Dans un podcast, l’universitaire et activiste amazigh Ahmed Assid s’est prononcé sur plusieurs sujets dont la répression des voix contestataires au Maroc, la liberté d’expression ou encore la laïcité.
On parle de tout. En darija, en français approximatif ou en « fosha ». Auditeurs et animateurs s’en donnent à coeur joie. Les nouvelles radios ont le vent en poupe
Les fréquences marocaines n’ont jamais été autant prises d’assaut. On se bouscule au portillon. Les 10 nouvelles radios qui ont reçu, le 10 mai dernier, l’aval de la HACA se sont fortement démarquées des traditionnelles radios. Là, le langage est jeune, urbain, proche des préoccupations des citoyens. Ici, l’information n’est pas entourée d’un halo enjolivant, mais expliquée crûment, sans fioriture. Et les auditeurs adorent. Ils aiment cette proximité, ce ton fun, cette interactivité et cette volonté affichée d’aller à l’essentiel.
Mais que de temps perdu avant que les Marocains ne se réconcilient avec leurs radios. Créée en 1928, la radio nationale, celle de la rue Brihi, avait longtemps fait le bonheur des Marocains. Certains d’entre nous se souviennent encore avec une grande émotion de ses heures de gloire, des premiers feuilletons radiophoniques ou encore des premières chansons marocaines diffusées sur les ondes. L’honorable vieille dame avait pourtant, avec l’avènement de la télé puis des chaînes satellitaires, pris un sacré coup de vieux et elle ne s’en est plus remise, même si quelques lueurs d’espoir persistent. Et sur ce créneau, elle a perdu plusieurs longueurs d’avance, avec l’avènement de Médi 1, radio 2M ou encore, depuis 2003, Sawa, la radio lancée par les Américains pour conquérir le monde arabe.
Déjà radio FM, avec ses émissions en darija, les délires de ses animateurs, les coups de fil des auditeurs, avait donné un avant-goût de ce que les Marocains préfèrent.
La nomination d’une nouvelle directrice à la tête de la radio nationale pourrait, peut-être, redorer le blason de l’antique radio nationale. Mais en attendant le retour des beaux jours et la gloire d’antan, force est de reconnaître que ce sont les nouvelles radios qui ont réussi à capter l’attention des auditeurs.
C’est ainsi que les premières radios privées ont ainsi commencé à émettre depuis le 17 novembre 2006 et la dernière, tout récemment, en avril. Toutes les radios ont pris leurs marques, usant de grandes opérations de charme pour fidéliser les auditeurs. Et dans cette course à l’audimat, certaines sont en tête du peloton, comme Hit radio, lancée par Younes Boumehdi.
En quelques mois, cette radio est devenue la préférée des jeunes puisqu’elle donne la part belle aux musiques locales et à cette scène qui n’avait jamais eu, de par le passé, la visibilité à laquelle elle pouvait légitimement aspirer. Musique, infos, interactivité, dédicaces La programmation est taillée sur mesure et cela plaît aux jeunes, particulièrement les 15-24 ans, cible favorite de Hit radio.l y a aussi Chada FM, (initialement appelée Kolinass), une station régionale de proximité qui revisite la chanson marocaine et arabe, Aswat, ex-Bizz FM, est à vocation économique, comme Atlantic, qui est plébiscitée par les auditeurs pour son traitement de l’info de proximité, de façon professionnelle. Cap radio, qui a commencé à émettre au début du mois d’avril, en dialecte arabe et en tarifit, couvre Tanger, Tétouan, Larache, Al Houceïma, Nador, Oujda, Figuig et Targuis. Objectif : la promotion du patrimoine culturel, artistique et régional de la région.
Reflets de la société, miroir grossissant des attentes et aspirations des jeunes, les nouvelles radios privées ont réussi, haut la main, leurs examens de passage auprès des auditeurs. Ce qui fait dire sans sourciller à un professionnel que les Marocains feraient mieux d’oublier la télé, qu’ils réussissent aussi mal, pour se focaliser sur les radios.
Libération - Khadija Alaoui
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