Aid Al Adha : Un gâchis de 450 millions de DH

26 décembre 2007 - 16h58 - Maroc - Ecrit par : L.A

« Quelle aubaine pour les tanneurs après l’Aïd. Avec des millions de peaux de moutons produites, ils ne doivent pas chômer ». C’est ce que pense la majorité des gens. Mais en fait, il n’en est rien. L’Aïd est au contraire l’occasion d’un formidable gâchis de peaux de moutons. Près de 5 millions de peaux sont perdues pour le secteur de la tannerie, soit 50% de la consommation annuelle. « Nous consommons près de 10 millions de peaux par an.

Durant l’Aïd, 5 millions d’entre elles, de surcroît les meilleures, sont consommées en une seule journée », déclare Rabii Mahboub, directeur de la Fédération marocaine des industries du cuir (FEDIC). « Ces 5 millions de peaux sont malheureusement perdues pour le secteur, puisque les gens ne les vendent pas. D’autant plus qu’elles sont manipulées par des non-professionnels qui entament leur qualité », ajoute-t-il. Une alternative : les peaux sont soit gardées, soit données aux nécessiteux.

Les pertes occasionnées par ce gâchis sont de l’ordre de 300 à 450 millions de DH, estime la Fedic. Avec bien sûr de nombreux emplois perdus pour les professionnels, est-il ajouté. « Ces pertes en matières premières est un coup dur pour le secteur de la tannerie, qui souffre déjà de problèmes d’approvisionnement », précise Mahboub. Il n’existe que très peu d’abattoirs professionnels. A Casablanca, par exemple, il n’en existe qu’un seul. Ceci mène à une offre de mauvaise qualité, présentée en grande partie au « noir ».

Par ailleurs, les agriculteurs ne sont pas conscients de l’importance de la peau et négligent les différentes maladies qui peuvent l’attaquer. Devant cet état de choses, les tanneurs sont contraints à l’importation. Et ce, malgré le fait que le Maroc dispose d’un cheptel pouvant répondre à la totalité des besoins du secteur. Selon Mahboub, plus de 50% des besoins en peaux sont importés de Chine, d’Italie, d’Espagne et de France, principalement à cause de la mauvaise qualité de l’offre interne.

En 2006, le Maroc en a importé pour plus de 900 millions de DH, et exporté pour un peu plus de 150 millions de DH. Pour venir à bout de ce problème, une initiative a été mise en place par la Fedic et l’ANPME, en partenariat avec le ministère de l’Agriculture et celui de l’Industrie. Il s’agit d’une étude réalisée en amont du secteur de la tannerie, destinée à mettre à niveau la qualité de l’approvisionnement en matières premières. Sa mise à niveau conditionne la compétitivité du secteur, dont le principal marché est l’Union européenne, et qui se trouve en rude compétition avec les autres pays d’Afrique du Nord.

En revanche, du côté des produits finis, pas de nuages à l’horizon. En 2006, les exportations de produits en cuir (chaussures, maroquinerie, etc.) ont dépassé les 3 milliards de DH, avec une évolution de près de 8% par rapport à 2005. Cela dit, faute de mesures de mise à niveau et de modernisation, surtout en matière d’approvisionnement, le Maroc risque d’être dépassé par ses concurrents nord-africains.

L’Economiste - Ahlam Nazih

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