La Belgique, siège de l’Union Européenne et de l’Organisation de l’alliance atlantique, est considérée aujourd’hui comme une base logistique pour les réseaux terroristes qui opèrent en Europe. Industrie des faux papiers portée à une efficacité inégalée, circuits de financements occultes des plus actifs, la Belgique supporte aujourd’hui la réputation du maillon faible de la lutte européenne contre la terreur organisée.
Par la force de la pression migratoire, plus la France durcissait ses lois sur l’immigration, plus la Belgique récupérait le surplus. Même si aucun attentat de grande ampleur n’a eu lieu sur le sol belge, on rappelle volontiers qu’en septembre 2001, les deux Tunisiens déguisés en journalistes qui avaient assassiné par le biais d’une caméra piégée, le chef de la résistance afghane Ahmed Shah Massoud, avaient voyagé, de la Belgique vers l’Afghanistan, avec des passeports belges. Sans oublier l’épisode de Nizar Trabelsi, cet ancien joueur tunisien de football reconnu coupable d’avoir préparé un attentat à l’explosif contre une la base militaire belge de Kleine Brogel occupée par les Américains.
Le procès de Bruxelles est le fruit d’une longue opération menée par les services belges sous le nom de code « opération Asperges ». Le grand signal d’une grande vague d’arrestations fut donné en mars 2004 avec l’arrestation de Khaled Bouloudo, par hasard, au cours d’un contrôle de routine à la frontière entre la Hollande et la Belgique. Khaled Bouloudo, âgé de trente ans, natif de Belgique dont la femme était devenue une célébrité locale, dans la petite ville de Maaseik, pour avoir refusé d’enlever son « burka », est recherché par la police marocaine pour son implication dans les attentats de Casablanca. Il est présenté comme le coordinateur belge du groupe islamique combattant marocain (GICM) que Washington et Londres viennent d’inscrire sur leurs listes d’organisations terroristes indésirables et à combattre.
Les arrestations qui avaient suivi celle de Bouloudou avaient mis en lumière l’existence d’un réseau fort efficace de fabrication de vrais faux papiers qui permettent de franchir les frontières les plus étanches. L’exemple est cité de ce jeune Marocain de vingt-huit ans, Youssef Ahmed, arrêté en Belgique et extradé vers l’Espagne. La police espagnole croit avoir reconnu en lui la personne qui revendique dans une vidéo la responsabilité des attentats de Madrid au nom d’Al Qaeda en Europe. Il effectua de fréquents séjours à Londres et en Arabie saoudite. Lors de son arrestation, la police aurait découvert sur lui la somme de quatorze mille trois cent dollars. On lui attribue par ailleurs des liens de parenté avec un autre Marocain extradé de Syrie, Mimoun Belhaj, actuellement en prison au Maroc.
L’autre exemple de l’efficacité de ce réseau belge est illustré par l’itinéraire et la personnalité de Abdelkader Hakimi, âgé de trente-neuf ans, présenté comme le dirigeant européen du GICM en compagnie de Lahoussine El Haski, vingt-neuf ans, beau frère de Khaled Bouloudo, de Mustapha Lounani, quarante et un ans et de Abdallah Ouahbour, trente et un an. Selon les services belges, Abdelkader Hakimi disposait de nombreuses identités qui lui auraient permis de vivre en Algérie, en Libye, en Turquie et en Bosnie.
Autre exemple cité de soutien logistique belge passe par le jeune Marocain Mourad Chabarou, vingt-cinq ans, arrêté après que les services italiens aient enregistré un conversation téléphonique très parlante entre lui et l’Egyptien Rabei Osman Sayed Ahmed, actuellement detenu en Italie et soupçonné d’être le cerveau des attentats de Madrid. Après l’arrestation de Mourad Chabarou, soupçonné de travailler au sein d’un réseau qui alimente l’insurrection irakienne en hommes, la police belge découvre chez lui les empreintes d’un autre Marocain, Mohamed Afalah, né le 25 janvier 1976 à Ighmiren, au Maroc, très directement lié aux attentats de Madrid. Les Espagnoles croient savoir que M. Afalah est parti directement de Belgique vers l’Irak, via la Syrie où il se serait immolé dans un attentat suicide entre le 12 et 19 mai dernier. Ils en veulent pour preuve les tentatives de Afalah de joindre son père au téléphone depuis cette région.
Mustapha Tossa - Maroc Hebdo