MRE : Des transferts florissants

17 septembre 2008 - 23h12 - Economie - Ecrit par : L.A

Les sommes transférées par les Marocains résidant à l’étranger sont en hausse au premier semestre de l’année écoulée, contribuant ainsi à une augmentation des recettes et à l’injection de nouveaux fonds dans un large éventail de secteurs.

Les transferts effectués par les Marocains résidant à l’étranger (les MRE) ont totalisé 3,5 milliards de dollars pour les six premiers mois de 2008, soit une hausse de 5% par rapport à la même période de l’année dernière, selon l’Office des changes, l’établissement chargé de contrôler les opérations de change au Maroc.

Le Maroc reçoit plus de transferts que n’importe quel autre pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, derrière l’Egypte. Selon la Banque mondiale, l’année dernière, le pays aurait perçu quelque 5,7 milliards de dollars envoyés par les expatriés marocains, et ces transferts auraient atteint 2,6 milliards de dollars en moyenne par an depuis 2003. En l’espace de 15 ans, le nombre de Marocains résidant à l’étranger a presque triplé, atteignant aujourd’hui 3,3 millions de Marocains. La communauté marocaine a connu une expansion géographique ces dernières années, mais leur concentration reste à 80% dans les pays de l’Union européenne : ils sont 1,6 million en France et 700 000 en Espagne, les deux principaux pays émetteurs de transferts. Près d’un Marocain sur deux à l’étranger est une marocaine, reflétant le nombre croissant de femmes marocaines qui émigrent seules.

Les transferts effectués par les MRE sont réalisés sous formes diverses, permettant ainsi de soutenir la croissance dans plusieurs secteurs de l’économie. Selon le Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM), l’autorité nationale du marché, le nombre des MRE a constitué 58% du nombre total des étrangers qui ont investi dans la Bourse de Casablanca. Parallèlement, les Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM), ou fonds mutuel, ont attiré le plus les MRE qui ont transféré 1,68 milliard de dollars au titre de l’année 2007 – soit une part de 27,8% de l’ensemble des investissements en titres d’OPCVM.

Par ailleurs, les expatriés jouent un rôle actif dans les secteurs de l’immobilier et du tourisme, à travers l’investissement direct étranger sous forme d’achat immobilier au Maroc et à travers l’investissement et le revenu de ceux qui rentrent au pays pour les vacances.

De manière plus générale, les transferts de fonds continuent d’assumer leur rôle traditionnel, qui est celui de fournir une importante source de revenu pour les membres de la famille des expatriés dans le pays, et d’augmenter l’entrée de devises étrangères.

Selon un communiqué du Centre marocain de conjoncture économique publié dans la presse locale, « les transferts financiers effectués par les Marocains résidant à l’étranger représentent un enjeu important pour l’économie marocaine, non seulement en tant que soutien au revenu des ménages, mais aussi et surtout en tant qu’apport supplémentaire en épargne et ressource essentielle en devises. »

L’importance de ces transferts est telle que le gouvernement encourage les expatriés à investir davantage dans leur pays d’origine.

A cet effet, au mois d’août, le Maroc a signé un nouvel accord autorisant le transfert d’argent électronique par le biais d’une technologie développée par l’Union postale universelle (UPU), l’organisme des Nations Unies responsable des services postaux. Les autres pays signataires comprennent la Jordanie et la Tunisie, qui bénéficient aussi de larges sommes transférées, ainsi que le Qatar et les Emirats Arabes Unis, où un nombre croissant de Marocains ont émigré.

Selon un communiqué de l’UPU, le système devrait permettre « d’améliorer l’accès des populations rurales à des services de transferts d’argent fiables par le biais de canaux formels, plutôt que par des méthodes informelles traditionnelles. »

La facilitation et la formalisation des transferts de fonds sont une étape importante dans le cadre de la politique de soutien du volume des flux. Un certain nombre de MRE ont exprimé leurs préoccupations face à la corruption et à la bureaucratie que connait le Maroc, justifiant leurs réticences à l’idée de devoir transférer ou d’investir de larges sommes d’argent.

