L’exception marocaine...

1er octobre 2002 - 21h58 - Maroc - Ecrit par :

Dans un contexte international où, plus que jamais, le monde arabe passe pour un synonyme de despotisme, d’obscurantisme religieux et de tentations violentes...

le Maroc s’est rendu aux urnes en administrant la preuve d’une exception : tout y a été fait, par le roi Mohammed VI, les pouvoirs publics et la société civile, pour un vote libre, événement rarissime en terre arabe sauf, il faut le rappeler dans les circonstances actuelles, lors des premières élections en Palestine, en janvier 1996, jugées " régulières et équitables " par les observateurs internationaux.
Au Maroc, " royaume exemplaire " cher au maréchal Lyautey, l’élection législative du 27 septembre pourrait réconcilier la monarchie chérifienne avec la démocratie.

Un demi-siècle après l’accession à l’indépendance de l’ancien protectorat, le "pays le plus occidental" du monde arabe a la chance de renouveler le pacte entre ses habitants et le trône : en 1953, après la déposition et l’exil forcé du futur roi Mohammed V, le mouvement national avait fait cause commune avec le sultan. Ce fut " la révolution du roi et du peuple ". Aujourd’hui, l’enjeu n’est pas moindre : après avoir réussi sa première élection régulière, tenue à l’échéance prévue et dans des conditions incontestables, le Maroc pourrait transformer l’essai en fondant son développement sur la participation du plus grand nombre, alliant modernité et tradition, changeant ses "sujets" en citoyens.

Le chemin s’annonce long et incertain. Car, après quarante ans de fraude électorale, de "partis de l’administration" créés de toutes pièces par le palais et de scores attribués à l’opposition "de" - et non pas "à" - Sa Majesté, les habitudes ont la vie dure au royaume. Loin d’être le lointain sanctuaire du pouvoir, le makhzen - le réseau relationnel et patrimonial du trône alaouite - est ancré dans l’esprit de tous les Marocains. Pour s’en convaincre, il suffit de rappeler un fait, éclipsé par l’actualité heureuse de ces derniers jours : depuis son indépendance, en 1956, le royaume n’a organisé que cinq scrutins législatifs, et seul celui de 2002 a eu lieu à l’expiration du mandat conféré par la consultation précédente. Lorsqu’il s’est émancipé du colonialisme français et espagnol, le pays s’est doté d’un simple conseil consultatif, nommé par le roi et présidé par... Mehdi Ben Barka. Ensuite, l’état d’exception est devenu la règle, en raison d’une lutte sans merci entre le monarque et la gauche révolutionnaire, puis de la " cause sacrée " du Sahara, les " provinces du Sud " qu’il fallait à tout prix récupérer.

En l’absence d’élections, la médiocrité des partis marocains, leur dépendance à l’égard du pouvoir royal, leur manque de démocratie interne et la "gérontocratie" que constituent leurs directions ne devraient guère étonner au royaume de l’arbitraire. Pas plus que l’incrédulité d’une population pour qui le "jeu" politique est, avant tout, affaire de cooptation et de vénalité. C’est dire combien il sera difficile, et essentiel, de passer d’une mauvaise à la bonne exception.

Le Monde

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Terrorisme - Religion

Ces articles devraient vous intéresser :

Voici la date de l’aïd al fitr 2025 en France

Débuté le 1ᵉʳ mars dernier, le mois du ramadan touche progressivement à sa fin. Le Conseil théologique musulman de France (CTMF) a annoncé la date de l’Aïd al-Fitr, marquant la fin de la période de jeûne.

Voici la date l’Aïd Al-Adha au Maroc selon les calculs scientifiques

Le premier jour de l’Aïd al-Adha au Maroc sera célébré le lundi 17 juin 2024, correspondant au 10ᵉ jour du mois de Dhou al-Hijja de l’année 1445 de l’Hégire. Cette annonce émane des calculs astronomiques effectués par des scientifiques.

Ramadan et menstrues : le tabou du jeûne brisé

Chaque Ramadan, la question du jeûne pendant les menstrues revient hanter les femmes musulmanes. La réponse n’est jamais claire, noyée dans un tabou tenace.

Officiel : l’Aid al fitr au Maroc, lundi 31 mars

L’Aïd el fitr sera célébrée le lundi 31 mars au Maroc, vient de confirmer le ministère des Habous et des Affaires islamiques. Voici le communiqué complet.

Aïd al-Adha : les moutons bannis des souks au Maroc

Les autorités locales de plusieurs provinces et communes au Maroc ont interdit l’introduction de moutons et de chèvres dans les souks hebdomadaires. En d’autres termes, leur vente pour l’Aïd al-Adha

Le burkini banni dans plusieurs piscines au Maroc

Au Maroc, l’interdiction du port du burkini à la piscine de certains hôtels empêche les femmes musulmanes de profiter pleinement de leurs vacances d’été. La mesure est jugée discriminatoire et considérée comme une violation du droit des femmes de...

Au Maroc, le hijab plébiscité, les excès rejetés

Une enquête menée par la Fondation Menassat pour les recherches et études sociales révèle qu’une majorité de Marocains sont en faveur du port du voile dans l’espace public.

Voici la date de l’Aid al adha en France

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) vient d’annoncer la date de l’Aïd al-Adha en France. Cette fête intervient le 10ᵉ jour du mois de Dulhijja (12ᵉ mois lunaire).