À leur arrivée au Maroc, Geza et Cherif Zerdoumi avaient travaillé sur des thèmes, participé à la biennale des arts africains de Marrakech, avant l’entrée en vigueur du confinement. "Les premiers temps, on a trié, travaillé nos photos prises ces derniers mois entre mer et désert. Puis, on a ressorti et révisé les tissus khaïma, notre matière première d’œuvre textile du Sahara qui nous reste en stock. Et puis, on saute à la corde pour se défouler", confie Geza à La Dépêche du midi.
Le duo KRM se met résolument au travail. Geza travaille sur ces tissus tandis que Cherif utilise des chutes de tissus destinés habituellement aux tentes de nomades pour former des personnages, imaginer des djinns, créatures surnaturelles qui dansent… Ensemble, ils forment des tableaux uniques. Le confinement leur procure plus de bien que de mal.
"Pour nous, le confinement à Tarfaya est presque un pléonasme, tellement nous sommes loin de tout le monde, et de tout ce qui va avec. C’est ce que nous sommes venus chercher il y a 13 ans, le désert au Sahara marocain. C’est l’ancien Cap Juby, l’endroit où Antoine de Saint-Exupéry a écrit son premier livre et fut inspiré pour écrire Le petit prince," raconte Geza.
"Le soir, c’est le désert dans le désert. On vit un calme extraordinaire qui s’est installé, un soupir soulageant, qu’enfin, le monde s’arrête, se réjouit Cherif. La nature a besoin de respirer. Rendons à lui son souffle !" Et de poursuivre : "C’est une occasion quasi inouïe. Habituellement, nous courons derrière notre production artistique. C’est l’heure dite pour nous de pouvoir expérimenter sans pression, et sans attente particulière d’un résultat. Quelle chance, quel luxe, quel privilège ! Pendant qu’en Europe, on compte les morts. Encore une fois, nous avons de la chance !"