Tanger détient le record de détenus français à l’étranger

29 février 2008 - 22h33 - France - Ecrit par : L.A

Deux fois par mois, le consul général de France franchit les lourdes portes de la prison de Tanger, dans le nord du Maroc, pour s’entretenir avec la centaine de ses compatriotes incarcérés pour trafic de drogue. "J’ai le triste privilège d’avoir dans ma circonscription consulaire le plus grand nombre de prisonniers français au monde", déplore Alain Bricard.

En septembre 2006, 1.900 Français étaient détenus à l’étranger, dont 150 à Tanger. Aujourd’hui, ils sont 114 à l’être dans le nord du royaume, dont 6 femmes, quasiment tous pour trafic de drogue. Près de 60% ont été condamnés à des peines de 2 à 6 ans de prison.

"Ils ont besoin plus que quiconque de la protection consulaire car du jour au lendemain, alors qu’ils se promenaient au Maroc comme touristes du moins officiellement, ils se retrouvent démunis et incarcérés dans un pays qu’ils ne connaissent pas", explique ce diplomate.

Intercepté au port avec 300 kg de cannabis cachés dans son camping-car, Sébastien est emprisonné depuis près de deux ans. Il était au chômage quand "on" lui a proposé de rapporter de la drogue moyennant des vacances au soleil et un millier d’euros. "Condamné à 4 ans et demi de prison, j’ai bénéficié d’une grâce royale l’an dernier et il ne me reste que neuf mois à tirer", confie ce trentenaire rencontré en prison.

Il distribue le courrier et organise tous les quinze jours la rencontre avec Soeur Monique. "Je viens leur prodiguer du réconfort", assure cette Franciscaine du couvent de Martil.

Pour le consul, il y a trois catégories de trafiquants : d’un côté "le pro qui recommencera et l’occasionnel dont ce n’est pas le métier mais qui est un délinquant conscient. Ces gens ont pris un risque et en paient le prix"

Mais "il existe aussi les corniauds comme dans le film de Gérard Oury. Ils se sont faits bluffer au sentiment comme une jeune étudiante française à qui son fiancé avait acheté une voiture pour visiter les parents au Maroc. Au retour, prétextant une urgence, il a pris l’avion en lui laissant la voiture" chargée de drogue.

"Ils ont perdu leur liberté mais nous nous efforçons de les traiter avec humanité", souligne Abdelhad Blouz, 50 ans, directeur de la prison la plus cosmopolite du royaume.

Surpeuplé, ce centre accueille 2.650 prisonniers, dont 353 appartenant à 34 nationalités. Les Français, suivis des Espagnols, sont les plus nombreux et M. Blouz aménage le règlement pour ces étrangers.

"Comme les familles viennent de l’extérieur pour une courte période, je leur permets des visites quotidiennes", confie-t-il. En outre, quatre chambres sont réservées pour "des relations intimes entre époux".

A l’automne 2006, M. Blouz a même organisé dans la salle des fêtes de la prison le mariage d’un couple de Français en présence d’une centaine de détenus. C’est le consul de France qui les a unis et il en est encore ému.

L’aide du consulat débute le jour de l’arrestation avec un premier contact au poste de police et se termine à la libération ou au transfèrement en France. Cela passe par la liste d’avocats, l’acheminement de l’aide financière fournie par les parents, du courrier, de médicaments ou de colis et l’appel à la générosité des entreprises locales pour des dons en nature en faveur des plus démunis.

Si le consul éprouve de la compassion pour les détenus, il trouve "écoeurants d’irresponsabilité et ignobles ceux qui passent de la drogue dans leur voiture alors qu’ils sont accompagnés de leurs enfants".

L’été dernier, le consulat a hébergé durant une semaine deux jumelles et un garçon dont les parents respectifs avaient été arrêtés. Ces enfants sont restés là jusqu’à ce que l’on trouve des membres de leur famille en France.

Source : AFP

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Drogues - Tanger - Procès - Prison

Ces articles devraient vous intéresser :

"Lbouffa" : La cocaïne des pauvres qui inquiète le Maroc

Une nouvelle drogue appelée « Lbouffa » ou « cocaïne des pauvres », détruit les jeunes marocains en silence. Inquiétés par sa propagation rapide, les parents et acteurs de la société civile alertent sur les effets néfastes de cette drogue sur la santé...

Pufa, la "cocaïne des pauvres" qui déferle sur le Maroc

Pufa, la « cocaïne des pauvres » s’est installée progressivement dans toutes les régions du Maroc, menaçant la santé et la sécurité des jeunes. Le sujet est arrivé au Parlement.

Boufa, la drogue qui terrifie le Maroc

Le Maroc mène des actions de lutte contre les drogues dont la « Boufa », une nouvelle drogue, « considérée comme l’une des plus dangereuses », qui « envahit certaines zones des villes marocaines, en particulier les quartiers marginaux et défavorisés. »

Le Maroc face à la menace de la « Poufa », la cocaïne des démunis

Le Maroc renforce sa lutte contre la « Poufa », une nouvelle drogue bon marché, connue sous le nom de cocaïne des pauvres », qui a non seulement des répercussions sociales, notamment la séparation des familles et une augmentation des suicides et des...

« L’Escobar du désert » fait tomber Saïd Naciri et Abdenbi Bioui

Plusieurs personnalités connues au Maroc ont été présentées aujourd’hui devant le procureur dans le cadre de liens avec un gros trafiquant de drogue. Parmi ces individus, un président de club de football.

"L’boufa", la nouvelle menace pour la société marocaine

Le Maroc pourrait faire face à une grave crise sanitaire et à une augmentation des incidents de violence et de criminalité, en raison de la propagation rapide de la drogue «  l’boufa  » qui détruit les jeunes marocains en silence.