dayton. C’est d’ailleurs dans ce cadre que

Nous avons décidé de participer aux forces internationales chargées de veiller à l’application de cet accord, action que nous dicte Notre devoir islamique et international. Cher peuple, La région du Moyen-Orient vit depuis un demi-siècle les affres du conflit arabo-israélien et son évolution en subit les conséquences néfastes. Nous avions été convaincu très tôt, que son dénouement réside dans le dialogue entre les parties pour une solution juste et globale au profit de tous, une solution qui ne permet à aucune partie d’occulter le droit de l’autre ou de lui imposer un règlement unilatéral. C’est dans ce sens que Nous avons agi et entrepris ce qui est connu de tous. Aujourd’hui, nous rendons grâce à Dieu puisque le processus de paix a été enclenché, qu’il poursuit son cheminement pour sortir de ce tunnel obscur, et que de prometteuses perspectives de coexistence et de cohabitation pointent à l’horizon, augurant d’une ère nouvelle. Nous sommes résolument déterminé à demeurer attaché à cette paix à laquelle Nous avons appelé et au façonnement de laquelle Nous avons contribué. Nous tenons à y être constamment présent et à demeurer à la disposition des parties pour les aider à surmonter les obstacles et les difficultés. Nous avons tous été heureux, Dieu soit loué, de partager la joie du peuple palestinien à l’occasion de ses premières élections présidentielles et représentatives, après un demi-siècle de souffrances et de lutte. Il a atteint cet objectif grâce aux victoires de ses fils et à la sagesse de ses dirigeants qui ont su surmonter les obstacles dressés sur le chemin de la paix.

En Notre qualité de Président du Comité Al Qods, Nous n’avons ménagé aucun effort pour prendre toute initiative tendant à assurer la défense des Lieux Saints, la préservation du cachet architectural et de la composition démographique de la ville ainsi que la sauvegarde de ses monuments et de son patrimoine religieux et culturel. Nous avons élaboré le statut d’une agence baptisée : "Beit Mal Al Qods", dont l’objectif est de collecter les ressources nécessaires à la promotion de la ville sainte et de soutenir ses habitants jusqu’à sa libération. Tous les pays islamiques ont adhéré a ce projet qui entrera en vigueur lors de la prochaine réunion du Comité Al Qods que Nous convoquerons. Au plan bilatéral, Nous avons poursuivi notre coopération avec l’autorité nationale palestinienne et lui avons apporté soutien et assistance pour l’aider à mettre en place ses structures économiques et administratives.

Cher peuple,

L’orientation économique est, assurément en cette fin de siècle, l’aspect qui marque le plus les relations entre nations. Partant de cette donnée, le Maroc est appelé à mettre à profit ses relations d’amitié avec les pays frères et amis pour élargir le champ de ses échanges avec l’extérieur. Ainsi Nous avons saisi l’occasion de Notre visite à Washington, en mars 1995, à l’invitation de Notre grand ami, le Président Bill Clinton, pour renforcer cette orientation et montrer à tous que l’action politique est avant tout au service du développement économique. Nous Nous sommes réjoui des bonnes dispositions de la partie américaine et sommes parvenus à la conclusion d’un accord qui régit nos échanges économiques et commerciaux. Nous avons également créé des commissions mixtes chargées de la promotion et du suivi des accords conclus. Grande était également Notre joie de voir Notre grand ami, Monsieur Jacques Chirac, réserver à Notre pays sa première visite officielle à l’étranger en tant que Président de la République française. Nous avons saisi l’occasion de son séjour parmi Nous pour renouer le contact avec lui et définir un vaste champ pour la coopération maroco-française.

C’est dans ce cadre que Nous avons reçu dernièrement le ministre français de l’Economie nationale qui s’est rendu au Maroc pour la signature d’un important accord financier qui a allégé la dette du Maroc vis-à-vis de la France. De même qu’il a été procédé à l’identification des domaines de développement de la coopération entre les deux pays, en vue d’encourager le partenariat entre entreprises marocaines et françaises. Des accords similaires à ceux conclus avec la France ont été établis entre le Maroc et le Royaume d’Espagne au cours de la visite dans notre pays de son Président de gouvernement, Notre ami Monsieur Felipe González, dans le cadre de la réunion de la commission mixte issue de l’accord d’amitié et de bon voisinage liant les deux Royaumes. Cette réunion a permis de redynamiser les divers mécanismes de coopération entre les deux pays.

