Déficit commercial du Maroc : les chiffres qui inquiètent

28 janvier 2025 - 17h00 - Economie - Ecrit par : S.A

Le déficit commercial du Maroc s’est accentué de 6,5 % fin novembre 2024, atteignant 275,74 milliards de DH contre 261,36 milliards de DH à la même période de l’année précédente, selon les chiffres de l’Office des Changes. Les exportations marocaines n’ont, elles, progressé que de 5,2 % sur les onze premiers mois de 2024, tandis que les importations ont bondi de 5,7 %, aggravant davantage cette situation.

Augmentation de la facture énergétique du pays, nombre d’entreprises exportatrices insuffisant, mauvaise répartition géographique et sectorielle… Telles sont entre autres les causes profondes du déficit commercial du Maroc. Alors que le royaume compte plus de 5 000 entreprises exportatrices, 80 % du chiffre d’affaires réalisé à l’international provient de moins de 20 % d’entre elles, rapporte Challenge. Autre cause : 85 % des exportations marocaines sont concentrées dans seulement trois régions du pays, ce qui limite la diversification des sources de revenu. Sur le plan sectoriel, les exportations marocaines sont dominées par six secteurs clés : l’automobile (34,4 %), l’agriculture et l’industrie alimentaire (19,3 %), les phosphates et dérivés (17,8 %), les produits en cuir (10,7 %), l’aéronautique (5,3 %) et l’électronique (4,3 %), ce qui crée une vulnérabilité aux fluctuations économiques mondiales.

À lire :Le Maroc maintient l’excédent commercial avec la France

Face à ce tableau peu reluisant, Abdeslam Touhami, expert en économie, propose d’élargir les secteurs exportateurs, d’améliorer la compétitivité des produits marocains et de multiplier les canaux de distribution à l’international. Selon lui, il s’avère nécessaire pour le Maroc d’augmenter son volume d’exportations, tant en termes de quantité que de valeur. Il est question de diversifier les marchés d’exportation, non seulement vers l’Europe, mais aussi vers d’autres continents, et de renforcer les exportations de produits à forte valeur ajoutée, en complément des produits de base.

À lire :Le Maroc, futur terrain de jeu de la guerre commerciale sino-américaine ?

« Le Maroc perd chaque année un potentiel inexploité d’exportations d’une valeur de 120 milliards de DH, a, pour sa part, souligné Omar Hejira, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Industrie et du Commerce chargé du Commerce extérieur. Un manque à gagner considérable équivalent au budget du programme de reconstruction et de réhabilitation des régions sinistrées par le séisme d’Al-Haouz (2024-2028). À l’origine de cette perte, des capacités de production existantes mais encore non exploitées, notamment dans des secteurs sous-développés. Pour corriger le tir, le gouvernement marocain a lancé une nouvelle feuille de route pour le commerce extérieur pour la période 2025-2026, dont le dévoilement est prévu en février prochain. L’objectif, c’est de stimuler les exportations marocaines en explorant de nouvelles opportunités à l’international.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Importations - Exportations - Compétitivité - Office des changes

Aller plus loin

Douanes commerciales : la mauvaise foi du Maroc dénoncée

L’Espagne et le Maroc n’arrivent pas à trouver un accord concernant la réouverture de la douane commerciale de Melilla et l’ouverture d’un nouveau bureau à Sebta. Un point...

Gibraltar mise sur le Maroc pour une indépendance commerciale

Une route commerciale efficace entre Gibraltar et le Maroc se crée afin de permettre au territoire britannique d’outre-mer de sortir de sa dépendance vis-à-vis de l’Espagne.

Le Maroc maintient l’excédent commercial avec la France

La balance commerciale du Maroc vis-à-vis de la France affiche un excédent de 2,5 milliards de dirhams (MMDH) en 2022, indique l’Office des changes dans son rapport annuel sur...

Le Maroc, futur terrain de jeu de la guerre commerciale sino-américaine ?

La visite surprise de Xi Jinping au Maroc en novembre dernier, en marge du G20 au Brésil, a fait jaser. Plus qu’une simple escale diplomatique, ce déplacement illustre...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : une croissance paradoxale entre exportations et importations d’avocats

Alors que le Maroc produit de plus en plus d’avocat, devenant l’un des principaux fournisseurs en Europe, la part des importations continuent de croître.

Intermarché bannit la fraise marocaine

Afin de valoriser des produits de saison et du terroir français, le groupement Les Mousquetaires, qui chapeaute les enseignes Intermarché et Netto, a pris une décision radicale : bannir les fraises et les cerises de ses étals durant les mois de...

Fraude douanière au Maroc : des entreprises automobiles dans le viseur

De grandes entreprises bien connues sont soupçonnées d’être impliquées dans des cas de fraude et d’évasion douanière lors des importations de pièces détachées pour voitures et véhicules de diverses marques.

MRE : est-il interdit d’introduire des médicaments au Maroc ?

La question de l’importation de médicaments personnels se pose fréquemment pour les voyageurs se rendant au Maroc. L’Administration des Douanes marocaine a prévu un dispositif de franchise de droits de douane pour les médicaments à usage personnel....

Les Marocains de France ont transféré 5,4 milliards de DH au Maroc

En 2022, le Maroc a enregistré un pic historique dans les recettes issues des transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE), atteignant 110,7 milliards de DH, soit une progression de 16 % par rapport à 2019, d’après le dernier rapport de...

Pourquoi le Maroc importe-t-il des déchets européens ?

Interpelée au parlement sur l’importation des déchets depuis l’Europe, Leila Benali, la ministre de la Transition énergétique et du développement durable, a expliqué que cette opération est économiquement très rentable, assurant qu’elle n’aura aucun...

Maroc : la quête d’autosuffisance en dattes face aux défis climatiques

Le Maroc est le septième producteur mondial de dattes, avec un volume de 170 000 tonnes par an. Toutefois, des défis restent à relever pour le développement de la filière et satisfaire la demande nationale.

Marocains, le temps presse pour la déclaration des avoirs à l’étranger

La régularisation des contribuables, ainsi que la déclaration des avoirs liquides détenus à l’étranger, touchent à sa fin. Ces deux opérations avaient été lancées par l’Office des changes et de la Direction générale des Impôts (DGI).

Des influenceurs marocains impliqués dans des achats immobiliers illégaux à l’étranger

L’Office des changes a découvert que des influenceurs et créateurs de contenu sur Internet ont des propriétés non déclarées à l’étranger et violent les textes régissant le change.

Transferts d’argent des MRE : une année 2024 record

L’année 2024 aura été faste pour les transferts d’argent des Marocains résidant à l’étranger (MRE), selon les derniers chiffres publiés par l’Office des changes.