Les opinions sont très partagées sur cette question ; Zaynab Belhaj, une ménagère, a déclaré à Magharebia que l’Aïd al-Adha "est une célébration dont le but est, par le sacrifice d’animaux, de se rapprocher de Dieu, et une fête dont certaines familles déshéritées profitent après avoir vendu ce qui leur était précieux pour pouvoir acheter une bête pour le sacrifice une fois par an. Je crois par conséquent que cette fête est une occasion sacrée que les familles doivent pouvoir fêter quel qu’en soit le prix."
Même son de cloche chez Thaouria Zaydouh, une secrétaire. Elle explique que l’Aïd et le rite qui lui est associé sont indispensables pour elle et pour ses enfants, "parce que c’est une occasion magnifique de réunir la famille".
Zahra, une fonctionnaire, affirme que cette fête "constitue une charge financière, au vu de l’augmentation du prix des animaux, qui peut parfois atteindre jusqu’à 3 000 dirhams. Un tel coût pèse fortement sur le budget des familles, en particulier des familles pauvres pour lesquelles la seul solution consiste à s’endetter pour pouvoir acheter un animal." Elle ajoute : "Je suis certaine que nous connaîtrons cette année encore une nouvelle augmentation du prix du mouton, et que les spéculateurs y verront une occasion parfaite de s’enrichir sur le dos des gens."
Ibrahim, un jeune marié, déclare à Magharebia : "Peu importe que l’Aïd soit annulé ou non. Je pars quelques jours à Agadir avec ma femme, et nous envisagerons d’acheter un animal pour le sacrifice l’année prochaine, si Dieu le veut."
Les sociétés de crédit s’inquiètent d’une éventuelle annulation des célébrations et ont annulé leurs campagnes habituelles concernant des prêts spéciaux pour cette occasion.
Le Ministère de l’Agriculture a annoncé que les fournitures d’animaux pour l’Aïd cette année suffisaient à répondre à la demande, avec près de 4,9 millions de têtes de bétail.
Toutefois, ce communiqué du ministère souligne que bien que l’offre de moutons et de chèvres soit suffisante pour répondre à la demande, la qualité des animaux sera moins bonne que l’an dernier, du fait de la pénurie d’aliments résultant de la maigre récolte de cette saison, marquée par la sécheresse et l’augmentation des prix.
Concernant les prix, le Ministère de l’Agriculture explique qu’ils seront fixés selon l’offre et la demande, et pourront varier en fonction de la qualité, de la race, de l’âge et de la région.
Le ministère a ajouté que les sacrifices de l’Aïd auront une incidence économique et sociale positive, en particulier pour les éleveurs. Les ventes devraient atteindre 7 milliards de dirhams, dont une grande partie ira aux zones rurales, contribuant au revenu des soutiens de familles et stimulant les économies locales.
Magharebia - Imane Belhaj