Âgé de 31 ans, le Tunisien Sief Allah H. avait travaillé comme facteur dans son pays avant de rejoindre l’Allemagne. "Pour la première fois en Allemagne, des accusés qui ont préparé une attaque avec un agent biologique étaient jugés", s’est félicité le parquet. Selon le patron de la police criminelle allemande, Holger Münch, leur arrestation en juin 2018 avait probablement permis d’éviter ce qui aurait été la première attaque biologique en Allemagne. Pour le chef des services du renseignement intérieur de l’époque, Hans-Georg Maassen, leur arrestation avait été rendue possible grâce à une coopération entre services de renseignement nationaux et internationaux.
Au cours de leur procès qui avait débuté l’été dernier, le tribunal de Düsseldorf a estimé que Sief Allah H. avait voulu tuer "beaucoup de personnes" avec la préparation de cet attentat qui constituait "une infraction grave mettant en danger l’État", rapporte l’agence dpa. Le Tunisien avait préparé cette attaque à l’époque avec sa compagne allemande, Yasmine H., 43 ans. Sauf que les poursuites contre celle-ci ont finalement été séparées, car les juges ont accusé son avocat d’obstruction à la justice.
Par ailleurs, des preuves accablantes avaient également été retrouvées au domicile du mis en cause, quelques jours après son interpellation, début juin 2018 à Cologne : 250 billes de métal, deux bouteilles de dissolvant à l’acétone, des câbles reliés à des ampoules et 950 grammes d’une poudre grise, mélange de poudre d’aluminium et de substances pyrotechniques, 84,3 mg de ricine et quelque 3 300 graines de ricin permettant de fabriquer le poison. Cette substance, 6 000 fois plus puissante que le cyanure, est mortelle en cas d’ingestion, d’inhalation ou d’injection. Selon la même source, le prévenu avait testé ses effets sur un hamster nain.
Cette peine de 10 ans de prison correspond aux réquisitions du parquet alors que la défense avait demandé une peine de huit ans de prison. Le couple, qui avait prêté allégeance à l’État islamique (EI), mais n’avait pas pu rejoindre ses combattants en Syrie, avait décidé à l’automne 2017 de mener cette attaque en Allemagne. Rejetant l’accusation d’acte terroriste, Sief Allah H. a néanmoins affirmé jeudi que "le jihad n’est pas barbare ; c’est plutôt un devoir dans l’Islam". Quant à ses avocats, ils ont avoué qu’il "est certainement coupable, nous ne le nions pas".