En France, les Marocains paient le prix fort des politiques migratoires

2 mai 2025 - 21h00 - France - Ecrit par : S.A

En France, les Marocains figurent parmi les étrangers en situation irrégulière les plus retenues dans les Centres de rétention administrative (CRA) en vue de leur expulsion. C’est ce qui ressort d’un rapport conjoint de cinq associations dont la Cimade, qui s’alarment par ailleurs de l’augmentation de la durée moyenne de rétention.

En tout, 40 592 personnes ont été enfermées en CRA en 2024, contre 46 955 l’année précédente, révèlent les cinq associations. Leur rapport conjoint précise que 24 634 l’ont été en Outre-mer (essentiellement à Mayotte) et 16 228 dans l’Hexagone, rapporte RFI. En métropole, la majorité des personnes retenues étaient de nationalité algérienne (32 %), suivies par les Tunisiens (12 %), les Marocains (11 %) et les Roumains (4,4 %), est-il encore précisé.

À lire :La hantise des sans-papiers marocains en centre de rétention

Les cinq associations se félicitent de la réduction du nombre d’étrangers en situation irrégulière les plus retenues dans les Centres de rétention administrative (CRA). Elles s’inquiètent toutefois de l’augmentation de la durée moyenne de rétention. L’année dernière, la durée moyenne de rétention s’établissait à près de 33 jours, soit 5 jours de plus par rapport à 2023. « Nos associations constatent quotidiennement l’impact de périodes d’enfermement de plus en plus longues sur la santé mentale et physique des personnes enfermées et sur le niveau de tension dans les CRA. Gestes désespérés, tentatives de suicide, actes d’automutilation, violences […] », décrit le rapport.

À lire :Espagne : pas de condamnation d’un centre de migrants après la mort de Marouane

« On observe que les personnes sont enfermées beaucoup plus longtemps qu’auparavant. Parfois jusqu’à 90 jours », a précisé Justine Girard, responsable nationale rétention à la Cimade. Le souhait de la droite sénatoriale, « première force de la Haute assemblée et tremplin pour faire prospérer les idées anti-immigration du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau (Les Républicains) », c’est d’allonger cette durée de rétention à 210 jours. Une proposition de loi a été adoptée en première lecture par le Sénat, le 18 mars 2025. Ce texte prévoit d’étendre la durée maximale de détention à 210 jours aux étrangers également condamnés pour un crime ou un délit puni d’au moins cinq ans d’emprisonnement.

À lire : Bagarre entre Marocains au centre de migrants de Ceuta

Les cinq associations dénoncent par ailleurs une tentative de les évincer des CRA. Le ministre de l’Intérieur les accuse d’être « juge et partie ». Le 12 mai, il sera procédé à l’examen d’une nouvelle proposition de loi déposée par la sénatrice Marie-Carole Ciuntu (LR) visant à confier leurs tâches à l’Office français de l’immigration et de l’intégration, organisme placé sous la tutelle du ministère de l’Intérieur. Cette proposition de loi « vise à amoindrir les capacités des personnes à exercer leurs droits, notamment aux recours », a dénoncé la Cimade. Confrontée à des difficultés pour remplir « ses missions dans de bonnes conditions », la Cimade s’est d’ailleurs retirée en janvier du CRA du Mesnil-Amelot, plus grand de France.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Expulsion - France - Administration - Immigration clandestine

Aller plus loin

La triste histoire de la rétention administrative en France

Les locaux dévastés et à demi calcinés du Centre de Rétention Administrative (CRA) de Vincennes donnent d’abord l’image d’une pitoyable révolte pénitentiaire qui interpelle la...

La hantise des sans-papiers marocains en centre de rétention

En France, les sans-papiers marocains et d’autres nationalités en centres de rétention administrative (CRA) expriment leur refus de faire un test Covid-19. Et pour cause.

Espagne : pas de condamnation d’un centre de migrants après la mort de Marouane

Marouane Abouobaida, un jeune Marocain de 23 ans, s’est suicidé dans une cellule d’isolement du centre de rétention des migrants de Zapadores le 15 juillet 2019, après avoir été...

Bagarre entre Marocains au centre de migrants de Ceuta

La police nationale a fait une intervention samedi dans le Centre de rétention des migrants de Ceuta (CETI), pour mettre fin à une bagarre générale entre pensionnaires,...

Ces articles devraient vous intéresser :

Des voitures de luxe acquises par le ministère de la Transition numérique ?

Ghita Mezzour, ministre déléguée en charge de la Transition numérique et de la réforme de l’administration, a démenti l’acquisition d’une voiture de luxe pour 2,48 millions de dirhams et d’une autre pour 1,27 MDH.

Aïd al-Adha : la vente du mouton interdite au Maroc ?

Au Maroc, des mesures visant à empêcher des citoyens d’acheter des bêtes à sacrifier lors de l’Aïd al-Adha, ont été observées. Ils sont orientés vers l’abandon du sacrifice.

Maroc : Hausses salariales pour les agents du ministère de l’Économie

Les fonctionnaires du ministère de l’Économie et des Finances verront leurs conditions de vie s’améliorer avec l’adoption par le conseil du gouvernement présidé par Aziz Akhannouch d’un décret.

Maroc : les rues débordent de marchands ambulants

Les marchands ambulants au Maroc ont toujours pignon sur rue en dépit des politiques publiques mises en œuvre, des investissements consacrés à la construction de marchés et des campagnes de libération de l’espace public.

Le fisc marocain en alerte

La lutte contre l’économie informelle reste le cheval de bataille de la Direction Générale des Impôts (DGI). Dans ce sens, celle-ci a adopté une nouvelle stratégie.

Maroc : les cafés et restaurants disent non aux saisies bancaires

La Fédération nationale des associations des cafés, restaurants et unités touristiques du Maroc s’oppose à la procédure de saisie des comptes bancaires et des actifs commerciaux des professionnels, et fait un plaidoyer dans ce sens.

Alerte au miel « aphrodisiaque » en vente au Maroc

Du « miel aphrodisiaque » ou du « miel de virilité » inonde le marché marocain et inquiète le Syndicat des professionnels de l’apiculture au Maroc.

Aid al adha : décision importante du Maroc

Le ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Ahmed El Bouari, entend généraliser l’interdiction de l’abattage des femelles ovines dans les abattoirs.

Maroc : des visites mystères dans les hôtels

Au Maroc, les professionnels de l’hôtellerie ont bien accueilli la décision d’organiser des visites mystères dans tous les établissements touristiques, conformément aux dispositions de la nouvelle loi 80-14 visant à renforcer la qualité et la gestion...

Maroc : deux walis écartés pour avoir ignoré l’appel du roi Mohammed VI ?

Deux responsables paient cher pour leur obstination pour le sacrifice de l’Aïd Al-Adha annulé par le roi Mohammed VI cette année.