Au Maroc, l’Obamania sans gueule de bois

7 novembre 2008 - 00h38 - Maroc - Ecrit par : L.A

Au Maroc, premier pays à reconnaître des l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique dès 1777, la nuit du mardi au mercredi 5 novembre a été intense. Réactions.

Les Marocains se sont réveillés ce mercredi 5 novembre après de longues veillées avec le sentiment que le monde a basculé dans une nouvelle ère. « Je suis très heureux. Je commençais à être un anti-américain. Aujourd’hui, c’est une évolution sur le plan symbolique, un grand moment de l’histoire qui intervient après huit ans de présidence d’un fanatique de droite. », explique Amine Belkziz d’Upline Groupe, première banque d’affaires du Maroc. « Bien sûr, économiquement, il n’y aura pas de baguette magique mais je pense que cette élection aidera à rétablir la confiance du marché mondial » , poursuit M. Beklziz. Même sentiment d’optimisme chez la plupart des entrepreneurs marocains comme Youssef Alaoui, président de la Fédération du secteur avicole et vice président de la confédération patronale (CGEM) : « c’est le vote de l’espoir. On nous a tellement parlé de l’effet Bradley que cela sonne comme une surprise. La victoire éclatante d’Obama sanctionne le bilan désastreux de Georges Bush », répond-il à notre journal depuis Madrid.

Abondant dans le même sens, l’ancien président de la Fédération marocaine des PME-PMI, Mohamed Kessal, membre influent de la CGEM, considère l’élection du sénateur de l’Illinois comme « un grand succès pour la démocratie américaine. Cela démontre que le peuple américain est un grand peuple de démocrates. Les Américains montrent au reste du monde qu’ils sont capables de changement. Ils sont capables de repérer un leader charismatique et de le propulser au devant de l’histoire. C’est un enseignement pour les Africains », poursuit-il avant de faire un parallélisme entre la mobilisation sans précédent suscitée par ces élections et les difficultés à attirer les électeurs lors des élections législatives organisées au Maroc en 2007. « on suppliait les gens d’aller voter. Tout simplement, ils ont perdu foi dans les politiques qui ne sont pas capables de présenter des projets de société innovants et des réponses aux attentes ». Pour M. Kessal, cette élection américaine ne changera pas grand-chose dans les relations cordiales entre Rabat et Washington : « Le Maroc est le premier pays du monde à avoir reconnu l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique. Nos relations sont inscrites dans la continuité. Je pense que le fait qu’un Afro-américain arrive au pouvoir va quand même durablement relancer la coopération entre l’Amérique et l’Afrique en général. ».

Le message d’Obama

Auprès du corps diplomate représentant les pays de l’Afrique subsaharienne à Rabat, seule la retenue diplomatique empêche les explosions de joie. Réactions de Ibou Ndiaye, ambassadeur du Sénégal : « Nous avons vécu cette élection avec beaucoup de d’émotion, comme du reste tous les Africains et ceux qui croient à un certain avenir dans le monde. Barack Obama est un exemple pour tous les Africains. Voilà un garçon intellectuellement solide, qui croit en lui et qui s’est entouré d’une équipe qui lui a donné une capacité d’organisation lui permettant d’arriver au but. Mais est-ce le but s’interroge l’ambassadeur ? Le travail ne fait que commencer. Il faut maintenant lui faciliter la tâche. Et c’est d’abord au peuple américain de le faire. Concernant l’évolution des relations Amérique-Afrique, M. Ndiaye voit déjà le début du changement, simplement avec le message d’Obama : « Yes we can » . « C’est ce que le président Abdoulaye Wade a fait avec la grande offensive pour l’Agriculture (GOANA). Il faut que l’homme et l’homme africain en particulier accepte de travailler. En voyant ce raz de marée, j’ai pensé au Président Senghor qui disait que l’avenir du monde est dans le métissage biologique. Par cette victoire les Africains doivent croire en eux-mêmes » Tout comme les diplomates, la presse au Maroc a suivi de près l’élection du 44e président des Etats-Unis d’Amérique.

Interrogé par Les Afriques, Karim Boukhari, rédacteur en chef de l’hebdomadaire TelQuel, pense que « cette élection fera certainement plus de contents que de mécontents dans le monde. Du fait de la couleur et de ses origines modestes, beaucoup de gens du Sud se sont approprié ce candidat. C’est le leur. C’est très intéressant pour l’image des USA ». A noter que dans son éditorial de la semaine dernière, l’hebdomadaire marocain avait demandé de prier pour Obama dans son éditorial, en expliquant que l’arrivée du candidat démocrate couperait court aux arguments des islamistes radicaux.

Les quotidiens victimes des contraintes de bouclage

En raison de leurs heures de bouclage, beaucoup de quotidiens comme Le Matin et l’Economiste et Aujourd’hui le Maroc ont présenté une édition mercredi 5 novembre sans mention des élections américaines. Idem pour le Soir Echo qui, en raison de journée fériée du jeudi, présente un numéro double sans aucune mention de la vague Obamania. Aucune mention non plus sur l’Opinion, quotidien du parti Istiqlal du Premier ministre Abbas El Fassi. Seul le quotidien Al Bayane a pris la précaution de publier en sa une, une dépêche AP, attribuant la victoire à Obama sur la base des sondages. La première salve d’éditoriaux marocains est sûrement à attendre au matin du 7 novembre. D’ici là on aura connu sûrement les principaux collaborateurs de Barack Obama.

Source : Les Afriques - Adama Wade

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