Dès mai 2003, quelques jours après les attentats de Casablanca, les ministres de l’Intérieur du G 5 (Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni) avaient d’ailleurs décidé que leurs polices collaboreraient activement sur ce dossier. Des échanges entre justice française et espagnole ont déjà eu lieu dans le cadre de l’information judiciaire confiée aux juges Jean-Louis Bruguière et Jean-François Ricard dès le 19 mai 2003 pour « assassinats, complicité d’assassinats, tentative d’assassinat, infraction à la législation sur les explosifs et association de malfaiteurs ». Français et Espagnols pourront aussi coopérer dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris après les attentats de Madrid.
Après des années de balbutiement, et un sérieux coup de fouet après le 11 septembre 2001, cette coopération dans la lutte contre l’islamisme est plus que jamais vitale. Depuis près de dix ans, les islamistes espagnols sont présents dans les dossiers instruits en France. Un constat que l’enquête sur les attentats de Casablanca et les premiers résultats sur ceux de Madrid ne font que confirmer. Au Maroc comme en Espagne, des Français d’origine marocaine comme Abdelaziz Benyaich ou Karim el Mejjati, sont en première ligne dans la liste des suspects.
Quant à la base de repli espagnole, elle apparaît dans les trois affaires présentées par les policiers et les magistrats français comme les plus sérieuses de ces dernières années : le projet d’attentat à Strasbourg fin 2000, celui contre des intérêts américains en Europe en 2001 et enfin celui fomenté par le commando interpellé à Romainville et La Courneuve fin 2002.
Après plusieurs mois d’enquête, le chef du commando impliqué dans le projet de Strasbourg, Mohamed Bensakhria, était interpellé en Espagne le 22 juin 2001. Présenté comme un des responsables d’al-Qaida en Europe, l’homme sera extradé vers la France quelques semaines plus tard. La suite de l’enquête démontrera que nombre de membres du commando étaient passés par la péninsule ibérique.
Les projets d’attentats du groupe « Beghal », du nom de son chef présumé Djamel Beghal, ont aussi conduit les magistrats français sur les routes du sud. Arrêté à Dubaï en juillet Z001, Beghal se rendait régulièrement en Espagne ainsi qu’au Maroc.
Dernier projet d’importance pour les spécialistes de l’antiterrorisme, les projets d’attentat déjoués en décembre 2002 ont également eu pour toile de fond l’Espagne d’où venaient plusieurs terroristes potentiels. À l’époque, des tensions avaient d’ailleurs opposé magistrats français et espagnols, les premiers reprochant aux seconds de remettre en liberté des suspects en arguant du fait d’une insuffisance de preuves.
Le Figaro