« On va perdre des gamines » : la loi anti-voile inquiète les clubs en France

La proposition de loi portée par Les Républicains visant à interdire le port de signes religieux dans les compétitions sportives et dans les piscines municipales adoptée le 18 février 2025, fait débat. Et pour cause, ce texte propose de généraliser l’interdiction du port de signes religieux à toutes les compétitions sportives.

Aux yeux des partisans de l’interdiction du voile, le port du hijab est un signe d’« entrisme religieux » remettant en cause le vivre-ensemble. Or, peu de problèmes ont été constatés sur le terrain. D’après un récent rapport parlementaire de la Mission flash sur les dérives communautaristes et islamistes dans le sport, plus de 500 clubs ont été confrontés à des comportements communautaristes – une catégorie qui regroupe, pour les auteurs du texte, le port du hijab, l’organisation de prières dans les vestiaires ou encore le refus de serrer la main à un joueur d’un autre genre-, mais « ces comportements n’affectent qu’une fraction des 380 000 associations sportives et des 160 000 clubs recensés ».

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De plus, les acteurs du monde du sport interrogés par franceinfo assurent, dans l’immense majorité des cas, ne pas avoir été confrontés au communautarisme dans le sport. Selon bon nombre d’entre eux, il s’avère important de séparer le port du hijab d’un potentiel entrisme religieux. « La religion et le racolage des milieux islamistes, c’est deux choses différentes, assure Bruno Vetticoz, président du club d’athlétisme de Gif-sur-Yvette (Essonne). Les gamins que je connais, qui font un signe de croix quand ils réussissent, ou qui courent avec un voile, ils ne sont pas dans le prosélytisme ou la revendication. »

Ceux qui défendent le port du hijab « veulent rendre le port du voile classique, puis extraire les femmes du monde du sport », avance l’ancien champion de boxe Mahyar Monshipour. La star du judo Teddy Riner prend aussi position : « Dans le sport chez les voisins, dans d’autres cultures, tout se passe bien et [le voile dans le sport] n’emmerde personne », a-t-il fait remarquer. « Les filles qui portent le voile respectent les mêmes règles que le reste de l’équipe, il n’y a pas de prosélytisme ou de traitement de faveur », renchérit Laurent Golfier, entraîneur de collégiennes au Montreuil Handball (Seine-Saint-Denis).

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Morgane, de l’équipe de basketball de La Croix-Saint-Ouen (Oise) confirme, : « Les autres joueuses, ça ne leur posait aucun souci que je porte le voile. Ce qui compte dans une équipe, ce sont tes compétences, mais chacun vient comme il est. » Selon elle, l’argument de la laïcité cache en réalité « une stigmatisation des femmes musulmanes », voire « un racisme décomplexé ». Aujourd’hui, elle a arrêté le basket, le port du hijab durant les entraînements, autorisé par le règlement fédéral, n’ayant été qu’accepté à reculons par son nouveau club. « On me dit : ’T’as qu’à aller courir dans la rue pour faire du sport’. Déjà que j’y suis davantage sujette à des insultes à cause de mon voile, vous pensez que je vais aller courir dehors ? »

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Des acteurs du sport expriment des inquiétudes. « On va perdre des gamines, c’est sûr », au cas où la proposition de loi des Républicains serait adoptée, assure Laurent Golfier. « Ils vont tuer le foot féminin », soupire Jean-Michel Verroux, entraîneur à l’Elan sportif de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Le texte est « complètement en contradiction avec nos ordres de mission », renchérit Bruno Vetticoz. Selon Nicolas Cadène, le texte risque d’« accentuer un système de structures sportives parallèles communautaires ». « On donne un argument supplémentaire aux religieux radicaux qui vont dire aux sportives musulmanes : “Vous êtes maltraitées dans ce pays, vous êtes exclues” », a-t-il ajouté.