Le Maroc, une "seconde maison" pour ces Israéliens

En pleine guerre, des Israéliens d’origine marocaine choisissent de plus en plus de retourner au Maroc, où ils redécouvrent leurs racines.

Selon le site d’information israélien Ynet, de plus en plus d’Israéliens choisissent le Maroc comme nouvelle destination, particulièrement ceux d’origine marocaine. C’est notamment le cas de Neta Hazan, 39 ans. Cette Israélienne d’origine marocaine a non seulement décidé de s’installer au Maroc, mais elle a également obtenu la carte d’identité marocaine. Son père, installé en Israël, avait quitté le Maroc à l’âge de 4 ans. « J’ai toujours su que je devais aller au Maroc un jour : c’est ma culture, ma langue, mes coutumes. Comment aurais-je pu ne pas y être allée ? » a déclaré Hazan.

Après avoir obtenu un master en gestion des conflits et travaillé avec des organisations de paix israélo-palestiniennes, Hazan a fait un voyage de découverte de ses racines au Maroc en 2016. Elle est aussitôt tombée amoureuse de Fès. « J’ai retrouvé la maison d’enfance de mon père », a-t-elle déclaré. Elle est ensuite revenue avec son père, sa sœur et sa mère, vivant à Rabat jusqu’à ce que la pandémie de Covid-19 la contraint à retourner en Israël. Après la maladie et le rétablissement de sa mère, et la naissance de son fils, Hazan est déterminée à rentrer.

Hazan se bat pour obtenir un passeport marocain pour son fils, « ce qui est compliqué pour une mère célibataire : ils ne comprennent pas un enfant sans père, dit-elle en riant. Mais nous reviendrons, c’est sûr. » Elle fait partie des dizaines de jeunes dans la trentaine et la quarantaine, issus de la deuxième génération d’immigrés marocains, qui ont choisi de se réinstaller au Maroc. Ils sont des hommes d’affaires, des acteurs, des comédiens, des universitaires, issus de milieux sociaux et économiques variés, et de toutes les tendances politiques. Ils sont pour la plupart d’origine marocaine, aux profils religieux, laïques ou traditionnels variés.

« Pour les Marocains, on est d’abord Marocain, qu’on soit juif ou musulman », a expliqué Chen Elmaliach, 41 ans, installée au Maroc il y a deux ans. Elle cherche à obtenir son passeport marocain. « Être marocaine ne m’a jamais quittée », a confié celle qui était envoyée couvrir la scène pop marocaine pour un magazine. Elle poursuit : « Le Maroc est ici et maintenant, il est important pour ma vie – pas Los Angeles, où j’ai vécu, ni Berlin ou Paris. […] » Pour des raisons personnelles, sa fille et elle sont temporairement rentrées en Israël, mais Elmaliach poursuit ses démarches pour obtenir la nationalité marocaine. « Je ne peux m’installer nulle part, mais le Maroc est différent : son parfum, ses couleurs, sa langue, sa mélodie, tout. C’est dans mon ADN », a-t-elle poursuivi.

Cette vague de migration d’Israël vers le Maroc ne date pas d’aujourd’hui. Elle a commencé plusieurs années avant les Accords d’Abraham, entrés en vigueur en décembre 2020. En 2018, une vague de criminels israéliens et de personnes fuyant des affaires de divorce s’était ruée vers le Maroc. Ces individus avaient profité d’une faille juridique leur permettant d’éviter la prison en raison de leurs origines marocaines. Avant les accords, les tribunaux rabbiniques délivraient des documents hébreux prouvant l’ascendance marocaine pour l’obtention de la citoyenneté. Mais après la dénonciation d’un réseau criminel, des autorisations judiciaires plus strictes ont compliqué la procédure. Après les accords, ces criminels ont été extradés ou détenus au Maroc.