Légalisation du cannabis au Maroc : des retombées énormes en prévision
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Premier pays au monde dans la production du cannabis, le Maroc saura-t-il profiter du gain colossal annuel que génère ce produit ? Avec le retrait de cette plante de la classification des drogues à risques par l’ONU, le débat sur l’utilisation du cannabis à des fins médicales et industrielles est relancé.
Début décembre 2020, la Commission des stupéfiants des Nations unies (CND) a, sur recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), retiré le cannabis de la liste des stupéfiants à risques après lui avoir reconnu des vertus. Il n’en fallait pas plus pour déclencher les passions à nouveau autour du sujet au Maroc. Le royaume est le premier producteur mondial de cannabis avec une quantité annuelle estimée à 35 000 tonnes.
Si le pays a voté « oui » à la résolution de l’ONU qui a retiré le cannabis de la liste des stupéfiants à risques, les députés eux, avaient anticipé plus tôt, en soumettant en 2015, un projet de loi visant à légaliser le cannabis à usage industriel et thérapeutique. Selon Azday Benaceur, cofondateur du collectif marocain pour l’usage thérapeutique et industriel du cannabis, les bénéfices que pourrait tirer le Maroc de l’utilisation du cannabis sont énormes. Il cite notamment de nombreux produits dérivés, « comme les médicaments, les tissus, les isolants thermiques ou les produits de beauté », ajoutant que « la culture du cannabis, est devenue culturelle dans la région du massif du Rif ». Selon lui, « c’est une culture qui compte beaucoup d’étapes de production, générant de ce fait beaucoup d’emplois pouvant faire intervenir même des femmes au foyer », précisant que « 90 000 ménages vivent de cette culture génératrice de revenus pour près de 760 000 individus ».
Cependant, en dehors des avantages sociaux que génère la culture de cette plante, des scientifiques appellent à la vigilance. Intervenant dans un débat sur la chaîne 2M, le Pr Jalal Taoufik, psychiatre, addictologue et membre de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), relève que « l’usage du cannabis est une médaille à double revers ». D’après lui, « d’un côté, la plante contient du Tétrahydrocannabinol (THC), composant nocif et non exploitable médicalement. De l’autre, elle contient du Cannabidiol (CBD), qui est le composant thérapeutique majeur du cannabis aux nombreux bienfaits ». Dès lors, appuie-t-il, « il faut bien en dissocier les usages, avant de légaliser le cannabis ».
Par ailleurs, le spécialiste insiste sur le respect de certains critères scientifiques bien définis afin de pouvoir exploiter le cannabis à des fins médicinales. Il souligne notamment que « le cannabis commercialisé dans des pays où la consommation est dépénalisée, et le cannabis du Maroc sont très différents. […] Le premier contient très peu de THC et beaucoup de CBD », alors que « le type de cannabis cultivé au Maroc est plus dangereux, en termes de consommation récréative, que le premier ». Et d’ajouter que « la plante utilisée doit contenir très peu de THC, moins de 0,3 %, et beaucoup de CBD, pour qu’elle soit exploitable et rentable ».
L’usage du cannabis à des fins médicales et industrielles pourrait rapporter quelque 10 milliards d’euros par an au royaume, selon TelQuel. Le pays gagnerait donc à ouvrir le débat sur l’usage thérapeutique et industriel de cette plante, tout en tenant compte des avis des spécialistes, afin d’éviter d’exposer ses populations à des risques qui pourraient échapper à son contrôle.
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