Parmi les nouvelles figures de la chanson populaire : Jedwane, une des rares voix à avoir une audience nationale très large dépassant même les frontières du pays, puisque l’une de ses principales audiences est la communauté maghrébine en Europe. Né à Rabat d’un père marrakchi et d’une mère fassie, El Mokhtar Jedwane a baigné depuis son enfance dans l’atmosphère musicale des deux origines riches par elles-mêmes en sonorités et en répertoires populaires.
Les débuts de sa vocation de chanteur peuvent se situer à partir de la décennie 80 à la suite du formidable engouement pour le courant des années 70 (Nass El Ghiwane, Jil Jilala, Lemchaheb) ; il était également touché par les chansons en vogue telles celles de Ziani, Boutbol ou Hamid Zahir.
Vers la fin de 1983, Jedwane créa son orchestre (des violons, la batterie, une guitare électrique, un orgue électronique) et se produisit surtout dans les fêtes privées ou publiques de Rabat et de Salé, une plate-forme qui a attiré un producteur de la place et qui a valu à Jedouane quelques années plus tard, un premier contrat d’édition.
Les productions se sont succèdées puisque en 1987 il édite son premier album "Ana lamsikina" inspiré d’une chanson du Golfe arabique. Ce fut un succès inespéré ; sur les 7 chansons de l’album, 4 sont déjà des créations de Jedwane (paroles et musique). Ensuite un deuxième album est sorti en 1988. C’est l’occasion pour lui de présenter une chanson aux allures patriotiques "Janna, janna, maghrib ya watanna". En 1989 "Ba’a-âd man lahram wah ya rrajel" (Eloigne-toi de l’illicite) est accueillie avec indifférence au Maroc, mais reprise en France par une certaine Sabah avec un énorme succès en audio et en vidéo.Puis en en 1990 "Jabha lwaqt" clôture la première phase de la carrière de Jedwane.
De 1987 à 1990, Jedwane a donc produit 4 albums (à raison d’un album par année) ; après cette première période, il se consacre à "autre chose" : entre autres, la préparation de son baccalauréat (qu’il obtient en 1987) puis un DEUG de droit. Pendant trois ans , il aurait à peine enregistré une cassette vidéo en 1992.
En 1994, un nouveau départ a été préparé par la sortie à la fin de 1983 de l’album "Moul taxi", ce départ marque le souci de Jedouane à travailler des rythmes composés et alternatifs comme dans l’album "Khallitni nsaïn". La musique de Jedouane est fortement influencée par son écoute de ténors de la chanson moderne marocaine tels Brahim Alami ou Abdelkader Rachdi, mais aussi un court passage dans les classes de solfège du Conservatoire de Rabat a pu le sensibiliser au travail de réflexion sur la rythmique. "Khallitni nsaïn" est un véritable succès, et la chanson est reprise dans toutes les fêtes dans tous les coins du Maroc.
Jedwane devient une véritable star nationale. Il est très sollicité pour animer les mariages ou fêtes familiales de tout genre. C’est la période où il commence à se produire en France et en Belgique pour satisfaire la demande de la communauté marocaine sur place. De toute sa démarche peut se dégager une ambition d’élever le niveau musical du chaâbi sur les plans thématique, rythmique et mélodique ; nous sommes donc en présence d’un style élégant et "chic". Il tient, tout en respectant la contrainte du marché, à proposer une nouvelle thématique pudique et réaliste en reprenant à partir de 1996 le chemin des studios : en 1996, "Chkoun kan sbab", quelques "hagouzat" du Moyen-Atlas puis en 1998, "Bghini nebghik" où il insère sa nouvelle chanson en "tachelhit" "Ourigh amma lma’qoul" (elle a nécessité 8 mois de préparation avant d’être réalisée).
Le dernier album de notre artiste est produit en juillet 1999, il a été diffusé à travers le Maroc au mois de décembre ; il s’intitule "Sarhini" (Dis-moi la vérité) et comprend 9 chansonnettes organisées sur le principe du cycle ou "wasla" (2 cycles en tout) avec à la fin de chaque cycle une chanson indépendante. Jedouane continue sa carrière et ses tournées continuent en France, en Belgique, aux Pays-Bas, au Canada, en Allemagne, au Danemark, en Italie et dernièrement la grande soirée du Palais des Sports à Bercy le 1er janvier 2000 devant 18.000 spectateurs dans le cadre d’un plateau d’artistes marocains et arabes.
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