France : L’immigration toujours au centre de la campagne électorale

30 mars 2007 - 00h17 - France - Ecrit par : L.A

A moins d’un mois des élections présidentielles en France, la carte politique est devenue plus claire. Pour les prochaines élections le Conseil Constitutionnel a validé 12 candidats. Le président Jacques Chirac pour la première fois déclare son soutien à son « fils maudit », Nicolas Sarkozy, le candidat de la droite française qui va quitter cette semaine son poste contesté de ministre de l’Intérieur.

Les sondages aussi se stabilisent, ils donnent la première place au candidat de la droite et la deuxième pour la candidate des socialistes Ségolène Royal, même au deuxième tour. François Bayrou, le candidat du centre droite connaît une légère baisse mais s’installe comme le troisième homme de ces élections. C’est lui la grande surprise de ces élections en tenant un discours anti-système et scandant un slogan ni droite ni gauche. Cela a déstabilisé une partie de l’électorat indécis de gauche, ce qui a amené l’équipe de la candidate socialiste à dévoiler l’histoire du candidat du centre-droite et de centrer les tirs sur lui. Le premier secrétaire du Parti socialiste François Hollande l’a bien formulé « Bayrou, l’autre candidat de droite ». Il y a aussi une mobilisation plus intense chez les représentants de la rose, même l’ancien Premier ministre, Lionel Jospin, est sorti de sa retraite pour mettre la main à la pâte.

Si le candidat de l’UDF reste troisième, celui de l’extrême droite, Jean-Marie Le Pen, est toujours en quatrième position, stable dans les sondages mais mieux placé que dans les dernières élections de 2002 où il avait créé la surprise en réussissant à passer au deuxième tour devant le candidat de la gauche à l’époque Lionel Jospin.

Mais la bataille de la candidate socialiste est très rude et les fronts sont multiples en plus de ses deux grands concurrents, le représentant de la droite et surtout celui du centre droite. En effet sur les 12 candidats officiels à ces élections, il y a plus de candidats à gauche, ce qui disperse les voix de la gauche et menace même parfois la candidate la mieux placée à gauche, Ségolène Royale qui risque de ne pas avoir de place au deuxième tour. La gauche est représentée par Dominique Voynet du parti des Verts, José Bové altermondialiste, Marie-George Buffet du Parti communiste, Olivier Besancenot de la Ligue communiste révolutionnaire, Arlette Laguillier de Lutte ouvrière et Gérard Schivardi pour le Parti des travailleurs. En tout cas, la probabilité que la catastrophe de 2002 se répète avec l’absence de la gauche au deuxième tour est forte en raison de cette possible dispersion.

Le même risque existe pour le candidat de la droite, Nicolas Sarkozy. Chaque fois que le candidat de l’extrême droite, Jean-Marie Le Pen augmente dans les sondages, le candidat de l’UMP perd des points. Il y a aussi un autre extrémiste, Philippe De Villiers mais il est encore faible dans les sondages. Cette situation pousse l’héritier de Chirac à muscler son discours sur l’immigration et même à proposer un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale. Pendant plus de 30 ans, l’extrême droite française a réussi à imposer le sujet de l’émigration sur la scène politique française d’une façon négative mais avec une différence de taille : aujourd’hui les enfants de l’immigration surtout maghrébine sont présents dans la bataille électorale presque dans tous les partis.

On peut citer Najat Belkacem, porte-parole de Ségolène Royal et candidate aux législatives à Lyon, Kamel Chibli élu et membre du staff de Ségolène Royal, chargé des banlieues et de l’organisation des déplacements, Rachida Dati, porte-parole de Nicolas Sarkozy et Aziz Senni, conseiller spécial de François Bayrou et candidat aux législatives à Mante-la-Jolie. Le Ministre Azouz Begag soutient François Bayrou depuis les déclarations de Sarko sur les banlieues et autres. Aujourd’hui, lesenfants des immigrés ne regardent pas les élections comme spectateurs, ils sont dans tous les partis et dans la bataille électorale même si le seul candidat maghrébin Rachid Nekkaz n’a pas pu obtenir les 500 signatures d’élus pour se présenter.

Mais dans les quartiers où il y a une concentration de la population issue de l’immigration cumulant de nombreuses difficultés économiques et sociales à cause de la discrimination et d’une certaine politique de la ville pendant 30 ans, la candidate des socialistes, Ségolène Royal, a la cote et multiplie les visites dans les banlieues, elle qui veut être « présidente d’une France métissée », quand le candidat de la droite voulait « nettoyer les cités au Karcher ». La socialiste dit que les « jeunes ne sont pas un problème mais une partie de la solution ». Son discours et ses gestes sont appréciés. Kamel Chibli, membre du staff de la candidate chargé des banlieues et de l’organisation des déplacements, est très présent dans les quartiers pour mobiliser ses réseaux dans les associations et permettre aux jeunes de dialoguer et d’échanger avec la candidate. Ségolène Royal multiplie les visites des quartiers et engage le dialogue avec les jeunes tandis que le candidat de la droite les évite pour le moment.

Libération - Youssef Lahlali

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