Le président-fondateur du musée du judaïsme marocain et secrétaire général de la communauté juive de Casablanca, Simon Lévy, a qualifié mercredi l’assassinat de Cheikh Ahmed Yassine par l’armée israélienne d’"acte bestial relevant du terrorisme d’Etat".
"Il y a un terrorisme d’Etat sanctifié par (le président américain) George Bush et il y en a un autre", a déclaré le responsable communautaire à l’Associated Press.
S’exprimant avant tout en tant que "juif marocain" et "homme du tiers-monde", il estime que ce genre d’assassinat ciblé justifié par la lutte antiterroriste signe "l’échec (du Premier ministre israélien Ariel) Sharon à assurer la sécurité d’Israël".
"Il y a des extrémistes des deux côtés qui ne veulent pas accepter le compromis nécessairement douloureux d’Oslo qu’il ont tout fait pour faire capoter, les uns en tuant Yitzhak Rabin, les autres en faisant élire Benyamin Nétanyahou", déplore Lévy qui déclare "la guerre à la complaisance et aux extrémismes".
"Les juifs du Maroc ont pris officiellement position pour la création d’un Etat palestinien viable avec Al Qods (Jérusalem) comme capitale", rappelle Simon Lévy, ancien membre dirigeant du Parti populaire socialiste marocain (PPS, ex-communiste).
"Où est le sens des responsabilités de Bush quand il est allé frapper l’Irak quand des millions de personnes lui ont dit qu’il allait allumer un nouveau foyer de terrorisme ? Est-ce que le judaïsme va rester encore longtemps au premier rang de cet affrontement pré-apocalyptique ?", s’interroge Simon Lévy avant de souligner : "la communauté juive marocaine est admirable de courage et d’attachement à son pays. Je demande qu’on la laisse vivre là où elle née, là où elle a ses tombes, et son présent qui prouve aujourd’hui encore, dans les faits, que juifs et musulmans peuvent vivre, produire et chanter ensemble".
Présente au Maroc dès avant l’ère chrétienne, la communauté juive marocaine, largement intégrée à tous les niveaux de la société et jouissant d’une totale liberté de culte, compte actuellement 4.000 membres contre 300.000 en 1948. Elle a été symboliquement visée par trois des cinq attentats imputés à Al-Qaïda le 16 mai 2003 à Casablanca (45 morts dont 12 kamikazes).
Le roi du Maroc Mohammed VI, "commandeur des croyants" selon la Constitution, avait pour sa part qualifié mardi "d’agression ignoble" l’assassinat la veille du cheikh Ahmed Yassine, fondateur et chef religieux du mouvement radical palestinien Hamas.
Amorcé en 1994, le processus de normalisation diplomatique entre Rabat et Israël est officiellement gelé depuis la reprise de l’Intifada fin septembre 2000. AP
Ces articles devraient vous intéresser :
