La jeunesse marocaine dénonce la corruption

19 septembre 2008 - 22h24 - Maroc - Ecrit par : L.A

Depuis le 8 septembre, une dizaine de jeunes chômeurs observent un sit-in devant le siège de la commune de Tounfite. Ce qu’ils dénoncent est grave. D’abord, la corruption. D’après ces protestataires, les postes d’emploi dans cette commune sont « vendus », selon leur importance, à des prix variant entre 50.000 et 100.000 dirhams. D’où l’insistance des jeûnes chômeurs pour l’ouverture d’une enquête à propos des embauches ayant été effectuées depuis 1992. Ils évoquent ensuite l’existence dans leur commune d’« employés fantômes ». Ils parlent aussi du recours de certains responsables à l’embauche de membres de leur famille…

Ces jeunes en colère ne parlent pas dans le vide. Ils citent des noms et pointent des responsables locaux du doigt. Il suffit aux responsables concernés de les écouter pour tout savoir. Jusqu’à présent, déplorent-ils, ils n’ont été reçus que par de « petits émissaires » qui, d’après eux, leur promettent la lune surtout pour faire passer l’orage. Ils demandent donc à être pris au sérieux.

Si rien n’est fait, la situation risque de se compliquer. Des familles entières menacent de se joindre aux défenseurs des droits de l’Homme pour protester aux côtés des jeunes manifestants. Y aurait-il à Tounfite un Sidi Ifni II ? Personne ne le souhaite dans cette localité de la province de Khénifra, mais personne ne l’exclut non plus.

« Tounfite et les communes environnantes sont excédentaires de plusieurs millions de dirhams ce qui est une exception pour ces régions de montagne, où les communes sont très largement déficitaires, et donnent la preuve de la mauvaise gestion communale », explique le chercheur David Goeury, grand connaisseur de la région. A son avis, avec le budget dont dispose la commune de Tounfite comme d’autres communes d’ailleurs des zones rurales, il serait possible de multiplier les projets de développement (bibliothèque, dispensaire, micro-projets générateurs de revenus…). Seulement, regrette-t-il, comme la commune n’essaie jamais de changer ses structures archaïques et son mode de fonctionnement dépassé, elle attend une visite royale pour que l’Etat prenne tout en charge. « Je pense que Tounfite est l’exemple même des enjeux des prochaines communales », conclut-il, ajoutant que l’échelon primordial du développement est actuellement absent. Résultat, relève-t-il, des politiques de développement sont souvent inefficaces ou diminuées.

La solution que l’expert propose pour un vrai développement local durable : créer une vraie démocratie locale devant permettre l’émergence de véritables relais locaux aux politiques nationales. C’est ce qui devra permettre aux jeunes de Tounfite et d’autres jeunes des petites villes à travers le pays, de trouver du travail. Sans ces conditions élémentaires, les responsables concernés ne feront que mettre des cautères sur des jambes en bois en tentant de calmer les esprits par des solutions improvisées. Mais, gare à l’explosion !

Source : Le Reporter - Mohamed Zainabi

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Corruption - Emploi - Tounfite

Ces articles devraient vous intéresser :

La stratégie du Maroc pour s’imposer dans la sous-traitance aéronautique

Depuis 25 ans, le Maroc travaille à s’imposer dans la sous-traitance aéronautique mondiale. Quelle stratégie a-t-il défini pour atteindre son objectif ?

Voici le nombre de fonctionnaires civils au Maroc

Les données inscrites dans le rapport sur les ressources humaines accompagnant le projet de loi de finances (PLF) de l’année 2023 indiquent que le Maroc compte 565 429 fonctionnaires civils cette année.

Corruption au Maroc : arrestation d’un ex-ministre, un avertissement pour les responsables ?

Après l’arrestation jeudi de Mohamed Moubdii, député du Mouvement populaire (MP) et ancien ministre, pour des crimes financiers présumés, des voix s’élèvent pour appeler le gouvernement marocain à renforcer sa lutte contre la corruption et...

La police marocaine recrute

La Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a annoncé un grand concours de recrutement de plusieurs grades au sein du corps de la police. Le concours aura lieu le 16 juillet à Rabat et dans d’autres villes si nécessaire. Au total, 6 607...

Une lettre particulière d’Amine et de Yasmine à Emmanuel Macron

Dans une correspondance, Amine et Yasmine, deux enfants de huit ans expriment des inquiétudes quant à l’avenir de Casino Saint-Étienne où travaillent leurs parents et demandent au président de la République française Emmanuel Macron de sauver le groupe.

Corruption au Maroc : Les chiffres alarmants

La lutte contre la corruption ne produit pas de résultats encourageants au Maroc qui est mal logé dans les classements mondiaux depuis quatre ans.

27 000 Marocains ont quitté le Maroc en 2022 pour travailler à l’étranger

Quelque 27 000 Marocains ont quitté le pays en 2022, selon le ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri. Ce sont des départs réguliers via des canaux officiels.

Corruption au Maroc : des élus et entrepreneurs devant la justice

Au Maroc, plusieurs députés et élus locaux sont poursuivis devant la justice pour les infractions présumées de corruption et d’abus de pouvoir.

L’Europe cherche à punir le Maroc

L’éclatement du scandale de corruption au Parlement européen doublé d’une résolution relevant la détérioration des droits de l’Homme est à l’origine des nouvelles tensions entre le Maroc et l’Europe. Cette dernière cherche-t-elle à punir le royaume ?

Corruption au Maroc : les chiffres qui révèlent l’étendue des dégâts

Une étude de l’Instance Nationale de la Probité, de la Prévention et de la Lutte contre la Corruption (INPPLC) dresse un état des lieux préoccupant de la corruption au Maroc.