Belgique : Le foulard restera l’affaire des écoles

10 septembre 2003 - 12h01 - Belgique - Ecrit par :

Pas question de réglementer le port du foulard à l’échelon de la Communauté française.
Alors qu’une nouvelle affaire d’interdiction monopolise la rentrée scolaire, à Laeken.

A Bruxelles, plus de huit écoles sur dix interdisent aujourd’hui le port du foulard à leurs élèves. L’athénée de Laeken (Bruxelles 2) vient de rejoindre ce groupe. Une décision très fortement médiatisée depuis la rentrée. L’interdiction de tout couvre-chef ne figure en effet dans son règlement que depuis quelques semaines. Et plusieurs élèves ont bien du mal à l’accepter. On les a d’ailleurs vues manifester, avec leurs parents, à plusieurs reprises, devant les portes de leur établissement. « Cela pose surtout problème pour les jeunes filles qui entrent en sixième », reconnaît le directeur, Francis Lees. « Comme il est obligatoire de suivre la cinquième et la sixième années dans la même option, nous devons trouver un établissement où elles peuvent continuer dans la même orientation en gardant leur foulard. » Car si l’idée du directeur est bel et bien de chercher une solution pour que les élèves désirant continuer à porter leur foulard puissent poursuivre leur scolarité dans les meilleures conditions, il n’est aucunement question de les réintégrer.

Ce mercredi, une nouvelle rencontre est prévue entre le délégué de la fédération des mosquées de Belgique, deux représentants de l’association des parents, un professeur et le directeur, afin de dégager le meilleur dénouement possible. Un point, en tout cas, semble rassembler tous les intervenants. Il s’agit de la nécessité d’entamer un débat de société sur la question. D’élargir le débat et de le mener à son terme. « On ne peut continuer à focaliser sur quelques écoles », lit-on sur la note rédigée en conclusion d’une première réunion, lundi.

D’autant qu’aiguiller les jeunes filles qui tiennent à porter le foulard vers les quelques écoles qui continuent à les accepter contribue sans nul doute à la fabrication d’écoles ghettos. « Je suis actuellement à la recherche d’autres écoles pour mes élèves », confirme Francis Lees. « Mais je reconnais que cette solution n’est pas la meilleure, à terme. » Et de regretter l’importance du problème qui, depuis plusieurs mois, monopolise quasiment tout son temps. « J’ai 420 élèves en tout et, c’est vrai, je ne peux m’occuper que de cela ! »

Quid, dès lors, d’une directive qui viendrait de plus haut ? Le ministre de l’Enseignement secondaire, Pierre Hazette, préfère laisser aux écoles le soin de décider. « Je me reporte à l’article 9 de la Convention des Droits de l’Homme qui parle de liberté d’expression religieuse. Son premier article consacre cette liberté. Le second détaille à quelles conditions celle-ci peut être limitée. Je me prononce donc clairement pour laisser aux écoles, après analyse de la situation qu’elles connaissent, le soin de décider. Globalement, parmi les circonstances qui pourraient conduire à une interdiction du voile, je vous citerais par exemple la non-fréquentation de certains cours, comme la gymnastique ou la natation et le manque de sécurité dans les laboratoires et les ateliers. » Sa situation a poussé Bruxelles 2 à trancher, récemment, dans ce sens. Une décision appuyée par le ministre.

« Le décret Missions préconise l’assiduité à tous les cours. Quant au décret qui fixe les obligations de neutralités dans les écoles de la Communauté française, il proscrit tout prosélytisme », détaille encore le ministre, pour expliquer que, vu l’existence de ces textes-là, il ne voit pas l’utilité d’en prévoir d’autres. « La France travaille bien sur une proposition de loi qui vise à interdire le foulard dans toutes les écoles. Pour notre part, nous n’optons pas pour cette possibilité. Notre manière de procéder aujourd’hui nous situe dans le deuxième paragraphe de l’article 9 de la Convention des Droits de l’Homme. Avec un texte tel qu’en prévoit la France, on repasserait dans le premier. Et il faudrait être extrêmement prudent pour ne pas attenter à la liberté que ce texte protège. »

La Libre Belgique, Belgique

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