Les Marocains de Belgique dans la tourmente terroriste

22 octobre 2005 - 20h30 - Belgique - Ecrit par : Bladi.net

La Belgique s’apprête à organiser contre le terrorisme un grand procès à valeur pédagogique. Dix huit Marocains ou originaires du Maroc seront déférés devant le tribunal correctionnel de Bruxelles.

La Belgique, siège de l’Union Européenne et de l’Organisation de l’alliance atlantique, est considérée aujourd’hui comme une base logistique pour les réseaux terroristes qui opèrent en Europe. Industrie des faux papiers portée à une efficacité inégalée, circuits de financements occultes des plus actifs, la Belgique supporte aujourd’hui la réputation du maillon faible de la lutte européenne contre la terreur organisée.
Par la force de la pression migratoire, plus la France durcissait ses lois sur l’immigration, plus la Belgique récupérait le surplus. Même si aucun attentat de grande ampleur n’a eu lieu sur le sol belge, on rappelle volontiers qu’en septembre 2001, les deux Tunisiens déguisés en journalistes qui avaient assassiné par le biais d’une caméra piégée, le chef de la résistance afghane Ahmed Shah Massoud, avaient voyagé, de la Belgique vers l’Afghanistan, avec des passeports belges. Sans oublier l’épisode de Nizar Trabelsi, cet ancien joueur tunisien de football reconnu coupable d’avoir préparé un attentat à l’explosif contre une la base militaire belge de Kleine Brogel occupée par les Américains.
Le procès de Bruxelles est le fruit d’une longue opération menée par les services belges sous le nom de code « opération Asperges ». Le grand signal d’une grande vague d’arrestations fut donné en mars 2004 avec l’arrestation de Khaled Bouloudo, par hasard, au cours d’un contrôle de routine à la frontière entre la Hollande et la Belgique. Khaled Bouloudo, âgé de trente ans, natif de Belgique dont la femme était devenue une célébrité locale, dans la petite ville de Maaseik, pour avoir refusé d’enlever son « burka », est recherché par la police marocaine pour son implication dans les attentats de Casablanca. Il est présenté comme le coordinateur belge du groupe islamique combattant marocain (GICM) que Washington et Londres viennent d’inscrire sur leurs listes d’organisations terroristes indésirables et à combattre.
Les arrestations qui avaient suivi celle de Bouloudou avaient mis en lumière l’existence d’un réseau fort efficace de fabrication de vrais faux papiers qui permettent de franchir les frontières les plus étanches. L’exemple est cité de ce jeune Marocain de vingt-huit ans, Youssef Ahmed, arrêté en Belgique et extradé vers l’Espagne. La police espagnole croit avoir reconnu en lui la personne qui revendique dans une vidéo la responsabilité des attentats de Madrid au nom d’Al Qaeda en Europe. Il effectua de fréquents séjours à Londres et en Arabie saoudite. Lors de son arrestation, la police aurait découvert sur lui la somme de quatorze mille trois cent dollars. On lui attribue par ailleurs des liens de parenté avec un autre Marocain extradé de Syrie, Mimoun Belhaj, actuellement en prison au Maroc.
L’autre exemple de l’efficacité de ce réseau belge est illustré par l’itinéraire et la personnalité de Abdelkader Hakimi, âgé de trente-neuf ans, présenté comme le dirigeant européen du GICM en compagnie de Lahoussine El Haski, vingt-neuf ans, beau frère de Khaled Bouloudo, de Mustapha Lounani, quarante et un ans et de Abdallah Ouahbour, trente et un an. Selon les services belges, Abdelkader Hakimi disposait de nombreuses identités qui lui auraient permis de vivre en Algérie, en Libye, en Turquie et en Bosnie.
Autre exemple cité de soutien logistique belge passe par le jeune Marocain Mourad Chabarou, vingt-cinq ans, arrêté après que les services italiens aient enregistré un conversation téléphonique très parlante entre lui et l’Egyptien Rabei Osman Sayed Ahmed, actuellement detenu en Italie et soupçonné d’être le cerveau des attentats de Madrid. Après l’arrestation de Mourad Chabarou, soupçonné de travailler au sein d’un réseau qui alimente l’insurrection irakienne en hommes, la police belge découvre chez lui les empreintes d’un autre Marocain, Mohamed Afalah, né le 25 janvier 1976 à Ighmiren, au Maroc, très directement lié aux attentats de Madrid. Les Espagnoles croient savoir que M. Afalah est parti directement de Belgique vers l’Irak, via la Syrie où il se serait immolé dans un attentat suicide entre le 12 et 19 mai dernier. Ils en veulent pour preuve les tentatives de Afalah de joindre son père au téléphone depuis cette région.

Mustapha Tossa - Maroc Hebdo

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Belgique - Terrorisme

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : les casinos sous haute surveillance

Dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, les services compétents du ministère de l’Intérieur ont effectué des missions de contrôle dans sept casinos entre avril et septembre 2024, et démantelé plusieurs...

Projet d’attentat déjoué au Maroc : Treize individus arrêtés par le BCIJ

Treize personnes ont été arrêtées par le Bureau Central d’Investigations Judiciaires (BCIJ), jeudi dernier. Soupçonnés d’être partisans de l’organisation terroriste « État islamique », les individus ont été arrêtés lors d’opérations menées dans...

Blanchiment d’argent : Le Maroc serre la vis et ça paye

La lutte contre les activités de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme connaît des progrès significatifs au Maroc. En témoigne le nombre de déclarations de soupçon reçues par l’Autorité nationale du renseignement financier (ANRF) en...

Une cellule préparant des attentats au Maroc démantelée

Le Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ), se basant sur des informations fournies par la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), a annoncé le démantèlement d’une cellule terroriste liée à l’organisation Daech. Cette...

Le Maroc frappe un grand coup dans la lutte contre le terrorisme

Une cinquantaine d’individus ont été arrêtés mercredi au Maroc lors d’une importante opération visant des membres présumés de groupes djihadistes.

Coup de filet au Maroc contre une cellule terroriste planifiant des attaques

Cinq individus, âgés entre 22 et 46 ans, soupçonnés d’appartenir à l’organisation terroriste Daesh et de préparer des attentats contre des installations vitales et des institutions sécuritaires, ont été arrêtés par les forces de sécurité marocaines.

Terrorisme au Maroc : une lutte permanente depuis 2003

L’extrémisme islamiste au Maroc a été marqué par cinq moments forts, dont notamment les attentats de Casablanca en 2003 et 2007, le printemps arabe en 2011, et la création de l’État islamique (EI) en 2014. Pour lutter contre le phénomène, les autorités...