Immobilier au Maroc : des commissions à 100 %

11 août 2025 - 08h00 - Maroc - Ecrit par : S.A

Des associations de protection des consommateurs au Maroc ont ras-le-bol de certaines pratiques d’intermédiaires immobiliers qui imposent des commissions excessives et injustifiées, atteignant parfois 100 % du montant du loyer, notamment dans de grandes villes comme la capitale, Rabat.

« Celui qui cherche logement locatif se retrouve face à des commissions élevées, atteignant dans des villes comme Rabat 100 % du montant initial du loyer », dénonce Ahmed Bayoud, président fondateur de l’association « Avec les consommateurs » auprès de Hespress. Selon lui, l’absence d’un cadre légal clair régissant cette profession ouvre la porte au désordre dans les prix et aux manipulations dans les commissions, ce qui entraîne un déséquilibre important entre l’offre et la demande, et place le consommateur dans une position de faiblesse permanente. Il insiste sur « la nécessité de stipuler dans le texte attendu des pourcentages maximum de commissions, souples et adaptables selon les spécificités des villes et la variation des prix de location ».

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Pour Bayoud, réglementer ce secteur de manière accrue ne signifie pas combattre la profession de médiation en elle-même, car elle est essentielle ; au contraire, cela vise à encourager une concurrence loyale et transparente, et à limiter les formes de collusion et de coordination secrète. Il suggère de s’inspirer de « l’expérience française », qui, est, selon lui, exemplaire et peut servir de référence pour réguler le marché et renforcer la confiance des citoyens. « La responsabilité de la protection du consommateur ne doit pas rester cantonnée aux questions de biens de consommation uniquement, mais doit inclure tout ce qui touche à la vie quotidienne des citoyens, à commencer par le logement », a-t-il martelé.

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Et d’estimer : « les associations spécialisées peuvent exercer une pression à travers des communiqués et la coordination avec des acteurs partisans, politiques et institutionnels afin de promouvoir davantage cette cause et plaider pour trouver une solution urgente ». « Le Maroc progresse dans tous les domaines, et il est nécessaire d’élaborer une vision officielle différente pour organiser certaines formes de médiation au Maroc, car elles connaissent un état de désordre », a affirmé pour sa part Boujemâa Mouji, vice-président d’Uniconso. Pour lui, « l’État est aujourd’hui appelé, plus que jamais, à intervenir d’urgence afin d’organiser clairement cette profession, de manière à garantir le respect du principe de libre concurrence et à empêcher le monopole ou les ententes tacites ».

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Autrement, « l’absence de ce cadre légal nuit directement aux droits des consommateurs et les place face à des pratiques manquant souvent de transparence et d’intégrité », a ajouté Mouji. Il poursuivra : « Ce qui est demandé aujourd’hui, c’est de permettre au citoyen de payer en contrepartie d’un service dont il est satisfait, et non de l’obliger à verser une commission disproportionnée par rapport à la valeur réelle du service, dans une situation qui lui donne l’impression d’avoir été escroqué », dans un pays qui s’efforce d’ancrer la transparence et la justice sur le marché.

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