Des femmes marocaines se déclarent « hors-la-loi »

24 septembre 2019 - 11h00 - Maroc - Ecrit par : G.A

« Hors-la-loi ». C’est le statut actuel de l’écrivaine Leila Slimani et de la réalisatrice Sonia Terrab. A travers une tribune signée par 490 femmes et hommes marocains en référence à l’article 490 du Code pénal, ils interpellent les autorités et l’opinion publique sur la question des libertés individuelles, de la dépénalisation des relations sexuelles hors mariage et sur celle de l’avortement.

L’affaire "Hajar Raïssouni" continue de faire tâche d’huile. De nombreux Marocains prennent se prononcent sur la situation des libertés individuelles.

C’est le cas de ces deux femmes, des personnalités publiques, qui se déclarent ouvertement hors-la-loi. « Nous avons eu des relations sexuelles hors mariage. Nous avons subi, pratiqué ou été complices d’un avortement. Nous avons appris à feindre, à composer, à faire semblant. Pour combien de temps encore ? », peut-on lire dans les premières lignes de la tribune.

Pour Leila Slimani et Sonia Terrab, le Maroc souffre de ce qu’elles appellent la « culture du mensonge et de l’hypocrisie sociale » qui génère « la violence, l’arbitraire, l’intolérance ».

« Chaque jour, chaque heure, en secret, en cachette, des femmes comme moi, des hommes comme toi, conservateurs ou progressistes, personnalités publiques ou anonymes, de tous les milieux et de toutes les régions, osent et s’assument, jouissent et existent par eux-mêmes, brisent des chaînes et bafouent des lois. Parce qu’ils aiment », ajoute le texte.

Tout en rappelant que leur corps leur appartient, et à personne d’autre, les auteures de la tribune signée par plusieurs figures de proue comme Ali Baddou, l’écrivain Tahar Ben Jelloun, l’artiste Mahi Binebine, l’acteur Fahd Benchemsi, elles estiment que la société marocaine est actuellement assez « mûre » pour accepter un changement pour le respect de la vie privée et du droit de chacun à disposer de son corps.

Les signataires se demandent pourquoi continuer à accepter « des lois liberticides et inapplicables » devenues « des outils de vengeance politique ou personnelle ».

Au Maroc, 14.503 personnes ont été poursuivies pour des relations sexuelles hors mariage, 3048 incarcérations pour adultère en 2018, et entre 600 et 800, pour des avortements clandestins, chaque jour.

Selon des chiffres détenus par l’Institut national de Solidarité avec les femmes en détresse, le nombre d’enfants nés hors mariage au Maroc serait de 50.000 chaque année, des enfants qui ne bénéficient pas de reconnaissance ni de paternité ni de droit à l’héritage, alors que 300 bébés sont retrouvés abandonnés morts ou vivants dans les rues de Casablanca chaque année. La tribune estime qu’il est temps de restaurer dans leur droit à disposer de leur corps en tant que personne humaine.

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