Le secrétaire général du Parti justice et développement (PJD), Abdelilah Benkirane, a vivement critiqué le mouvement féministe qui milite pour l’égalité des sexes dans le cadre de la réforme du Code de la famille, estimant que son combat vise à...
Les attentats meurtriers du 16 mai à Casablanca ont fragilisé l’islamisme politique au Maroc, en particulier le Parti justice et développement (PJD), principale force d’opposition parlementaire, qui dénonce des "règlements de compte politiques".
Plusieurs journaux ont publié des analyses accusant les organisations islamistes légales, qui se proclament modérées, d’avoir directement ou indirectement favorisé le développement des groupes intégristes à l’origine des attentats qui ont fait 43 morts.
Les islamistes du PJD, qui ont réalisé une percée lors des législatives de septembre 2002, ont dû renoncer à participer à une grande manifestation contre le terrorisme organisée à Casablanca le 25 mai pour éviter le risque d’être pris à partie au cours du défilé.
Après avoir annoncé qu’ils s’associeraient au défilé contre le terrorisme, les responsables du PJD y ont renoncé, expliquant qu’ils voulaient "voir cette marche se dérouler dans de bonnes conditions" et "préserver l’unanimité du peuple marocain dans sa condamnation de ces actes criminels".
Résumant les griefs d’une partie du monde politique et du tissu associatif à l’encontre de ce parti islamiste, Najat Ikhich, présidente de la Ligue démocratique pour les droits de la femme (LDDF), a déclaré que "c’est la politique du PJD qui a incité des jeunes à commettre ces actes ignobles".
Le PJD a été pris à partie pour des positions jugées "rétrogrades" sur les droits des femmes, ses critiques visant les écoles et centres culturels étrangers ou la création artistique - il a réclamé l’interdiction d’un film du réalisateur marocain Nabil Ayouch, qualifié de "pornographique".
Lors de la manifestation contre le terrorisme, des organisations islamistes ont assuré avoir été empêchées par la police de rejoindre le cortège - c’est le cas des militants de l’influente association Al Adl Wal Ihssane (Justice et Bienfaisance) considérée comme représentant l’aile radicale de l’islamisme marocain.
Des responsables islamistes dénoncent une "exploitation politique" des attentats du 16 mai destinée, selon eux, à les affaiblir. Avant les attentats, les commentateurs s’accordaient à prévoir un nouveau succès électoral islamiste à l’occasion du scrutin communal prévu en septembre prochain.
"Il y a un courant puissant, très fort dans certains partis politiques et une partie de la presse qui exploite les attentats de Casablanca pour extirper le mouvement islamiste marocain", a déclaré à l’AFP Fathallah Arsalane, un dirigeant d’Al Adl Wal Ihssane, mouvement toléré mais non reconnu officiellement.
"Nous, islamistes prônant la modération et rejetant la violence, nous sommes beaucoup plus apostats et beaucoup plus dangereux que le régime et les partis politiques aux yeux de ceux qui ont perpétré les attentats", a ajouté M. Arsalane.
Ce responsable de l’association dirigée par cheikh Abdessalam Yassine, affirme qu’"une radicalisation des jeunes islamistes marocains est prévisible tant que le mouvement islamiste modéré continue à être réprimé".
Le secrétaire général adjoint du PJD, Saâd Edine Othmani, se déclare toutefois "optimiste". "Le Maroc dépassera cette épreuve et l’amalagame ne réussira pas", a-t-il déclaré à l’AFP.
M. Othmani dénonce "l’exploitation de la douleur des familles des victimes pour des règlements de compte politiques". Il déplore que les média officiels, notamment les deux chaînes de télévision publiques, n’aient pas donné la parole aux représentants de son mouvement, et assure avoir été attaqué dans plusieurs émissions sur le terrorisme.
Pour M. Othmani, le mouvement islamiste modéré doit pouvoir participer au débat sur le terrorisme et doit être pleinement accepté, parce qu’il est aussi "une soupape de sécurité contre l’extrémisme".
AFP
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