Maroc-Espagne : On repart à zéro

10 décembre 2003 - 12h11 - Espagne - Ecrit par :

« Nous sommes bel et bien partis pour des relations durables entre le Maroc et l’Espagne”. José Maria Aznar a insisté plusieurs fois là-dessus lors de la conférence de presse tenue après la rencontre maroco-espagnole à Marrakech.

Si ce n’est pas une réconciliation complète, la 6e rencontre de la commission mixte maroco-espagnole aura eu comme résultat une action concrète : une aide financière directe de Madrid à Rabat. Cette aide, qui a fait l’objet de plusieurs conventions et accords, signés entre les Premiers ministres des deux pays, mardi au siège de la mairie de Marrakech, consiste en une enveloppe de 390 millions d’Euros.

“Le plus grand montant d’aide signé par l’Espagne”, précise le Premier ministre espagnol, José Maria Aznar. Près de 270 millions d’euros portent des crédits mixtes gouvernementaux et commerciaux. Ce financement est assorti d’un don de 50% destinés aux projets de développement économique et social.

Dans l’enveloppe globale, sont également prévus des crédits concessionnels de 20 millions d’euros. Cette ligne est destinée au financement dans les BTP de l’acquisition des biens et services d’origine espagnole. Le troisième accord concerne la conversion/annulation de la dette du Maroc envers l’Espagne pour une enveloppe de 50 millions d’euros. Le produit de cette opération est destiné au Fonds de restructuration industrielle et au Fonds de promotion de l’habitat social, précise Fathallah Oualalou. Le logement et les technologies pouvant servir à lutter contre l’émigration clandestine, estime en substance un responsable du gouvernement. Il est également prévu la conversion de 40 millions d’euros de la dette en investissements privés.

L’émigration clandestine et les mesures de lutte ont compté parmi les sujets les plus importants abordés au cours de ces réunions mixtes. Les deux parties se sont mises d’accord sur une réunion pour l’organisation de patrouilles mixtes et d’un fichier commun des enquêtes sur les trafiquants et surtout la lutte contre les organisations et non plus uniquement les personnes.

Autre volet des discussions, l’accès aux marchés de l’Union européenne pour les produits agricoles marocains qui figurent parmi les points de désaccord entre les deux pays. “Je dois reconnaître un certain esprit d’ouverture des Espagnols face au lobby des producteurs espagnols justement”, commente le ministre marocain de l’Agriculture. “Nous sommes convenus d’encourager et d’attirer le maximum d’investisseurs au Maroc, maintenant que nous avons des terrains à leur offrir”, a-t-il indiqué avant d’ajouter qu’il était “certain que les producteurs espagnols se calmeront une fois avoir investi au Maroc”.

En d’autres termes, tourner la page et recommencer à nouveau. C’est aussi ce qu’a déclaré Mohamed Benaissa, ministre des Affaires étrangères, revigoré par quelques déclarations sur le dossier du Sahara marocain. Jusqu’à quelque temps, les Marocains accusaient Madrid d’appuyer les positions du Front Polisario soutenu par l’Algérie. Aujourd’hui, l’Espagne, à travers Aznar, adopte une position plus nuancée. Dans sa conférence de presse, le Premier ministre espagnol a affirmé que son pays souhaite la sécurité dans la région et que les parties concernées poursuivent un dialogue. Cela doit se dérouler dans un cadre légal, au sein des Nations unies.

Ainsi donc, les rencontres de Marrakech qui se sont achevées hier ont été selon les avis des uns et des autres un succès. Depuis l’arrivée au pouvoir d’Aznar en 1996, la relation historiquement complexe des deux pays était devenue de plus en plus tendue. Et c’est la première fois que l’atmosphère se trouve détendue et surtout que la volonté du côté espagnol se manifeste avec une aussi grande acuité.

L’économiste

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