La promulgation de la loi sur l’usage du cannabis à des fins médicales constitue une avancée au Maroc, mais elle pourrait avoir des conséquences directes sur le marché illicite français. C’est du moins ce que pense l’office anti-stupéfiants (OFAST) dans une note consultée par Europe 1. Le royaume prévoit que 30 % de la surface cultivée du cannabis soit réservée à cette activité légale. Les policiers spécialisés entrevoient déjà « une perte pour les trafiquants de stupéfiants ». Selon eux, il y aura une « période de transition nécessaire aux trafiquants pour mettre en œuvre leur stratégie », ce qui pourrait impacter négativement les marchés et ferait par conséquent augmenter le prix du cannabis.
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La légalisation du cannabis marocain pourrait engendrer une autre conséquence : la production par les organisations criminelles des résines encore plus concentrées en THC, des produits très recherchés par les consommateurs français et qui se vendent à des prix plus élevés (entre 15 et 25 euros le gramme, contre 8 euros pour la résine classique). Outre l’impact de la loi marocaine sur les organisations criminelles locales — le cannabis illégal génère environ 19 milliards d’euros par an et fait vivre entre 90 000 et 140 000 familles selon un rapport de 2019 —, « cette intensification des violences entre groupes rivaux pourrait ainsi se manifester […] également sur le territoire français », écrivent les policiers spécialisés.
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L’OFAST redoute par ailleurs le développement de nouvelles formes de criminalité notamment avec l’arrivée possible d’investisseurs étrangers dans la vallée du Rif au sein de la filière de cannabis légal comme ce fut le cas pour l’Argentine.