Femme, Marocaine et secrétaire d’Etat Belge

28 août 2003 - 12h12 - Belgique - Ecrit par :

Anissa Temsamani est le premier membre d’un gouvernement belge issu de l’immigration non-européenne. Elle veut lutter contre les mécanismes d’exclusion.« Mais je ne suis pas la représentante de la communauté marocaine ».

Comment avez-vous réagi quand on vous a proposé un secrétariat d’Etat ?

J’ai été très étonnée. Comme d’ailleurs le 18 mai, quand j’ai été élue de manière très inattendue à la Chambre. Quand Steve Stevaert m’a appelée, c’était vraiment une grande surprise.

Votre nom a-t-il joué dans le choix de votre parti, le SP.A ?

Pourquoi me posez-vous cette question-là ? Il faut replacer ce choix dans un contexte plus large. Les socialistes flamands ont participé au gouvernement précédent avec de très bons ministres. Les électeurs ont apprécié cela. Il y a aussi eu un effet de renouveau avec le cartel SP.A-Spirit. Sur toutes les listes, les femmes ont fait de bons scores. Ce serait triste pour moi si on m’avait choisie à cause de mon nom ! J’ai une expérience politique : j’ai travaillé au cabinet de Johan Vande Lanotte, j’ai participé à des groupes de travail au sein du parti sur la mobilité, l’immigration... Je suis convaincue qu’on m’a désignée pour mes compétences.

Comment la communauté marocaine a-t-elle réagi ?

J’ai surtout eu des signaux venant du Maroc : on m’envoie des mails pour me dire que je suis un exemple pour l’émancipation de la femme. Ici, j’ai été reçue à l’ambassade et au consulat général à Anvers.

Pas de réactions négatives ?

Pas directement. Mais j’ai lu dans des journaux flamands des lettres de lecteurs anversois qui disaient que la communauté marocaine avait désormais sa représentante au gouvernement. À cela, je réponds clairement que j’ai été élue par tous les Belges, que je représenterai toute la population et pas seulement une frange de celle-ci. Ils le verront dans mes actes. L’ouvrier qui souffre de la chaleur sur un chantier peut être marocain, turc ou belge : si je prends des mesures, elles seront bonnes pour tous.

Cette entrée en politique active, c’est un défi...

Certainement. Un beau défi. J’ai eu personnellement beaucoup d’opportunités sur le plan de l’éducation, de l’enseignement, du travail... Je constate aussi que pas mal de gens autour de moi, issus de l’immigration ou belges, n’ont pas eu cette chance-là. Cela m’a motivée pour agir.

Vous parlez parfaitement le français. La connaissance des langues du pays où on vit...

... c’est essentiel ! Je suis même favorable à un système comme aux Pays-Bas, où on impose des cours de langue. C’est prévu dans un décret en Flandre pour les nouveaux arrivants, mais pas pour les étrangers installés chez nous depuis longtemps. La langue est pourtant un pilier essentiel pour pouvoir se faire connaître et trouver un emploi.

Vous habitez à Malines où le Vlaams Blok fait de gros scores.

Je pars du point de vue que les électeurs n’y sont pas spécialement racistes. Si beaucoup votent pour le Vlaams Blok, c’est parce qu’ils sont eux-mêmes exclus et constatent que d’autres réussissent mieux. Il faut lutter contre les mécanismes d’exclusion : je suis sûre que c’est ainsi qu’on fera reculer le Blok. Prenez l’exemple de Gand, où le bourgmestre va sur le terrain et discute avec les gens : le Vlaams Blok y a diminué de 2pc. Pour moi, c’est un espoir, ça veut dire que le contact avec la population joue un rôle très important. C’est le grand défi de Patrick Janssens à Anvers. Si j’ai adhéré au parti socialiste flamand, c’est notamment grâce à lui. Quand il est devenu président du SP.A, il s’est immédiatement prononcé pour l’octroi du droit de vote aux élections communales pour les étrangers non-européens. Il avait une vision sur l’intégration et l’immigration beaucoup plus ouverte que les socialistes flamands 8 ou 9 ans auparavant.

Source : La libre Belgique

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