Maroc : la production de cannabis atteint 47.000 tonnes par an

15 décembre 2003 - 23h18 - Economie - Ecrit par :

Le Maroc produit annuellement 47.400 tonnes de cannabis brut, représentant un chiffre d’affaires estimé de 12 milliards de dollars sur le marché mondial, révèle un rapport de l’Onu publié lundi à Rabat.

La culture illicite qui couvre 134.000 hectares du Rif, au nord du royaume, ne rapporte que 214 millions de dollars aux agriculteurs marocains concernés, précise l’étude menée conjointement par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et les services officiels du Maroc.

Le rapport, premier du genre concernant le cannabis, a été présenté à Rabat, au cours d’une conférence de presse, par les responsables de l’ONUDC et de plusieurs ministères marocains concernés par la lutte contre la drogue.

Driss Benhima, directeur général de l’Agence pour le développement du nord du Maroc, a souligné que l’enquête, réalisée avec un organisme de l’Onu "au-dessus de tout soupçon", montrait des chiffres "nettement inférieurs", selon lui, à certaines estimations qui avaient été faites.

Il n’en a pas moins souligné l’extension du problème et les difficultés de la lutte contre cette production qui concerne 66% des 146.000 familles de la région - quelque 800.000 personnes tributaires de la drogue pour 51% de leurs revenus.

Antonio Maria Costa, directeur exécutif de l’ONUDC, a souligné quelques "bonnes nouvelles" du rapport, notamment la faible part que prend la drogue aussi bien dans le revenu national - 0,57% du PIB - que du point de vue de la proportion du territoire et de la population concernés.

Les autorités marocaines ont souligné la "responsabilité partagée" entre les producteurs marocains de cannabis et les pays consommateurs, responsables de la demande de haschisch mais aussi d’une grande partie du trafic de la drogue - dont ils retirent l’essentiel des revenus.

En 2001, l’Agence marocaine pour le développement du nord avait estimé à 70.000 hectares la superficie dévolue à la culture du cannabis dans la région du Rif.

Le chiffre publié lundi - 134.000 hectares - a été calculé de manière "scientifique" en utilisant des images du satellite "Spot" prises au cours de l’été 2003, vérifiées et "calibrées" sur le terrain par des enquêteurs, a souligné M. Benhima qui a insisté sur "la volonté du Maroc d’avoir des données incontestables".

Les 47.000 tonnes de cannabis brut cultivés représentent une production de 3.080 tonnes de résine de cannabis (haschisch), forme sous laquelle la drogue est vendue, précise le rapport.

Les saisies de haschisch d’origine marocaine opérées en 2002 au Maroctonnes) et en Europe de l’ouest (735 tonnes) ont représenté environ le quart de la production, souligne le rapport.

Les reponsables marocains ont assuré que le développement des zones de culture était "stabilisé", tout en soulignant les difficultés de la lutte contre la drogue dans le Rif, une région à la fois montagneuse, très peuplée et enclavée.

M. Benhima a rappelé que plusieurs programmes en cours visaient le désenclavement et de développement économique de la région, tout en soulignant que cela resterait insuffisant au regard d’un phénomène "dont les facteurs de croissance échappent au Maroc".

Il a appelé à la "coopération internationale indispensale" en soulignant que que les solutions passaient par l’introduction de cultures de substitution, de nouvelles infrastructures et par la modernisation de l’organisation sociale de la région.

AFP

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Drogues - Agriculture

Ces articles devraient vous intéresser :

L’avocat : l’or vert qui assoiffe le Maroc

La culture de l’avocat nécessite une importante quantité d’eau. Au Maroc, des voix s’élèvent pour appeler à l’interdiction de cette culture, en cette période de sécheresse sévère et de stress hydrique.

« L’Escobar du désert » fait tomber Saïd Naciri et Abdenbi Bioui

Plusieurs personnalités connues au Maroc ont été présentées aujourd’hui devant le procureur dans le cadre de liens avec un gros trafiquant de drogue. Parmi ces individus, un président de club de football.

Maroc : explosion des exportations de produits alimentaires et maritimes

Les exportations des produits alimentaires agricoles et maritimes ont connu un boom en 2022 pour dépasser les 80 milliards de dirhams (MMDH). Un record.

Maroc : les agriculteurs rattrapés par l’impôt

Au Maroc, les petits agriculteurs exploitants agricoles exonérés d’impôts réalisant un chiffre d’affaires inférieur à 5 millions de dirhams, doivent désormais remplir une déclaration de revenus, a récemment rappelé la Direction générale des impôts (DGI).

Maroc : l’huile d’olive devient un luxe

Au Maroc, le prix de l’huile d’olive augmente fortement. En cause, la sécheresse et les vagues de grande chaleur qui ont touché la production de ce petit fruit indispensable aux saveurs des mets des Marocains.

Le groupe marocain OCP renforce son soutien aux agriculteurs africains

Dans un contexte marqué par la flambée des prix des denrées alimentaires au niveau international, l’Office chérifien des phosphates (OCP) a décidé d’intensifier ses efforts pour soutenir les agriculteurs africains. 4 millions de tonnes (Mt) d’engrais...

Tomate au Maroc : production en chute, prix en hausse

Les producteurs de tomates rondes au Maroc alertent sur une baisse significative de la production et une inflation des prix. Voici leur explication.

Boufa, la drogue qui terrifie le Maroc

Le Maroc mène des actions de lutte contre les drogues dont la « Boufa », une nouvelle drogue, « considérée comme l’une des plus dangereuses », qui « envahit certaines zones des villes marocaines, en particulier les quartiers marginaux et défavorisés. »

Couverture sociale : un prêt de 3,1 MMDH de la BAD au Maroc

Le Maroc et la banque africaine de développement (BAD) ont signé deux accords de prêt pour le financement d’un projet de céréaliculture et la généralisation de la couverture sociale, portant sur un montant de plus de 3,1 milliards de dirhams.

Le Maroc arrête de subventionner la pastèque et l’avocat

Afin de faire face au déficit hydrique, le gouvernement marocain a décidé de suspendre les subventions des cultures qui consomment le plus d’eau comme la pastèque, l’avocat et les nouvelles plantations d’agrumes.