La partie marocaine n’a pas manqué, à cette occasion, de soulever une nouvelle fois la situation des deux villes occupées, Sebta et Mellilia. Conformément à la politique d’ouverture et de coopération qui caractérise les rapports du Maroc avec les autres pays, le Royaume a accueilli plusieurs délégations et d’éminents dirigeants venus pour des entretiens, des concertations et une planification de l’action commune. Dans ce cadre, Nous avons reçu notre ami, Monsieur Li Peng, Premier ministre de la République Populaire de Chine, à laquelle nous lie une profonde amitié et des intérêts communs. Sur un plan beaucoup plus large, nous sommes parvenus, après un long processus de négociations avec l’Union Européenne, à un accord d’association englobant plusieurs domaines relatifs, notamment à la création d’une zone de libre échange, à la coopération économique et financière ainsi qu’à la coopération dans les domaines social et culturel. Un accord de pêche maritime a été également conclu afin de réduire les quantités que la flotte européenne est autorisée à pêcher jusqu’à l’expiration du délai de validité de cet accord.

Cher peuple,

Nous avons pris sur Nous - depuis que Dieu Nous a confié tes destinées - de ne Nous engager dans une affaire qu’après Nous être assuré qu’elle est conforme à tes aspirations et qu’elle réponde à tes souhaits. Ce faisant, Nous avons réussi, grâce è Dieu, à éviter les écueils, à surmonter les obstacles et à doter notre patrie, à la veille du XXlème siècle, de moyens qui l’habilitent à s’intégrer dans le peloton des pays pouvant relever le défi de la concurrence économique. Si les réformes constitutionnelles et législatives, au parachèvement desquelles Nous avons veillé, ont fait du Maroc un exemple en matière de consolidation de la démocratie, les réalisations accomplies dans le domaine économique nous ont été profitables dans nos rapports avec nos plus grands partenaires au plan international, Etats, institutions bancaires et financières, et ont porté notre pays au rang des marchés émergents vers lesquels affluent les capitaux et les investisseurs. Nul doute que notre décision précoce de procéder aux ajustements structurels a donné des résultats positifs, dont les plus importants ont consisté à doter notre tissu économique d’une solidité à toute épreuve.

Au cours des cinq dernières campagnes agricoles, le Maroc a dû subir trois années particulièrement difficiles, dont la dernière a été considérée comme la catastrophe du siècle. Cependant, le rythme de développement s’est maintenu dans les autres secteurs en dépit de l’insuffisance financière consécutive à la sécheresse et malgré le gel de certains de nos échanges du fait de la complexité temporaire ayant marqué nos négociations avec l’Union Européenne. Nous sommes particulièrement satisfait de la détermination dont ont fait preuve les entrepreneurs marocains qui, en dépit des appréhensions, n’ont pas désarmé et ont même relevé le défi en procédant à l’investissement de près de quatorze milliards de dirhams, réalisant un accroissement de quelque 26 % par rapport à l’année 1994, laquelle avait pourtant enregistré un record.

Ainsi, la baisse des contributions extérieures a été compensée, au plan interne, par l’effort déployé par le capital national. Parmi les mérites de cet effort, la création de quatre vingt mille emplois, en plus de sa contribution à l’accroissement du taux de nos exportations industrielles et de la part du secteur industriel dans le produit intérieur brut. Autant sommes-Nous confiant en le patriotisme qui anime nos promoteurs économiques, autant Nous sommes conscient des obstacles auxquels ils sont confrontés et des craintes qu’ils ressentent.

