Une étude publiée par le Centre africain pour les études stratégiques et la numérisation (CAESD) alerte sur la fragilité du marché du travail marocain. « Le marché du travail marocain traverse une phase critique qui combine des opportunités prometteuses et des risques structurels profonds. Alors que l’économie célèbre des succès sectoriels, notamment dans l’industrie automobile, et une dynamique liée aux préparatifs pour l’organisation de la Coupe du monde 2030, un examen attentif révèle une fragilité préoccupante », avertit l’auteur de l’étude.
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Le Centre africain pour les études fait remarquer que « le modèle de croissance actuel dépend de manière dangereuse des fluctuations du marché européen, et qu’une grande partie des opportunités d’emploi créées dans des secteurs tels que la construction, le tourisme et les services sont par nature circonstancielles et temporaires ». Selon le centre, « la dépendance à l’égard de l’Europe dans l’industrie rend le Maroc otage de ses politiques protectionnistes et environnementales ». Pire, « la prospérité liée à la Coupe du monde cache derrière elle une “bulle” qui pourrait éclater après 2030, laissant des milliers de travailleurs sans alternatives », s’alarme le centre.
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L’étude montre que l’organisation de la Coupe du monde 2030 est un énorme catalyseur économique dont les estimations prévoient la création d’environ 250 000 emplois temporaires dans le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP), et environ 100 000 emplois semi-permanents dans le tourisme et l’hôtellerie. Toutefois, une question s’impose : qu’adviendra-t-il du marché de travail marocain après 2030 ? « Cette prospérité pourrait n’être que circonstancielle. Après la fin des grands chantiers, le secteur du bâtiment se retrouvera face à un excédent de main-d’œuvre, et après la fin de l’événement, le secteur du tourisme pourrait connaître un ralentissement s’il n’est pas construit une stratégie durable pour attirer les visiteurs », prévient le rapport.
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Le centre africain pour les études note que « si la planification de l’étape post-2030 n’est pas entamée dès maintenant à travers des programmes de diversification économique et de reconversion des compétences, le Maroc risque de faire face à une crise aiguë de chômage parmi les travailleurs du bâtiment et du tourisme, ce qui pourrait entraîner des troubles sociaux ». Et d’insister : « la dépendance à l’égard de l’Europe et la dépendance à des événements circonstanciels constituent le talon d’Achille du marché du travail marocain ». Le centre appelle à travers cette étude à une action urgente pour construire un modèle économique plus autonome, diversifié et durable.