D’après Mundo Islam, le couple, dont l’initiative permet d’affronter la crise sociale, tente de répondre à une urgence sociale qui n’a cessé de drainer plus de monde au fil des ans. Par semaine, Ahmed et María, qui accueillaient une cinquantaine de personnes, en reçoivent aujourd’hui plus de 80 ; tandis que le week-end, ils dépassent généralement la centaine. " J’espère que le jour viendra où je ne trouverai personne à la porte ; ce serait un bon signe que tout va mieux ", affirme ce Tunisien de 67 ans. " Le pire, fait-il observer, c’est que de plus en plus de femmes accompagnées des enfants, viennent ; c’est quelque chose auquel on ne s’habitue pas ".
Servando González, un bénévole d’Alicante qui est présent tous les dimanches, pense plutôt le contraire. À en croire ce membre du Rotary Illice, " non seulement nous ne sommes pas sortis de la crise, mais ça va être plus, car de plus en plus de gens viennent et ont faim". L’organisation de Servando, chargée de cuisiner une paella géante une fois par semaine, sait déjà ce qui l’attend en cette nouvelle année. "Je pense qu’un très bon 2020 ne nous attend pas", entrevoit le bénévole.
L’idée de créer cette cantine sociale remonte à plusieurs années en arrière, lorsque le couple a décidé de faire de la solidarité le moteur de sa vie. Âgé de 67 ans, Ahmed a rencontré à Séville, María Eugenia, 60 ans, qui s’est finalement convertie à l’islam. Le couple compte deux enfants et cinq petits-enfants. "Je ne peux pas rester tranquille chez moi, sachant qu’il y a des gens qui n’ont rien à manger", soutient Ahmed, avant d’ajouter que, pour lui, "c’est un devoir d’aider".
À ses débuts en 2000, la cantine nourrissait les pauvres de manière " très basique ", notamment chaque samedi avec 25 et 30 kilos de viande. Six ans plus tard, ils ont fait de leur maison un foyer d’accueil. Aujourd’hui, vu l’ampleur que prend la cantine, le couple qui, pendant cinq années avait reçu une contribution de la Mairie (32 000 à 35 000) se dit "étouffé financièrement". "Je mets de l’argent de ma poche depuis notre ouverture", confie Ahmed.
La cantine sociale accueille des personnes en situation difficile de plusieurs nationalités, dont des Espagnols, des Sud-Américains, des Subsahariens, des Roumains, des Marocains, des Algériens, plusieurs Anglais et un Chinois. "Les gens doivent savoir que ce ne sont pas les immigrés qui ont le plus besoin d’aide ; les Espagnols passent également un mauvais moment", clarifie Ahmed.
"Depuis la crise, la plupart de ceux qui viennent ici sont des travailleurs qui ont perdu leurs emplois et leurs maisons et ont été contraints de venir dans cette salle à manger", confie-t-il.