Aussi, ne ménageons-Nous aucun effort pour parachever les ajustements structurels et les réformes législatives que nous avons entamés, afin de réunir les conditions adéquates à l’entreprise marocaine qui aspire à relever le défi de la concurrence internationale. Les efforts portent actuellement, aussi bien au plan de la législation qu’à celui de l’encouragement, sur le parachèvement d’une stratégie cohérente visant à améliorer le cadre institutionnel et organisationnel du monde des affaires. Il s’agit, notamment, d’élaborer une charte intégrée de l’investissement en vue d’une généralisation des avantages et d’un allégement des mesures administratives et procédurales. En fait partie également un ensemble de lois finalisées, tels que le code de commerce, la loi sur les sociétés anonymes, la loi sur la propriété industrielle, la loi réglementant la concurrence et la loi relative aux tribunaux de commerce. Les mutations profondes qui ont affecté tous les domaines d’échange au cours des cinq dernières années, ont fait que le monde est passé d’une ère à une autre, de sorte que l’on n’a plus désormais aucune chance de résister aux courants extérieurs, sinon par l’éclosion des potentialités endogènes, que ce soit au niveau de la créativité et de l’innovation ou à celui de la productivité et de la concurrence.

C’est ce qui explique notre souci de redynamiser les mécanismes de notre économie, conformément aux exigences de conjoncture internationale, sachant que nos options s’imprègnent constamment de la conception islamique qui vise la consolidation des vertus, de la solidarité et de l’entraide entre toutes les composantes de la communauté. Si nous avons transféré plusieurs entreprises économiques du secteur public au secteur privé, c’est parce que nous étions convaincus que les épargnants sont désormais prêts à investir leur argent dans la production plutôt que de thésauriser. Les opérations de privatisation engagées jusqu’à présent ont démontré le caractère judicieux de ce choix, aussi bien sur le plan quantitatif que qualitatif ou encore au niveau de la gestion et de la modernisation des secteurs concernés.

Outre la participation de plus de 180.000 souscripteurs nationaux à l’achat d’une partie des établissements présentés à la privatisation et la contribution du capital étranger à cette opération à raison de trente cinq pour cent (35 %), cette opération a également réactivé le marché des capitaux, puisque le capital de la Bourse de Casablanca a décuplé entre 1989 et 1995, passant ainsi de cinq à cinquante milliards de dirhams. L’opération de privatisation sera poursuivie cette année et touchera d’autres établissements économiques, sachant qu’elle concernera, ultérieurement les terres agricoles, propriété de l’Etat, qui seront cédées aux citoyens marocains. En plus de l’impact positif de l’opération de privatisation sur la dynamisation de l’économie et l’augmentation de sa production, elle a également un rôle pédagogique dans la formation des entrepreneurs et leur incitation à la concurrence et à l initiative. D’autre part, la redynamisation des mécanismes de production est tributaire d’un marché financier organisé, transparent et incitant à la concurrence.

Nul étonnement, donc, de voir les réformes économiques aller de pair avec des réformes financières à travers la mise en place d’un cadre organique garantissant la transparence des capitaux et la protection de l’épargnant. De façon générale, Nous sommes soucieux de voir les réformes s’accompagner d’une refonte de notre arsenal juridique, notamment la modernisation des lois régissant le monde du travail et la concurrence ainsi que les secteurs utilisant des techniques modernes, tels que ceux des communications et de l’administration, eu égard au rôle efficace qu’ils jouent dans la cohésion du tissu social. Les mesures prises dernièrement au plan financier avaient pour but de libéraliser totalement les taux d’intérêt, préparant ainsi le terrain à leur baisse, par le biais de la concurrence entre les établissements de crédit. En plus de l’agrément de plusieurs sociétés intermédiaires auprès de la Bourse des Valeurs, un marché des échanges bancaires intérieurs sera prochainement mis en place pour protéger les promoteurs économiques des risques de change et préparer également la convertibilité totale du dirham.

De même, une politique rigoureuse accompagnant les besoins de financement de l’économie et les conditions de maîtrise de l’inflation a été adoptée par les autorités monétaires. Quant au déficit budgétaire de l’Etat, il est désormais devenu l’un des indicateurs de la vitalité de l’activité économique, ce qui Nous a incité à donner Nos directives au gouvernement pour veiller à la rationalisation des dépenses et d’assurer la régularité des paiements, tout en insistant sur le maintien d’un niveau raisonnable des investissements dans les secteurs, les établissements publics, les collectivités locales dans le but d’impulser l’action économique générale, de renforcer l’infrastructure de base et de subvenir aux besoins essentiels des citoyens aux plans économique, social et culturel.

