Enclavement du monde rural : 74 km pour trouver une route !

29 janvier 2009 - 11h23 - Maroc - Ecrit par : L.A

Plus de 70 km, soit un peu plus qu’un aller-retour Casablanca-Mohammédia. C’est ce que doit parcourir, en moyenne, un habitant de la commune rurale d’Aït Haddou Youssef (province de Chichaoua) pour atteindre la route goudronnée la plus proche. Un triste record qui révèle le niveau d’enclavement de certaines régions du pays. Avec tout ce que cela sous-entend comme impacts socioéconomiques sur la population.

Cet isolement signifie tout simplement de grandes difficultés pour accéder aux structures de soin, à l’école… Le cas de cette commune n’est pas isolé.

D’autres entités rurales se révèlent tout aussi enclavées avec des distances moyennes tournant autour de 60 km. C’est le cas pour des communes à Azilal, Taroudant, Errachidia. C’est ce qui ressort en tout cas d’une analyse publiée dans les Cahiers du Haut commissariat au plan (HCP) et basée sur le recensement général de la population de 2004.

Les ruraux parcourent, grosso modo, 4,4 km avant de voir le premier bout de goudron. En revanche, 30% des campagnards sont obligés de parcourir des trajets dépassant cette longueur. Ce qui peut aller jusqu’à 8 km, dans certaines localités. C’est le cas pour les habitants de 15% des communes rurales.

Ainsi, on s’en doute, quel que soit le niveau géographique, l’enclavement est beaucoup plus important dans les zones montagneuses ou pré-sahariennes. De fait, ce sont les habitants de la région de Guelmim-Smara qui souffrent le plus de l’isolement. Ils sont obligés de marcher au moins 8 km avant d’atteindre la route la plus proche. Ils sont suivis par les habitants de Souss-Massa-Drâa (7,3 km). Dans les régions de Marrakech-Tensift-Al Haouz, Taza-Al Hoceima-Taounate ou encore Tadla-Azilal, l’on se rapproche un peu de la moyenne nationale, soit 5 km.

En allant un peu plus dans le détail, et par provinces, c’est Assa-Zag qui caracole en tête des zones enclavées. Là, les habitants sont obligés de parcourir en moyenne 50 km pour accéder à la route ! En deuxième position, la province de Smara (15 km), suivie des provinces de Ouarzazate, Taroudant, Tantan, Chichaoua et Figuig qui affichent chacune une distance moyenne de 12 km. Ainsi, plus on s’approche des espaces montagneux ou présahariens, plus l’enclavement des populations est important. Ceci concerne les trois composantes de l’Atlas, le Rif et les espaces géographiques longeant la frontière est du pays. Au niveau des communes rurales de ces zones, on enregistre des distances moyennes de 5 à 10 km, voire plus.

La « palme » revient à la commune de Aït Haddou Youssef dans la province de Chichaoua, avec 74 km. Elle est talonnée par Annergui (province d’Azilal) : 71 km. Vient ensuite la commune d’Ahl Tifnoute à Taroudant avec 61 km en moyenne. Dans ce triste palmarès on retrouve, bien entendu, des communes parmi les plus pauvres, comme celle de Sidi Ali à Errachidia ou Taouyalt à Taroudant.

Les mieux lotis

Les ruraux des zones, dont le relief géographique est dominé par les plaines, sont mieux lotis. L’accessibilité à la route est en tout cas meilleure avec des distances de 2 km. C’est le cas des régions du Gharb-Cherarda-Beni Hssen, de Chaouia-Ouardigha, Doukkala-Abda ou encore de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër.

Source : L’Economiste - Khadija El Hassani

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