Abdel, soudeur qualifié mais sans permis de travail

19 février 2007 - 00h00 - Belgique - Ecrit par : L.A

Sans papiers, interdiction de travailler. Même dans les fonctions où il y a pénurie.

La soudure figure parmi les fonctions critiques, pour lesquelles il y a donc pénurie de main-d’oeuvre. Pourtant, il y a des candidats à l’embauche. Mais ils sont sans papiers et sans titre de séjour légal sur le territoire. Ils ne disposent pas du permis de travail... C’est en quelque sorte la soudure sociale manquante.

Abdel, la quarantaine, a quitté le Maroc il y a 7 ans pour venir vivre en Belgique, dans la région du Centre. "Je ne parvenais pas à trouver un emploi stable dans mon pays. Mon travail, dans un labo photo, me rapportait 100 euros par mois", raconte-t-il. Muni d’un visa touristique valable un mois, Abdel est hébergé par des proches.

En 2001, il introduit une demande de régularisation pour raisons humanitaires. "Je n’avais pas de perspectives au Maroc, parce qu’il faut de plus en plus verser des pots-de-vin pour avoir un emploi. Même si on a un bon diplôme, on ne trouve pas de travail", ajoute-t-il.

Pour se doter d’une formation dans un secteur où la demande de main-d’oeuvre est forte, Abdel opte pour une qualification en soudure et suit des cours en journée et en soirée. Parallèlement, il s’initie à l’informatique, à raison d’une fois par semaine, en vue de maîtriser des programmes Word, Excel et DAO (dessin assisté par ordinateur).

"J’ai peur..."

Il essaie aussi d’intégrer une entreprise de formation par le travail (EFT) mais, pour cela, il faut un permis de travail, délivré à des personnes en situation régulière. "Comme je n’avais pas de papiers, ce permis m’a été refusé. A travers ces démarches, j’ai découvert l’institutionnel et j’ai eu la chance d’être accompagné par Freddy", note Abdel.

Freddy est cofondateur et coordinateur du comité de soutien aux sans-papiers de la région du Centre : "On ne cesse de dire que la soudure est une des fonctions critiques. Or, voici une personne qui s’est formée, qui a fait ses preuves, mais qui se retrouve bloquée à cause de sa situation administrative", déplore Freddy Bouchez.

Abdel a en effet effectué des stages dans le cadre de son programme de cours et, à l’issue d’un de ces stages, un des plus gros employeurs privés de Wallonie lui a proposé de signer un contrat à durée déterminée. L’entreprise a donc introduit "une demande d’autorisation d’occuper un travailleur étranger" auprès du ministère de la Région wallonne, mais Abdel n’a pas pu recevoir le permis de travail convoité.

"Je travaille au noir, pour vivre. Mais je ne me sens pas libre, j’ai peur, 24 heures sur 24. Je n’ai pas de place dans la société, alors que, si j’avais le permis de travail, je pourrais tout de suite être utile et efficace", souffle Abdel. Malgré la crainte, il a souhaité témoigner au nom de ceux qui, comme lui, se cachent et rêvent de sortir de la clandestinité.

Freddy Bouchez, qui accompagne Abdel et d’autres dans leurs démarches auprès des services chargés de l’emploi, s’interroge : "Faut-il en conclure qu’il est victime du fait qu’il a fait une demande d’asile conforme à sa situation, pour raisons humanitaires, par manque de moyens de subsistance au Maroc ?"

A fonctions critiques, questions critiques...

La Libre Belgique - Franca Rossi

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