Ces villas de standing qui séduisent de plus en plus de Marocains

4 septembre 2007 - 01h03 - Economie - Ecrit par : L.A

Palm Beach, Eden Island, Les Jardins de l’Océan, Dream Garden, Star Hills, Anfa Bay, Port Lixus, Les Jardins de la Palmeraie, Riverpalm, La Marina du Sahel, Bahia Golf Beach... Autant d’appellations qui font rêver : un décor de riviera française, marbre italien, bois exotique, chauffage et climatisation installés par le promoteur sans oublier l’incontournable piscine.

Ces projets de villas de haut standing, voire très haut standing, se développent de plus en plus et ce ne sont pas les seuls Casablancais qui en sont demandeurs. « Les raisons en sont simples et se résument en deux points. Ces programmes de villas de standing sont la réponse à une demande croissante de couples de cadres supérieurs, ou de jeunes entrepreneurs, âgés de 35 à 45 ans, qui n’ont ni le temps ni la patience de construire eux-mêmes leurs villas. Le promoteur leur livre, clés en main, une villa finie qui répond à toutes leurs exigences », explique Rachid Jamaï, directeur général du groupe éponyme qui a choisi de se lancer dans l’aventure de la villa de standing depuis quelques années. Et d’ajouter : « La seconde raison a trait aux avantages qu’offre ce type de logements. La formule de copropriété horizontale permet aux habitants de la résidence d’économiser sur les salaires des jardiniers, gardiens et autres employés ».

Le foncier en front de mer ou en palmeraie a atteint des sommets ce qui influe sur les prix de vente

Le promoteur explique que la démarche d’exécuter des projets de villas de standing est différente de celle des autres projets immobiliers. « Un projet de villas est différent car, pour satisfaire la clientèle qui a des exigences particulières, les investissements sont plus lourds ». Mais une donne demeure tout de même constante : le prix du foncier qui n’a cessé de flamber. Et selon plusieurs promoteurs et agents immobiliers contactés, Casablanca demeure la ville la plus chère. Sur la côte atlantique de la ville, là où ces projets poussent comme des champignons, le mètre carré varie entre 2 500 DH et 3 500 DH (la parcelle la plus chère étant celle se trouvant à proximité du restaurant « A Ma Bretagne » avec près de 4 000 DH le m2). Ces prix vont en baissant au fur et à mesure que l’on se dirige vers Sidi Rahal. Les terrains dans cette bourgade de la province de Settat, pourtant à moins de 40 km de Casablanca, se vendent entre 350 DH et 500 DH le m2.

Cette flambée du prix du foncier influe directement sur le prix de vente final. Il y a deux années, ce professeur de médecine a acquis une villa de 500 m2 dans une nouvelle résidence donnant sur la mer à Casablanca. Prix de vente : 3,5 MDH. Actuellement, le prix de sa propriété frôle les 6 MDH. Même chose pour ce couple de financiers installés à Casablanca. Il y a deux ans, il acquéraient auprès de la société Dellamar une villa avec piscine de 400 m2 construits au prix de 2,4 MDH. Aujourd’hui, leur bien immobilier vaut 5 millions de DH.

Pourtant, cette hausse qui représente dans plusieurs cas un doublement des prix en deux ou trois ans seulement, est considérée par les professionnels de l’immobilier comme « tout à fait naturelle ». « C’est un concept qui séduit de plus en plus parce que à la fois chic et pratique », souligne pour sa part Driss Nokta, promoteur casablancais connu qui n’a pas hésité à surfer sur cette nouvelle vague. M. Nokta explique que si la surface la plus demandée varie entre 550 m2 et 650 m2, grosso modo, les prix tournent autour de 5 à 6 MDH, que ce soit à Casablanca ou à Marrakech. Quand il s’agit de résidence secondaire en front de mer, les superficies sont plus petites et les prix moins élevés. La moyenne va de 250 m2 à 300 m2 avec des prix oscillant entre 2 et 2,5 MDH. En réalité, un petit tour suffit pour se rendre compte d’une réalité : la demande existe, elle est même très forte malgré la hausse des prix.

Des groupes spécialisés dans ce type de programmes ont été créés

Il faut cependant relever que ce phénomène de maisons individuelles livrées prêtes à emménager n’est pas propre au début des années 2000. Les villes de Casablanca et Marrakech ont été les précurseurs de ce nouveau mode de logement. « Les Jardins de la Palmeraie », une idée de Abdelali Berrada réalisée dans les années 90, a été une première qui a poussé au développement d’autres programmes de villas comme « Bouznika Bay », par exemple, dont les premières tranches ont été réalisées à la fin des années 90. Mais d’autres promoteurs immobiliers ne tardèrent pas à découvrir la rentabilité du filon. A partir de 2002, plusieurs d’entre eux se lancent alors dans des projets à Casablanca et Marrakech, bien sûr, mais aussi à Tanger, Bouznika, Benslimane, El Jadida, Tétouan, Mdiq...

A commencer par le groupe Abdelali Berrada, et sa filiale spécialisée, Palmeraie Développement, dont « Les Jardins de la Palmeraie » ont connu un grand succès, ce qui l’a poussé à construire deux projets similaires dans la palmeraie de Marrakech (« Les Jardins » II et III). A leur lancement, les premières villas étaient commercialisées entre 2 et 3 MDH.

La troisième tranche commence, elle, à 6,7 MDH. Plus tard, le groupe décide de tenter une expérience à Casablanca, cette fois-ci avec « Les Jardins de l’Océan ». Sis précisément à Dar Bouazza, ce projet comprend des villas, un centre commercial et un lac artificiel. Il s’étend sur une superficie de 43 ha. Un autre mastodonte de la villa de luxe au Maroc est l’entreprise Manazilna, créée en 2004 par Abdelhak Bennani, ancien PDG de Wafabank. Ce dernier s’est associé à un promoteur immobilier déjà en activité, Mountassir El Bousserghini, qui assure la direction générale, conjointement avec Mamoun Bennani. Leur premier coup d’éclat, « Rimini », est un projet d’une cinquantaine de villas à Aïn Diab s’étalant sur 4 ha. D’autres programmes suivirent plus tard, dont « Bella Al Madina », une centaine de villas sur 8 ha situées dans le quartier Californie à Casablanca. La proche banlieue de la métropole a également été investie. Ainsi, Manazilna a développé le programme « Riad Al Bassatine », une cinquantaine de villas et un centre commercial à Bouskoura.

Le créneau est tellement intéressant que même les promoteurs immobiliers jusque-là spécialisés dans l’habitat social se sont mis à la villa de luxe. Ainsi, le groupe Jamaï a créé une filiale dédiée à ce type de produit. Kenzi est ainsi derrière le grand projet « Anfa Bay » où seront construites au total 500 villas sur la route d’Azemmour, avec des tranches de 23 à 30 villas chacune. Des projets sont en cours dans d’autres villes, notamment à Marrakech où un ensemble de 130 villas est à l’étude, ou encore Tanger et El Jadida.

Et cette fièvre de la villa de haut standing a même touché des mastodontes de l’habitat social et économique, tels Addoha ou Chaâbi Liliskane qui développement des projets à Tanger (Cap Spartel et Cap Malabata), Essaouira et Rabat.

La vie éco - Fadoua Ghannam

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Sujets associés : Immobilier - Croissance économique - Consommation - Malabata

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