Le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), une institution publique représentant les MRE, envisage de lancer une étude sur la nature des investissements des expatriés marocains dans leur pays d’origine, notamment afin de déterminer les difficultés qu’ils rencontrent. Le CCME espère que cette étude permettra d’insuffler un nouveau souffle à l’investissement des MRE.

Ces avancées arrivent à un moment opportun. Face aux perturbations économiques que connaît l’Espagne, essentiellement dûe à un secteur des BTP mis à mal par l’explosion de la bulle immobilière, certains redoutent une diminution des transferts provenant de l’autre rive du détroit de Gibraltar. Selon le Centre marocain de conjoncture économique, l’impact du repli espagnol sera « léger », mais étant donné que d’autres économies européennes sont aussi confrontées à des perturbations économiques, les autorités ont intérêt à compenser toute réduction potentielle des sommes transférées au Maroc en facilitant et en régularisant le processus de transfert de fonds et l’investissement des expatriés marocains dans leur pays d’origine.

Source : Aujourd’hui le Maroc - Oxford Business Group

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Croissance économique - Transferts des MRE - Office des changes - MRE

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : Trop de centres commerciaux ?

Au Maroc, la multiplication des malls soulève des inquiétudes. Les fermetures de plusieurs franchises enregistrées ces derniers temps amènent à s’interroger sur la viabilité de ce modèle commercial.

Déficit commercial du Maroc : les chiffres qui inquiètent

Le déficit commercial du Maroc s’est accentué de 6,5 % fin novembre 2024, atteignant 275,74 milliards de DH contre 261,36 milliards de DH à la même période de l’année précédente, selon les chiffres de l’Office des Changes. Les exportations marocaines...

Immobilier au Maroc : un document administratif paralyse les ventes, les MRE touchés

Le marché immobilier marocain est en état de choc en cette période estivale marquant le retour des Marocains résidant à l’étranger (MRE) au Maroc en raison du blocage du quitus fiscal.

Jeux Olympiques vs Maroc : les MRE font leur choix

Les chiffres sont formels : l’opération Marhaba 2024 dédiée aux Marocains résidant à l’étranger a connu une légère baisse d’affluence par rapport à l’année dernière.

Les touristes boudent-ils Marrakech ?

Le secteur touristique marocain connaît une embellie fin juillet, avec l’arrivée des touristes étrangers et des Marocains résidant à l’étranger (MRE). Toutefois, des défis restent à relever pour maintenir cette dynamique.

Nord du Maroc : les gangs de retour sur les routes ?

Sur la toile, des activistes appellent les Marocains à faire preuve de vigilance lorsqu’ils circulent sur certaines routes du nord du Maroc.

Le Maroc déploie les grands moyens pour Marhaba 2025 (MRE)

Le Maroc vient d’annoncer un élargissement du dispositif maritime pour l’opération Marhaba 2025. L’objectif est d’accompagner l’afflux des Marocains résidant à l’étranger durant la période estivale, en portant la capacité des traversées hebdomadaires à...

Marocains d’Europe : Royal Air Maroc facilite le retour au pays

Royal Air Maroc (RAM) propose de nouveaux vols afin de faciliter le retour des Marocains d’Europe durant la période estivale. La compagnie aérienne prévoit plus de 6,6 millions de sièges, soit plus de 700 000 sièges supplémentaires par rapport à l’été...

Taxe d’habitation : ce que les MRE peuvent déduire en 2025

Les Marocains résidant à l’étranger peuvent bénéficier d’abattements sur la taxe d’habitation et les services communaux. À condition d’effectuer certaines démarches dans les délais, et que le logement remplisse les critères définis.

MRE : Les 2 types de fautes à ne jamais commettre à la douane marocaine

Pour les MRE, la voiture est souvent le principal point d’attention lors du passage en douane. Mais les marchandises transportées et les devises font aussi l’objet de contrôles stricts. Un manquement à la loi est vite arrivé. La loi distingue les...