Ainsi, nous avons pu garantir la poursuite des grands projets tels que l’édification des barrages le lancement des travaux d’exécution du programme d’équipement des ports, l’électrification des centres urbains et leur approvisionnement en eau potable, le lancement du programme de deux cent mille logements, dont quarante huit mille unités sont en cours de réalisation. Le but poursuivi par les réformes que Nous entreprenons est le bien-être de Nos fidèles sujets, la consolidation du tissu social à défaut duquel le Maroc perdrait sa spécificité en tant que nation vivant en communion et dans une parfaite cohésion. La création à Nos côtés d’un Conseil consultatif chargé du suivi du dialogue social, reflète clairement la priorité que Nous accordons à l’entente et à l’entraide entre les forces de production, en l’occurrence, le capital et les travailleurs.

Nous saisissons cette occasion pour saluer l’esprit de responsabilité dont font preuve le patronat et les organisations des travailleurs dans leur quête de solutions amiables aux problèmes qui surgissent entre les deux parties. Nous avons donné Nos directives au gouvernement pour prendre les mesures nécessaires en vue d’alléger, autant que faire se peut, les problèmes sociaux dont certains se sont aggravés en raison de la sécheresse. Il a également élaboré deux projets de loi, le premier intéresse l’assurance obligatoire contre les maladies qui bénéficiera aux deux tiers de la population. Le second porte sur la réorganisation et le renforcement de la Caisse Marocaine de Retraite.

Le gouvernement entreprend également une étude approfondie des mécanismes de protection sociale en vue de définir une nouvelle stratégie de sécurité sociale. En dépit des difficultés auxquelles nous avons fait face durant l’année écoulée et qui ont entravé nos ambitions visant à réduire le chômage qui touche les jeunes, nous avons pu trouver le moyen d’allouer une enveloppe budgétaire de l’ordre d’un milliard cinquante millions de dirhams pour soutenir les initiatives tendant à créer des emplois au profit de cette catégorie de Nos fils en plus des deux mille cinq cent postes de travail créés dans le secteur public pour recruter les diplômés. Comme Nous l’avions annoncé en recevant, en avril dernier, les membres du Conseil supérieur de la magistrature, la justice focalisera Notre attention et bénéficiera, de Notre part, d’un intérêt particulier compte-tenu du rôle important qu’elle joue dans la préservation d’une société saine. La famille de la justice a élaboré conformément à Nos directives un large programme de réformes visant à assurer une formation judicieuse, à mettre en place des banques de données de jurisprudence, à évaluer et moderniser les biens immobiliers de ce secteur en plus d’autres mesures dont l’objectif est de doter les institutions judiciaires de moyens modernes afin de renforcer l’impartialité et l’efficacité de la justice.

Les réformes auxquelles Nous aspirons ne peuvent se concrétiser que si notre enseignement accompagne les exigences des mutations que connaît notre époque. La finalité de l’enseignement n’est plus désormais de dispenser uniquement le savoir, mais plutôt de préparer et d’assurer une formation devant conduire à la participation à la productivité. Cela nous impose de préparer, dès à présent, nos générations aux exigences qui pourraient surgir dans une ou deux décennies, c’est-à-dire que notre programmation se doit de suivre l’évolution des connaissances avec la souplesse nécessaire et l’adéquation avec les innovations Nous avons, d’autre part, donné Nos directives pour l’élaboration d’un plan économique et social conférant aux activités sectorielles de l’économie nationale et aux réformes de l’enseignement et de l’administration, l’harmonie nécessaire aussi bien au niveau du calendrier que de la répartition géographique.

L’harmonie reste en effet le moyen de combattre les disparités entre les différentes catégories de la société et les régions du Maroc et la voie tout indiquée pour renforcer la solidarité entre ses fils. Toutes les initiatives doivent donc tendre à limiter les disparités afin qu’ il n’y ait pas un Maroc qui évolue au rythme de notre époque et un autre qui piétine ; un Maroc heureux et un autre qui se débat dans l’ignorance et la pauvreté ; un Maroc utile et un autre qui ne l’est pas. Partant de ces données et afin qu’apparaissent clairement les contours de la région dont Nous sommes déterminés à faire le pilier de la spécificité marocaine, il est indispensable que l’appareil exécutif cède une partie de ses attributions aux autorités régionales pour éviter la concentration et l’accumulation, car la région est appelée à l’avenir à prendre en charge les affaires touchant à son développement sans qu’elle soit constamment obligée d’attendre les décisions du pouvoir central.

