Transferts des MRE : Le cas marocain évalué

29 septembre 2008 - 10h58 - Economie - Ecrit par : L.A

Le grand apport des transferts effectués par les Marocains résidant à l’étranger (MRE) pour l’activité économique au Maroc n’est plus à démontrer. Les chiffres relatifs à ces transferts font ressortir une progression constante des recettes et les rapports et études qui leur sont consacrés mettent en évidence cette importance.

Il en est ainsi d’une analyse de Oxford Business Group (OBG, un cabinet d’intelligence économique basé à Londres) qui a souligné, mercredi, cette importance tout en mettant en relief les sérieuses mesures prises par le Royaume pour maximiser l’impact de ces transferts. Il est, toutefois, à nuancer, selon cette analyse qui se base à ce propos sur les avis de certains observateurs, que les sommes transférées risquent de subir une éventuelle réduction, suite aux perturbations économiques que connaît l’Espagne, essentiellement à cause d’un secteur des BTP mis à mal par l’explosion de la bulle immobilière.

Certes l’impact du repli espagnol sera "léger", mais étant donné que d’autres économies européennes sont aussi confrontées à des perturbations économiques, le Maroc a intérêt à compenser toute réduction potentielle des sommes transférées en facilitant et en régularisant le processus de transfert de fonds et l’investissement des expatriés marocains dans leur pays d’origine, a ajouté l’OBG, en citant le Centre marocain de conjoncture économique. Le cabinet britannique a relevé que le Maroc est le deuxième pays au niveau de la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, derrière l’Egypte, en termes de sommes transférées. A ce sujet, il a rappelé que le Maroc aurait perçu, selon la Banque mondiale, quelque 5,7 milliards de dollars envoyés par les MRE. Ces transferts auraient atteint 2,6 milliards de dollars en moyenne par an depuis 2003, ajoute l’OBG.

La même source a souligné que les transferts effectués par les MRE sont réalisés sous formes diverses, permettant de soutenir la croissance dans plusieurs secteurs de l’économie.

Il en est ainsi du marché boursier. En effet, selon le Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM) cité par l’OBG, le nombre des MRE a constitué 58% du nombre total des étrangers qui ont investi dans la Bourse de Casablanca. Parallèlement, les Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM), ou fonds mutuel, ont attiré le plus les MRE qui ont transféré 1,68 milliard de dollars au titre de l’année 2007 - soit une part de 27,8% de l’ensemble des investissements en titres d’OPCVM.

Les MRE ont également une préférence particulière pour le secteur de l’immobilier, en plus du tourisme, à travers l’investissement direct étranger sous forme d’achat immobilier au Maroc et à travers l’investissement et le revenu de ceux qui rentrent au pays pour les vacances. Le Groupe note que d’une manière plus générale, les transferts de fonds continuent d’assumer leur rôle traditionnel, qui est celui de fournir une importante source de revenus pour les membres de la famille des expatriés dans le pays, et d’augmenter l’entrée de devises étrangères.

Vu l’importance de ces transferts, a relevé la même source, le gouvernement encourage les expatriés à investir davantage dans leur pays d’origine. A ce sujet, l’OBG a rappelé qu’au mois d’août dernier, le Maroc a signé un nouvel accord autorisant le transfert d’argent électronique par le biais d’une technologie développée par l’Union postale universelle (UPU), l’organisme des Nations unies responsable des services postaux.

Recettes en constante progression

Les sommes transférées par les MRE ont totalisé 3,5 milliards de dollars pour les six premiers mois de 2008, soit une hausse de 5% par rapport à la même période de l’année dernière, a dit le Groupe, citant des chiffres de l’Office des changes.

En l’espace de 15 ans, le nombre de Marocains résidant à l’étranger a presque triplé, atteignant aujourd’hui 3,3 millions, observe le cabinet londonien, ajoutant que la communauté marocaine a connu une expansion géographique ces dernières années, mais sa concentration reste à 80% dans les pays de l’Union européenne. Ils sont 1,6 million en France, 700,000 en Espagne, les deux principaux pays émetteurs de transferts, selon cette analyse, qui souligne le rôle de plus en plus important joué par les femmes marocaines établies à l’étranger. Par ailleurs, note la même source, le nouveau système installé basé sur le transfert d’argent électronique devrait permettre d’améliorer l’accès des populations rurales à des services de transferts d’argent fiables par le biais de canaux formels, plutôt que par des méthodes informelles traditionnelles, ajoute la source.

L’OBG a souligné que la facilitation et la formalisation des transferts de fonds est une étape importante dans le cadre de la politique marocaine de soutien du volume des flux.

En outre, fait-il savoir, le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) envisage de lancer une étude sur la nature des investissements des expatriés marocains dans leur pays d’origine, notamment afin de déterminer les difficultés qu’ils rencontrent. Le CCME table sur cette étude pour insuffler un nouveau souffle à l’investissement des MRE.

Source : Le Matin - Lahcen Oudoud

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