Boom de l’immobilier et flambée des prix

24 octobre 2006 - 06h55 - Economie - Ecrit par : L.A

« Quand le bâtiment va, tout va », répète-t-on à l’envi. Cet axiome reflète pourtant une réalité préoccupante. La flambée des prix de l’immobilier lèse particulièrement les citoyens. Seuls les promoteurs semblent s’enrichir d’une façon scandaleuse.

Ainsi, que ce soit à Tanger, Rabat, Marrakech ou Casablanca, la spéculation foncière atteint des proportions inquiétantes. A Casablanca, par exemple, dans certaines zones, le mètre carré frôle allègrement les 16.000 dh, à Tanger, certains appartements sont proposés à plus de 30.000 dh le mètre. Rabat n’est pas en reste dans cette surenchère puisque dans certains quartiers, le mètre carré se négocie jusqu’à 14.000 dh. Marrakech, pour sa part, n’en finit pas de séduire Marocains et Européens. Le résultat était prévisible, le prix des terrains a flambé et celui des appartements a suivi cette courbe ascendante. Un appartement de haut standing peut facilement atteindre les 15.000 dh le mètre carré.

En moins de deux années, le prix de l’immobilier a augmenté, pour certaines villes, de 30 à 50%. Cette tendance haussière n’est pas prête de s’arrêter.

Mais si, pendant des années, Casablanca était considéré comme la ville la plus chère au niveau du foncier, cela n’est plus vrai aujourd’hui. Ainsi, à standing équivalent, Rabat, Marrakech ou Tanger affichent des prix nettement plus élevés.

Les surliquidités des banques, les facilités qu’elles accordent aux promoteurs et aux particuliers, les transferts des MRE contribuent à ce formidable boom de l’immobilier. Il y a aussi la chute des taux d’intérêt et ces campagnes de promotion menées par les banques pour attirer le plus grand nombre de clients. Mais ce qui fausse grandement la donne, c’est le fait que le béton devient la voie idéale pour blanchir l’argent sale. Ce qui explique, en partie, la flambée des prix à Tanger, par exemple. Le secteur, lui-même, génère de l’argent noir, sachant que tous les promoteurs exigent, au moment des transactions, un dessous de table, non déclaré, et partant qui échappe au fisc.

L’accès à la propriété, rêve d’une majorité de Marocains, se trouve confronté à la réalité des prix. Ce renchérissement de l’immobilier ne fait pas, on s’en doute, le bonheur des ménages moyens. En l’absence d’un parc locatif à des prix attrayants, nombreux sont ceux qui n’ont de cesse que de posséder leur propre logement pour faire partie de ceux qui possèdent un bien immobilier. Il faut dre qu’au Maroc cela équivaut à une certaine réussite sociale. Aussi, ces derniers mois, les banques ont ratissé large et proposé des formules de crédits pouvant aller jusqu’à 40 ans ! Mais la spéculation aidant, ou plutôt la pénurie de terrains devenue bien réelle, les prix des terrains se négocient à prix d’or. Ainsi, un terrain destiné à la construction d’un R+5 s’est vendu, dans le quartier Hassan à Rabat à 16.000 dh le mètre carré. On retrouve le même scénario à Marrakech où des terrains sont vendus à plus de 12.000 dh.

Mais si à première vue, le Maroc est devenu un immense chantier où l’on construit à tour de bras, il n’en demeure pas moins que si rien n’est entrepris, l’accès à la propriété, deviendra un luxe. Dans cette donne, seuls les logements sociaux pourront tirer leur épingle du jeu.

Khadija Alaoui - Libération

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immobilier

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : changement majeur chez Airbnb

La plateforme américaine Airbnb interdit désormais toutes les caméras de surveillance à l’intérieur des logements mis en location. Cette nouvelle règle entrera en vigueur en avril dans tous les pays, y compris le Maroc.

Vers une meilleure protection des biens immobiliers des MRE au Maroc ?

Le groupe haraki à la Chambre des représentants œuvre pour le renforcement de la protection des biens des Marocains résidant à l’étranger (MRE).

Le Maroc manque de main-d’œuvre

Au Maroc, la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur du bâtiment et des travaux publics est un problème réel et généralisé qui pourrait produire un impact négatif sur les grands chantiers ouverts dans le cadre des préparatifs de la coupe du monde de...

Immobilier au Maroc : l’Etat veut vous obliger à payer les taxes

L’administration des impôts a mis en place une nouvelle mesure pour lutter contre la fraude fiscale dans l’immobilier.

Une bonne nouvelle pour les enseignants marocains

La Fondation Mohammed VI de promotion des œuvres sociales de l’éducation-formation a augmenté le montant des crédits immobiliers accordé aux enseignants dans le cadre de son programme d’aide au logement IMTILAK, lancé en 2019.

Marocains, n’oubliez pas de déclarer les revenus fonciers

Le dépôt de la déclaration de revenus fonciers soumis à l’impôt sur le revenu (IR) et le paiement dudit impôt, doivent être effectués au plus tard le 29 février, a prévenu la Direction générale des impôts (DGI).

Maroc : ces investisseurs étrangers piégés

Au Maroc, plusieurs investisseurs étrangers ont engagé des ressources importantes dans certains secteurs comme l’agriculture, l’immobilier, la restauration, sans une étude préalable. Conséquence, ils ont enregistré des pertes colossales du fait de la...

Maroc : les revenus d’Airbnb traqués

L’Office des changes vient de lancer une vaste opération d’audit visant les transferts financiers internationaux entre propriétaires et bénéficiaires des locations de biens immobiliers via Airbnb.

Immobilier au Maroc : bonne nouvelle pour les nouveaux acquéreurs

Des changements ont été opérés pour impacter positivement le secteur de l’immobilier. Le délai prévu dans l’article 573 relatif à l’introduction d’une action en justice pour défaut de garantie n’est plus limité à 365 jours.

Maroc : les salles de fêtes se plaignent de "l’absence" de mariages

Au Maroc, la fréquentation des salles de mariage a considérablement baissé cet été au point d’inquiéter plusieurs gérants.