La politique de rationalisation de la gestion des collectivités locales soumises pour la première fois à l’audit international, s’inscrit dans le cadre de cette orientation. Il a également été procédé à la création au profit des provinces du Nord, d’une agence chargée des projets de développement économique qui devra tenir compte des spécificités de cette région. L’Union Européenne a exprimé sa disposition à contribuer au financement des projets élaborés par ladite agence. Cher peuple, La pratique démocratique dans le Maroc nouveau se consolide d’année en année, que ce soit au niveau local, régional ou national. En effet, outre les réalisations accomplies par les collectivités locales dans les domaines relevant de leur ressort, l’activité parlementaire a été marquée - au niveau du contrôle de l’action gouvernementale - par un dialogue fructueux avec le gouvernement lors des séances plénières, des réunions des commissions et des séances réservées aux questions orales. Les moyens de contrôle de la Chambre des Représentants sur le gouvernement se sont renforcés par l’adoption de la loi organique relative aux modalités d’action des commissions d’enquête. Quant à son action législative, elle s’est renforcée par un arsenal législatif composé d’un ensemble de codes et de projets de loi à travers lesquels nous visons à renforcer l’Etat de droit dans le domaine des affaires.

Cher peuple,

A la fin de ce discours et en ces moments bénis, alors que nous célébrons ce nouvel anniversaire, nous reportons nos regards et nos cœurs vers la période écoulée de notre Histoire pour nous remémorer les pages écrites par ces pionniers, ces glorieux Souverains qui se sont succédé sur le Trône du Maroc, ont enrichi ses annales par leurs œuvres remarquables et l’ont marqué de leurs empreintes. Leur chaîne d’or a été sertie par la conduite exemplaire de Notre Auguste père, marquée par tant de sacrifices et encensées de multiples épopées. Nous avons agi dans la continuité de cette magnifique chaîne, dans le sillage de la voie et de l’œuvre de ces glorieux ancêtres pour être digne de leur héritage et fidèle à leur action.

Puisse Dieu répandre sur leurs âmes pieuses Sa miséricorde, Sa mansuétude, Sa clémence et Sa bienveillance. Puisse-t-Il rétribuer Notre père, Sa Majesté Mohammed V, pour les multiples exemples qu’il a donnés à sa génération et aux générations futures dans la lutte et le Jihad. Puisse le Très-Haut lui accorder meilleure récompense pour son précieux apport au triomphe de la Parole Divine et à l’édification de la patrie. Puisse-t-Il l’accueillir en Sa miséricorde, Lui qui est son Seigneur et son Protecteur. Fasse Dieu répandre Sa bénédiction sur nos chouhada qui ont préféré l’au-delà éternel à ce bas-monde éphémère en faisant don à la patrie de leur vie en guise de sacrifice, ne recherchant en cela ni remerciements ni récompense. Puisse Dieu les combler dans la demeure éternelle de Ses bienfaits incommensurables et les rétribuer amplement pour ce qu’ ils ont fait.

Nous adressons l’expression de Notre hommage et de Notre considération aux Forces Armées Royales, aux Forces de la Gendarmerie Royale et de la Sûreté Nationale ainsi qu’aux Forces Auxiliaires qui veillent sur la sécurité totale du territoire et se vouent entièrement au service de Nos sujets. Nous entendons décorer d’un insigne d’hommage et de considération les poitrines de ces héros, boucliers de la patrie, déployés aux confins de notre Sahara marocain, défenseurs de l’intégrité territoriale, se tenant toujours prêts à défendre la patrie pour qu’elle reste toujours la tête haute et la dignité préservée.

Ô Dieu qui connais toute chose et perce les secrets des cœurs, Tu connais l’amour sincère que je voue à mon pays et mon souci constant de servir mon peuple, aide moi à assumer mes responsabilités par la plénitude de Ta puissance et la grandeur de Ta force. Fasse que les liens d’affection et de fidélité qui m’unissent à mon peuple se consolident davantage.

Seigneur, Tu connais parfaitement ce que nous dissimulons et ce que nous dévoilons. Rien n’est caché à Dieu sur terre comme au ciel."

03/03/1996

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