Un groupe Facebook raciste lié à Jordan Bardella embarrasse le RN

Un groupe de discussions raciste, antisémite et homophobe dédié à Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN) et hébergeant des membres et cadres du parti dont neuf députés RN a été découvert sur Facebook.

Une enquête a permis au site d’information en ligne Les Jours de découvrir l’existence d’un groupe Facebook dédié à Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN). Intitulé « La France avec Jordan Bardella », ce groupe privé est administré par plusieurs cadres, ex-candidats et collaborateurs parlementaires de la formation lepéniste dont Rémi Garnier, Gérôme Corblin, comptait jusqu’à la semaine dernière, quelque 11 500 membres adhérents ou sympathisants du parti d’extrême droite.

Parmi eux, figurent neuf députés RN : Nicolas Dragon (l’Aisne), Christian Girard (Alpes-de-Haute-Provence), René Lioret (Côte-d’Or), Caroline Colombier (Charente), Nathalie Da Conceicao Carvalho (Essonne), Pascal Markowsky (Charente-Maritime), Pascale Bordes (Gard), Laurence Robert-Dehault (Haute-Marne) et Monique Griseti (Bouches-du-Rhône). Ceux-ci ont rejoint le groupe entre septembre 2023 et janvier 2024.

Intitulé « La France avec Jordan Bardella » s’illustre par les appels à la haine et à la violence, les propos antisémites, islamophobes, racistes et homophobes. « Les arabes dehors », « la France est dirigée par les juifs sionistes », « Macron petit pédé », « Déjà, les sionistes dehors ! Vous n’avez pas à commander le peuple ! Et toute la merde planétaire que vous avez fait rentrer pour hybrider la France, elle dégage avec vous ! », a pu recenser le site Les Jours qui s’est infiltré au sein du groupe. Autres messages : « Il y a que ça pour redresser ma France et virer tous ces sionistes qui vivent sur le cul des Français », pouvait-on lire sous un visuel Marine Le Pen et Jordan Bardella.

Aucun député RN présent sur le forum n’a réagi à ces messages racistes et antisémites alors qu’en tant qu’élu du peuple chacun devrait les signaler selon l’article 40 du Code de procédure pénale. Aucun des auteurs de ces posts n’a été exclu du groupe, ni aucun message modéré.

Lorsque le média en ligne entre en contact avec les élus pour échanger avec eux au sujet du groupe et des posts qui sont publiés, c’est la débandade. Plusieurs d’entre eux quittent « la France avec Jordan Bardella ». Les administrateurs ont dû renommer le groupe « Pour la France », avant de le quitter.

Après publication de l’enquête, c’est seulement le député Nicolas Dragon qui a répondu aux questions du média. Il assure qu’il ignore comment il a intégré ce groupe, peut-être « sur proposition de quelqu’un par le biais d’une invitation à rejoindre tel groupe comme [il] en reçoi[t] des dizaines et des dizaines par semaine ». Il a expliqué qu’il n’était pas au courant de ce qui se dit ou se partage sur ce groupe. « (…) Je n’y vais jamais tout simplement, je n’ai pas le temps disponible pour le faire. […]Je vais donc quitter ce groupe, compte-tenu de ce que j’ai pu découvrir », a-t-il ajouté.