Maroc : l’incompréhensible décision du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire

29 février 2020 - 17h30 - Maroc - Ecrit par : S.A

Alors que le président du tribunal de première instance de Kénitra a plaidé pour le maintien d’Abderrazak Jbari à son poste de juge anticorruption, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) en a décidé autrement. Ce juge avait refusé de se faire corrompre par un trafiquant de drogue.

Le juge anticorruption, Abderrazak Jbari, est redevenu juge de la Chambre correctionnelle du tribunal de première instance de Kénitra. Et ce, suite à la décision du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) qui a entériné celle de le démettre de ses fonctions. La demande de renouvellement, formulée par le président du tribunal de première instance, n’aura pas reçu l’assentiment du CSPJ, fait remarquer Akhbar Al Yaoum.

Cette décision mérite réflexion, dans la mesure où elle a été prise à la suite de deux faits majeurs. Le premier concerne le refus du désormais ancien juge anticorruption d’accepter la somme de dix millions de dirhams contre l’abandon des poursuites dans le cadre d’une affaire de trafic international de drogue. Outre son refus, Abderrazak Jbari avait ordonné la détention du criminel et ajouté le chef d’accusation "corruption" aux charges retenues contre lui.

Le second est relatif à une plainte anonyme contre le juge Jbari, adressée au président du parquet général, Mohamed Abdennabaoui. Selon la plainte, l’intégrité de celui qui avait entre-temps condamné des notables qui tentaient de le corrompre à des peines d’emprisonnement ferme, est remise en cause. En sa qualité de secrétaire général du club des magistrats, Abderrazak Jbari a envoyé une déclaration de son patrimoine à son président, Abdellatif Chentouf. À ce jour, l’audition du juge n’a pas eu lieu.

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